chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
124 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Alice In Chains - Dirt

Chronique

Alice In Chains Dirt
Fort du succès un peu inattendu de « Facelift » en 1990 (certifié disque d’or dès la fin de l’année aux USA) grâce notamment au tube « Man In The Box », lui permettant d’ouvrir pour des grands noms comme Van Halen ou Iggy Pop, Alice In Chains se pose dès lors comme l’un des groupes les plus en vue d’une scène grunge émergeante qu’ils ont toujours transcendée. Après un bref détour en studio fin 91 duquel résultera l’EP « Sap » dont nous reparlerons d’ici peu, Layne, Jerry, Mike et Sean s’attellent donc à l’écriture de ce qui restera pour beaucoup comme la meilleure œuvre du groupe et indéniablement l’un des disques les plus marquants des années 90. Toujours produit par Dave Jerden (dont les relations avec Layne deviendront de plus en plus tendues au cours de l’enregistrement essentiellement en lien avec les addictions de ce dernier), « Dirt » est effectivement un vrai petit bijou, émanation divine, aussi sombre que touchante, d’un groupe torturé que la complémentarité des talents finit par totalement sublimer.

Car c’est sur ce deuxième effort qu’ Alice In Chains trouve véritablement sa voie, son identité sonore reconnaissable entre mille alliant sonorités grunge et métal dans un emballage mélodique et vocal rongé par les tourments internes de ses quatre géniteurs. S’éloignant ainsi de l’approche plus rock de « Facelift » le groupe nous montre ici un visage aussi plus bigarré lorgnant tantôt vers un metal plutôt entrainant (« Them Bones », « Dam That River », leurs riffs et leurs refrains intemporels) tantôt vers un grunge musclé et sombre aux mélodies tourmentées (« Rain When I Die », « Sickman », « Hate To Feel », « Angry Chair ») donnant ce ton tellement désespéré à l’album, comme si les paroles de Layne et Jerry ne se suffisaient pas à elles-mêmes. Mais si « Dirt » n’est pas - et loin s’en faut - un album enjoué, il est pourtant parcouru de passages lumineux apportant ce contraste participant à en faire un album sur lequel le temps n’a aucune emprise (le break sublime de « Sickman », le refrain de « Junkhead », celui de « Angry Chair »). Et s’il est difficile – pour ne pas dire impossible – de trouver un défaut à « Dirt », on ne pourra à l’inverse qu’insister un peu plus encore sur certaines compos qui sont de véritables bijoux hors du temps et qui tutoient avec une simplicité désarmante l’idée que je me fais du génie musical, je veux parler en particulier de « Rooster » et « Down In A Hole ». La première étant un hommage vibrant et tellement accrocheur au père de Jerry Cantrell ayant servi dans l’armée US au cours de la guerre au Viet Nam et la seconde probablement l’une des plus belles chansons jamais composées (j’avoue avoir du mal à retenir une petite larme à chaque fois que je l’écoute, pauvre sentimental que je suis). Cet album serait donc déjà grand s’il n’était question que de musique, mais lorsque l’on se penche sur les paroles il en devient incontournable, éclairé alors à la lumière des pires angoisses et souffrances de ses compositeurs.

Mis à part deux ou trois titres, « Dirt » est une plongée dans l’enfer de l’addiction, l’isolement et les souffrances de l’âme. Entre les problèmes d’alcool de Mike et Sean, la dépression qui touchait Jerry (suite aux décès de sa mère et de son ami Andrew Wood – chanteur génial de Mother Love Bone dont je vous vanterai les mérites un jour ou l’autre) et la descente aux enfers de Layne liée à l’héroine, il va sans dire que le groupe ne chante pas la joie de vivre et le fol espoir en l’avenir… Les paroles font plus ici que simplement coller à la musique du quartette, elles sont l’expression même des ces mélodies accidentées comme si le papier n’était qu’un miroir sans teint entre les instruments et les esprits, séparés mais indissociables. Beaucoup traitent donc des problèmes d’addiction (de Layne essentiellement) de manière à la fois crue, désespérée et terriblement poétique (faisant même regretter à ce dernier l’influence qu’elles ont pu avoir sur certains fans y voyant une apologie de la drogue) : « I can feel the wheel but I can’t steer. When my thoughts become my biggest fear. Ah, what’s the difference, I’ll die. In this sick world of mine » (« Sickman ») ; « You can’t understand a user’s mind. But try, with your books and degrees. If you let yourself go and open your mind, I’ll bet you’d be doing like me and it ain’t so bad » (« Junkhead »); « I have never felt so much frustration or lack of self control. I want you to kill me and dig me under, I wanna live no more » (« Dirt ») etc… Et même si « Down In A Hole » a été écrite par Jerry suite à sa séparation avec son amie de l’époque les paroles ont une résonnance toute particulière dans la bouche de Layne à tel point qu’on croirait vraiment qu’elles ont été écrites pour décrire le mal-être dont il souffrait intérieurement (« Down in a hole and I don’t know if I can be saved. See my heart I decorate it like a grave. You don’t understand who they thought I was supposed to be. Look at me now, a man who won’t let himself be. Down in a hole, losin’ my soul. Down in a hole, losin’ control. I’d like to fly, but my wings have been so denied » - glurp - ).

