Souvenirs, souvenirs...quand on m'a proposé de chroniquer le nouvel EP d'Aposthate, une vague d'émotions a déferlé sur moi. C'était il y a cinq ans, je venais d'entrer dans la Thrashoteam et Aposthate faisait partie d'un des mes tout premiers packs promos. Le colis était envoyé d'Italie par Alessandro "Necrotorture" Manco (Necrotorture, Hour Of Penance), si je me rappelle bien, avec une tripotée d'autres groupes ritals tous inconnus pour moi à l'époque. Il s'agissait du premier EP du combo tout juste formé,
First Born Evil. J'avoue cependant n'avoir pas du tout suivi la suite de la carrière de tous ces groupes et ce
Catharsis/Raebellion était donc pour moi l'occasion de me rattraper, tout en rendant hommage au passé. Quelle ne fut pas ma surprise toutefois quand je m'aperçus qu'Aposthate n'avait rien sorti entre
First Born Evil et
Catharsis/Ræbellion. Par chance, je n'avais donc pas raté grand chose!
Cinq ans entre deux sorties, c'est beaucoup. Surtout quand la suite est encore un EP. Mais il y a eu du changement chez les Transalpins puisque le guitariste Azmeroth, un des membres fondateurs du groupe, s'est retiré pour s'occuper de la reformation d'Heretical. Sakar, bassiste de son état, ne fait plus non plus partie du combo, remplacé par K. Adept. Musicalement aussi, on sent que les années ont passé. Plus travaillée, plus professionnelle, la production de
Catharsis/Ræbellion s'avère déjà bien plus audible que celle de son grand frère. Claire et puissante, elle renforce l'impact et la brutalité de la musique mais on lui reprochera d'être trop aigüe et propre pour du brutal death. Même après une bonne dizaine d'écoutes, j'ai ainsi toujours un peu de mal avec elle. Au niveau du style, les Siciliens ont également opéré un petit changement. Moins sombre, le quatuor s'adonne désormais à un brutal death assez moderne et techniquement bien en place. Pensez à un mix entre la scène polonaise et Zyklon sur ses deux derniers albums (notamment pour le chant growlé, c'est flagrant sur "Curses From Backdrop Of Kedron" à 3'39 ou "Iconoclastic Legions" à 1'38). L'accent est clairement mis sur la brutalité frontale avec beaucoup de blast-beats et une vitesse d'exécution moyenne élevée. Mais Aposthate ne fait pas non plus que bourriner et a la bonne idée de varier suffisamment ses compositions pour les rendre relativement intéressantes. On croisera ainsi quelques influences thrash ("Betrayed, Victim, Deviated", "City Of Bloody Flames", "Iconoclastic Legion", "Plague Around The Cross"), des séquences au tempo plus modéré ("Betrayed, Victim, Deviated" à 1'58 avec des spoken words samplés, la sympathique intro lente et sombre de "Catharsis/Ræbellion"...) ou des riffs/passages plus mélodiques comme sur "City Of Bloody Flames" ou "Iconoclastic Legion", l'aspect mélodique étant aussi représenté par quelques soli malheureusement pas assez développés et construits et du coup pas vraiment intéressants (si ce n'est celui de "Curses From Backdrop Of Kedron"). Plus surprenant, l'apparition de claviers au début d'"Iconoclastic Legion" qui suivent une intro atmosphérique. Ca change et c'est plutôt bien fait alors pourquoi pas!
L'intérêt principal du groupe? Une bonne dose de brutalité et quelques bons riffs blastés principalement ("City Of Bloody Flames", "Catharsis/Raæbellion", "Curses From Backdrop Of Kedron"...). Pas suffisant toutefois pour démarquer Aposthate de l'armada de groupes évoluant dans le même style. Le niveau technique des musiciens est très satisfaisant, les influences prestigieuses, ça bourre plutôt pas mal, les passages plus mélodiques sont tout à fait corrects, rien à dire sur le chant grave et puissant bien travaillé, la basse ressort quelques fois ("Plague Around The Cross") mais le déclic ne vient que trop rarement. Trop classique sans doute, trop de riffs jetables, une production pas assez grasse, un aspect moderne pas toujours passionnant (les saccades sur "Plague Around The Cross" vues et revues), des harmoniques sifflées un peu casse-couilles ("Curses From Backdrop Of Kedron"), des tentatives de solo qui auraient mérité d'être approfondies... Aposthate a du potentiel c'est certain et dans l'ensemble,
Catharsis/Ræbellion reste agréable à écouter, mais les Italiens ont choisi un genre où la compétition est bien trop rude pour leurs épaules encore frêles.
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30/07/2010 18:29