Eclectika - The Last Blue Bird

Si certains groupes préfèrent commencer dans un style "classique" pour assurer (ou parce qu'il n'arrivent pas à sortir autre chose de leurs instruments), d'autres comme Eclectika préfèrent ne pas s'attarder sur ce qui se fait déjà et passer directement à du nouveau. Après tout, pourquoi se faire chier avec l'étape cover-band à perdre son temps : autant se faire remarquer d'amblée. Tiens, jugez plutôt cette pochette : vous vous attendez à quoi ? Alors ? Vous n'en avez aucune idée, hein ? En fait ça tombe plutôt bien puisque Eclectika ne ressemble à rien que vous n'ayez déjà entendu.

Enfin dire que la musique de Eclectika est totalement novatrice serait tout de même exagéré. Disons plutôt que comme le nom du groupe le laissait sous-entendre, le style d'Eclectika est... éclectique (je ne dois pas être le premier à la faire celle-ci) et c'est avant-tout dans son mélange inédit que leur musique trouve son aspect novateur. D'ailleurs, tant que vous n'y aurez pas jeté une oreille, je pense que toute description aura du mal à amener une image concrète dans votre esprit. Pour faire court, les français puisent dans bons nombres de branches du metal ou comment faire cohabiter thrash, death, black, gothique, rock et musique atmosphérique sans pour autant réaliser une bouillie inconsistante. Sacré défi pour un premier album mais le groupe s'est sort plutôt bien. Il faudra donc vous munir de votre plus grande ouverture d'esprit pour vous attaquer à la bête.

Toutefois, n'allez pas croire que tous les morceaux se ressemblent et s'articulent autour d'un seul et même style. Non, "The Last Blue Bird" se compose d'une multitude d'ambiances qui n'a d'égal que l'hétérogénéité des titres. Chacun d'eux contient en proportions différentes, chacun des éléments évoqués plus haut. On y trouve aussi bien des morceaux alternant passages violents et calmes ("Pets of the Hysterical Lord", "Like a Scarecrow in a Humans Field", "The Last Blue Bird") que des titres totalement atmosphériques ("Asylum 835", "Behind Antares") ou d'autres aux sonorités plus gothiques ("Shibuya"). La pluralité de l'instrumentation accompagne bien évidemment l'ensemble, avec en plus du duo guitare/basse, du chant féminin, des hurlements death (très gutturaux) et black (très aigus, j'aime bien), pas mal de claviers et d'effets cosmiques en tous genres (de bon goût) ainsi qu'une batterie électronique bien programmée. Vu qu'un seul homme s'occupe des instruments, c'est un peu normal. A noter au passage la présence d'excellents solos et ça tombe bien parce que j'aime ça moi.

Même si le pari semble plutôt réussi dans la mesure où les compositions tiennent la route, cela suppose que pour adhérer, l'auditeur doit apprécier chacune des facettes proposées, ce qui bien évidemment, n'est pas forcément le cas le plus répandu. Certains ne supporteront pas le chant féminin, ou les hurlements black très aigus ou le côté atmosphérique, ... Mais après tout est-ce vraiment la question ? Eclectika semble se complaire dans l'éparpillement et la démesure, et reprocher au groupe de partir dans toutes les directions serait passer à côté de leur concept musical qui ne se base que sur ça. Reste à savoir s'il y a un public pour ça. Sans doute mais il va falloir aller le chercher et la tâche s'annonce difficile. Moralité, mettre une note ne rimerait à rien : c'est à vous de juger (comme dirait Arlette).

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