Pas besoin d’épiloguer des heures durant, « Dirt » est bel et bien un immense album, ne souffrant d’aucun défaut, pierre angulaire d’un style dont Alice In Chains n’a jamais réellement fait partie tant leur musique va bien au delà. Treize titres sans temps mort (excepté l’interlude « Iron Gland », clin d’œil à Black Sabbath, avec son featuring de Tom Araya et qui d’ailleurs n’apparaît pas sur le tracklisting) et autant de tubes même si certaines perles ressortent du lot (« Them Bones », « Dam That River », « Rooster », « Angry Chair », « Down In A Hole », « Would ? »). Album sur lequel le groupe trouve véritablement son style : la patte de Jerry Cantrell dont les riffs et mélodies caractéristiques trouvent ici leur apogée, soutenus par la batterie très rock de Sean Kinney et la basse de Mike Starr, et bien sûr la voix incroyable de Layne Staley qui s’impose ici tout simplement comme l’un des meilleurs chanteurs de sa génération. Des titres aux mélodies écorchées et aux refrains magnifiques. L’un des meilleurs témoignages musicaux des années 90.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

21 COMMENTAIRE(S)

AxGxB citer
AxGxB
18/04/2018 22:48
note: 10/10
Fun Fact (sur lequel je viens juste de tomber) :

Track 09 is a parody/tribute to the intro of Black Sabbath's song 'Iron Man'. Tom (Araya) actually says "I Am Iron Gland".
Gabalgabow citer
Gabalgabow
09/02/2014 13:10
note: 8.5/10
Leur meilleur album à mon avis.
Niktareum citer
Niktareum
22/01/2013 12:34
note: 10/10
Merci John.
John citer
John
22/01/2013 11:23
note: 10/10
Très bonne chronique pour un album parfait de bout en bout.
Niktareum citer
Niktareum
20/01/2013 10:56
note: 10/10
le chroniqueur a écrit : autant de tubes même si certaines perles ressortent du lot (« Them Bones », « Dam That River », « Rooster », « Angry Chair », « Down In A Hole », « Would ? »).
Mais ceci dit c'est vrai que je trouve qu'on a trop entendu "Would?", elle a presque fini par m'agacer à un moment.
gregwar citer
gregwar
20/01/2013 08:17
note: 10/10
J'ai découvert Alice avec le clip de "would ?" Sur MesCouillesMusicales en 92 et je suis étonné qu'il ne soit pas fait mention de ce titre dans la chronique. C'est le morceau que je préfère mais l'ensemble de l'album est parfait.
Niktareum citer
Niktareum
19/01/2013 21:30
note: 10/10
Oui moi aussi au début mes oreilles n'étaient pas habituées à ce genre de son alors que j'étais à fond dans Maiden, Metallica, Megadeth et cie... Les mélodies tarabiscotées d' AIC c'était un poil déroutant au début mais au final ouah quel panard ! Il a, au fil des années et des écoutes (mais assez rapidement quand même), acquis le statut de culte chez moi.
AxGxB citer
AxGxB
19/01/2013 20:54
note: 10/10
Pour ma part, c'est un album qui avait du mal à passer à l'époque de sa sortie. Pas assez "catchy" pour mes oreilles de jeune adolescent. Mais avec un peu de persévérence, ce disque est devenu l'un de mes albums de chevet. Il tourne régulièrement aujourd'hui.
lkea citer
lkea
19/01/2013 20:22
gulo gulo a écrit : certains albums de Cure, Joy, The Gault et quelques autres, je peux pas me le permettre trop souvent, et jamais à la légère.

