Les groupes qui cherchent à casser les moules (
ce qui ne peut se faire que moyennant une certaine rigidité de la vulve) pour expérimenter toujours plus loin remportent quasi systématiquement ma sympathie. Des sonorités, des structures nouvelles: dans le metal ça a toujours du bon, c'est ça qui fait que le genre reste vivant et vivace (
en plus ça fait râler les true-dans-leurs-bottes, ce qui en rajoute dans la jubilatoire je dois bien l'avouer).
Alors quand Keyser – chroniqueur exemplaire mais assez conservateur qui trouve son bonheur à discerner des nuances entre le brutal slammoshing DM, l'ultra guttural TXDM et le slammobruttural MDR – a lapidé ces joyeux pourvoyeurs de «Kazoo Infested Jazz Grind», ça m'a fait un poil mal au derche (
et non pas mal aux poils du derche, celui-ci ayant été épilé pour faire plaisir à $am, grand fou va !). De là je suis rentré en contact avec le groupe, je leur ai dit que Keyser n'est rien qu'un gros réfractaire aux farces osées (
il le préfère plutôt breton que Söze, son far, bizarrement) … La suite est affichée devant vous, à l'écran, ainsi que contée encore un brin au début de la chro de
« By Triage » - eh oui on raconte un peu nos vies sur Thrasho, vous avez sans doute l'habitude maintenant!
C'est vrai qu'une écoute rapide des morceaux disponibles sur le myspace du groupe m'avait parue prometteuse - c'était barré et osé – et l'exposé du genre pratiqué, à base de grind, de jazz et de nawakeries en pack de 24, m'émoustillait plutôt. Aguiché le Cyril qu'il était. Oui mais bon, une démarche positive, un bon esprit et une grosse déconne ne font pas tout. Certes le guitariste sait se faire tricoteur ceinture noire quand il le veut (
0:25 sur « A House Burst », 0:37 sur « Baby Don't Like Our Guitar », « We Tried »). Certes certains morceaux proposent des mélanges risqués qui interpellent (
slow, orgue, black et cuivres Mr Bunglesques sur « Come Dance With Us », hevy black et country pop sur « Good Lookin' Mama », rock bluesy, goregrind et kazoo (?) sur « The Colonic »). Certes, de ces délires ressortent quelques relatives réussites (
le sympathique « Baby Don't Like Our Guitar », le Bunglesque « Come Dance With Us », « Hooba Jabba Jigga Jagger » qui mélange grind, black et crust joyeux …).
Mais bon :
- l'utilisation d'une boîte à rythmes qui fait bien sentir (
qui revendique ?) qu'il n'y a rien d'organique là-dessous, tout en ne proposant pas pour autant d'alternative indus ou électro à la section rythmique habituelle
- le son un peu trop « garage », brut de fonderie (
désaffectés le garage et la fonderie !)
- une propension à la déconne potache qui donne des morceaux très « bonus track à la con réalisé à moitié bourré le soir dans le studio » (
fin de « A House Burst », « Sugar's Pie » … )
- une démarche vraiment trop orientée « je copie-colle à la suite, artificiellement, des parties qui n'ont rien à voir les unes avec les autres, sans souci de créer un truc qui se tienne » qui aboutit sur des morceaux qui sonnent comme des exercices de style assez stériles, d'autant plus qu'ils adoptent le format grind qui tourne autour de la minute.
... ont eu raison de ma bienveillance et de la première bonne impression que je m'étais initialement faite.
C'est ainsi par pur souci de manifester un signe d'encouragement ainsi que ma sympathie quant à l'esprit iconoclaste de ces joyeux lurons que j'accorderai une note au-dessus de la moyenne à cet EP. Mais est-ce une galette accrocheuse ? Sent-on comme un goût de reviens-y lorsque se termine « We Tried » ? Pas vraiment, j'en ai peur …
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20/04/2008 11:23