MAIS TELLEMENT (ajoutez Abandon et Leonard Cohen chez moi)

Bon sinon, je dois réécouter ce disque, qui est fort chouette au demeurant, mais pas tout à fait culte comme chez vous.
hurgh citer
hurgh
19/01/2013 20:07
Ho putain, jamais écouté ! je ne connais rien, mais rien de rien de Alice In Chains. A l'époque où c'est sorti j'explorais avec volupté les joies du thrash/death, AIC c'était pour les pd ! Ca me fait envie tout ça, encore un truc à découvrir. Merci M'sieur Thrasho !
gulo gulo citer
gulo gulo
19/01/2013 19:40
note: 10/10
Disons que c'est comme certains albums de Cure, Joy, The Gault et quelques autres, je peux pas me le permettre trop souvent, et jamais à la légère. Oh my ! nous voilà d'un romantique...
TyrannyForYou citer
TyrannyForYou
19/01/2013 15:44
note: 10/10
Tout une époque...
Niktareum citer
Niktareum
19/01/2013 14:45
note: 10/10
Depuis 12 ans? La vache! Moi je dis pas que c'est l'album que j'écoute le plus souvent mais il ressort quand même au moins une fois par an.
Par contre hier, impossible de ne l'écouter qu'une fois, j'ai bien dû me le repasser 3 fois dans l'aprem... Hail
gulo gulo citer
gulo gulo
19/01/2013 12:33
note: 10/10
Oh, je l'ai pas écouté depuis facile10 ou 12 ans. Pas besoin pour savoir la note.
Karamazov citer
Karamazov
19/01/2013 11:24
note: 9/10
Flûte, me suis fais repérer dans l'isoloir. Je monterais bien encore un peu la note mais ça va m'obliger à le ré-écouter et... il est quand même un peu douloureux. Pitié pas maintenant.
gulo gulo citer
gulo gulo
19/01/2013 09:52
note: 10/10
Kara, vous sortez !
Thomas Johansson citer
Thomas Johansson
19/01/2013 09:32
note: 10/10
Ce qui m'a scié à l'époque, c'est leur capacité à enchaîner les refrains à tiroirs sur le même morceau. Bien des groupes se seraient contenté d'une ou deux mélodies mortelles pour pondre un album autour, pas eux!
Niktareum citer
Niktareum
18/01/2013 19:53
note: 10/10
Merci Greg. Clin d'oeil
AxGxB citer
AxGxB
18/01/2013 19:51
note: 10/10
Très chouette chronique. Evidemment, j'adhère à fond. Un album intemporel, comme tu le dis si bien!
Niktareum citer
Niktareum
18/01/2013 19:31
note: 10/10
Oui, pas évident. Ca faisait quelques temps que ça me travaillait... Merci.
gulo gulo citer
gulo gulo
18/01/2013 19:07
note: 10/10
Difficile d'en parler. Tu t'en tires.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Alice In Chains
notes
Chroniqueur : 10/10
Lecteurs : (30)  9.55/10
Webzines : (17)  9.19/10

plus d'infos sur
Alice In Chains
Alice In Chains
Grunge - 1988 - Etats-Unis
  

vidéos
Them Bones
Them Bones
Alice In Chains

Extrait de "Dirt"
  
Rooster
Rooster
Alice In Chains

Extrait de "Dirt"
  
Down In A Hole
Down In A Hole
Alice In Chains

Extrait de "Dirt"
  
Would?
Would?
Alice In Chains

Extrait de "Dirt"
  

tracklist
01.   Them Bones  (02:29)
02.   Dam That River  (03:09)
03.   Rain When I Die  (06:01)
04.   Sickman  (05:29)
05.   Rooster  (06:15)
06.   Junkhead  (05:09)
07.   Dirt  (05:16)
08.   God Smack  (03:50)
09.   Iron Gland  (0:43)
10.   Hate To Feel  (05:16)
11.   Angry Chair  (04:47)
12.   Down In A Hole  (05:38)
13.   Would?  (03:26)

Durée : 57:47

line up
parution
29 Septembre 1992

voir aussi
Alice In Chains
Alice In Chains
MTV Unplugged (Live)

1996 - Columbia Records
  
Alice In Chains
Alice In Chains
The Devil Put Dinosaurs Here

2013 - Capitol Records
  
Alice In Chains
Alice In Chains
Black Gives Way To Blue

2009 - EMI
  
Alice In Chains
Alice In Chains
Facelift

1990 - Columbia Records
  
Alice In Chains
Alice In Chains
Rainier Fog

2018 - BMG
  

Essayez aussi
Jerry Cantrell
Jerry Cantrell
Degradation Trip Volumes 1 & 2

2002 - Roadrunner Records
  
L7
L7
Smell The Magic (EP)

1990 - Sub Pop Records
  
Narrow Head
Narrow Head
Moments Of Clarity

2023 - Run For Cover Records
  
Temple Of The Dog
Temple Of The Dog
Temple Of The Dog

1991 - A&M Records
  
Pearl Jam
Pearl Jam
Backspacer

2009 - Monkeywrench Records
  

Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique