Bestia Arcana - To Anabainon Ek Tes Abyssu
Chronique
Bestia Arcana To Anabainon Ek Tes Abyssu
« To Anabainon Ek Tes Abyssu » est sûrement l'album qui m'a le plus marqué ces derniers temps. Pourquoi ? Eh bien parce qu'il vrille le cerveau. Si avec Nightbringer on avait déjà l'impression d'être dans un gouffre, les membres du groupe ont du se dire : Et si on les emmenait encore plus bas ? C'est une expérience qu'on ne renouvelle pas souvent parce qu'elle est plutôt marquante. On reste bouche-bée en entendant ces riffs dissonants dans une osmose sans pareille. On est frappé par la lourdeur de cette cacophonie en puissance. Et pour finir, on ne résiste pas à cette atmosphère complètement écrasante. Peu importe l'endroit d'ailleurs, en roulant la nuit, ça marche aussi... En plus de ça, la voiture fini même par tomber en panne. Le pire dans tout ça, c'est que cette histoire est vraie.
Bref, Bestia Arcana emporte l'auditeur dans un climat totalement noir. Tout est relatif au chaos : les couches qui se superposent les unes aux autres ne font qu'accroître cette impression. D'ailleurs, dans tout ce tumulte abstrait, il est parfois difficile de discerner certaines choses. En effet, les guitares dissonent toutes ensemble et la batterie martèle puis ralenti. De plus, les cris bruiissant se perdent et laissent parfois place à une sorte de chant rituel lointain...Et en arrière plan, nous retrouvons un bruit permanent qui encercle tout cet ouragan inquiétant. L'auditeur entend une sorte de bruit blanc en fond sur « The Poison of Mannaseh » ainsi que des coups violents qui assiègent ses sensations. Il s'ajoute la basse qui fait corps avec toutes ces détonations. C'est d'ailleurs aussi le cas sur le premier morceau « Cup Of Babylon ».
A propos du premier morceau, les américains ne vous laisseront aucun répit avec ce premier titre. L'album commence fort, très fort...Tout s’enchaîne dans un vacarme chaotique. Paradoxalement, pendant que la musique monte de plus en plus, vous, vous descendez de plus en plus bas. L'auditeur ne peut plus respirer, il fait même corps avec son canapé ou son siège plus le morceau avance. Le vice est même poussé plus loin : ils augmentent par moment le son du morceau et le baisse. C'est d'ailleurs une des choses pour lesquelles je trouve que ce disque est à part. Comme si ce n'était pas suffisant de subir une telle oppression, il faut en plus qu'ils montent le son ! De plus, ces petites fluctuations sonores sont discernables sans l'être trop. Justement, Bestia Arcana choisi de traiter de manière intéressante et de façon plus concrète l'ambiance de ce disque, je dirai que c'est un parti prix intelligent. Ce non-contrôle sur la musique vous fait tourbillonner et le centre de la Terre n'est plus très loin...
Finalement, je me dis que si « Stress » de Justice avait été un titre Black Metal, il aurait sûrement ressemblé à « Shepherd of Perdition ». Il faut savoir que « Cup of Babylon » embarquait déjà l'auditeur dans une spirale sans fin où la vie est inexistante mais vous n'avez rien vu ! Oh que non. Oui, parce que « Shepherd of Perdition » est bien pire que ça. Les guitares tournent en boucle, et vous, vous êtes là en train d'ouvrir la bouche pendant qu'une sorte de fumée noire entre dans votre gorge et vous étouffe. L'auditeur se sent complètement confiné et ces répétitions le conduisent à la folie. En plus de ça, les pauses au synthétiseurs ne sont qu'un leurre et le malaise recommence de plus belle. Tantôt les guitares sont aiguës, tantôt elles sont graves mais elles jouent toujours la même chose en se mêlant les unes aux autres dans une déflagration tourmentée.
Si « To Anabainon Ek Tes Abyssu » ne laisse aucune accalmie les trois quart de l'album, ils nous laisse quand même souffler un peu sur le morceau central «The Pit of Sheh-ohl ». Certes, il nous laisse respirer parce que son atmosphère est totalement ambiante et dénuée de guitare ainsi que de batterie. Nous entendons juste une voix grave, presque inhumaine qui parle. Cependant, c'est une sorte de questionnement qu'il adresse à nous auditeur « Who amongst the perfidious shall find salvation in pernicious descent ? ». Sachant que la tension revient très vite étant donné que le son augmente et les couches de bruits sont de plus en plus forte et vibre dans vos tympans. En fait ce morceau est simplement une différente forme de malaise. On nous fait croire que c'est une pause mais que nenni, ce morceau est là juste pour en rajouter une couche. A mon sens, je pense que c'est encore un traitement intelligent de cet album. Cette pause permet à l'auditeur de ne pas être assailli sans arrêt par la violence permanente de l'album. Finalement, les « un peu plus » de huit-minutes d'interlude ne sont présentes que pour pouvoir faire monter le morceau suivant et celui d'après d'autant plus. Il démarre la montée vers le dernier morceau, qui est l'apothéose de « To Anabainon Ek Tes Abyssu ».
Le point fort de cet album est d'être homogène sur l'intégralité de l'ambiance et tout ça sans être lassant. Les morceaux ne se ressemblent pas, ce qui est plutôt paradoxal me direz-vous. Le jeu sur les sons et les superpositions sont loin d'être absurdes. Finalement, si je parlai dans une autre chronique de Portal que je trouve pas forcément accessible, pour une partie des mêmes raisons, Bestia Arcana est sans doute moins accessible pour un public non habitué à ce genre de tapage sordide.
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10 COMMENTAIRE(S)
citer | Vartruk 13/02/2021 14:35 | note: 8.5/10 | Naas Alcameth pousse le vice encore plus loin ici, dérouté au début par le mixage un peu bizarre qui parait presque aléatoire, au final c'est plutôt bien dosé, et surtout osé. Le terme oppression n'a jamais été aussi vrai, j'ai à chaque fois l'impression d'être enfermé dans un vieux temple, poursuivi par une sorte de bête cauchemardesque, qui va prendre un malin plaisir à me choper, m'écraser et me bouffer...
La plage ambient arrive pile au bon moment afin de nous reposer, pour mieux nous étouffer.
Hormis quelques longueurs (notamment sur cette plage ambient) difficile de trouver un point réellement négatif, je ne l'écouterais pas tous les jours c'est sûr, mais l'oeuvre atteint son but je pense, nous écraser copieusement pendant 40 minutes.
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citer | Je suis d'accord avec toi dans le sens où elle est probablement trop longue. C'est pour cette raison que j'ai pas mis 9 ou 10 d'ailleurs. |
citer | Sérieusement ça vous dérange pas d'avoir un piste (quasiment) vide de 9 min au milieu de l'album ??
Je suis pas contre les passages ambiants ou autres, tant que ça dépasse pas les 1 ou 2 min.
Autre exemple (et il y en a des tas) : le dernier Paysage d'Hiver. Des chansons géniales, une ambiance énorme, tout ça gâché parce qu'entre chaque chanson il faut écouter le vent souffler pendant 5 min minimum. |
citer | Ahaha ! Ça aurait pu être une pochette de Nuit Noire ceci dit !
En plus je viens de capter : Ange format / Nuage format. aha |
citer | Justement, je trouve que c'est plutôt cool d'avoir mis une pause, surtout avec cet album là. J'avoue qu'à la première écoute du disque, ça m'avait un peu gonflée l'ambiant. Mais finalement, je suis plutôt contente maintenant, comme ça je suis pas oppressée 24/24. |
citer | J'ai envie de hurler... POURQUOI ?????????????
Pourquoi est-ce que des groupes géniaux pondent des albums géniaux, et au milieu nous plombent l'ambiance avec des pistes ambiantes de merde ultra longues (comme ici, ou comme dans Filosofem, ou chez Haemoth), ou bien des passages parlés à chier (le dernier Blessed in Sin), ou bien des samples bien trop longs (Neo Inferno 262) et j'en passe...
Ca m'énerve au plus haut point, des albums presque pafaits ruinés à cause de ça ! |
citer | C'est justement le parti-pris du mixage qui fait que ce skeud a une personnalité, je trouve. Le fait de monter/descendre le son, c'est une sacré trouvaille niveau oppression. |
citer | Lu le nom de Nightbringer ça a fait tilt, j'ai écouté. J'aime beaucoup le mélange entre la déferlante d'aiguilles dans les tympans et le gros ralentissement de tempo atmo au milieu du titre. Le mix est un peu suspect tout de même, tout foutre au fond et monter les synthés, faudra s'y faire si je veux découvrir la suite. |
citer | Oppressant oui c'est bien le mot, les deux morceaux nous font descendre bien plus bas que Nightbringer.
Par contre les morceaux 3 et 4 n'arrivent pas à me maintenir aussi bas, l'attention s'égare et on remonte telle une bulle.
Bon heureusement le dernier viens dans l'intention de finir de nous achever. |
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10 COMMENTAIRE(S)
13/02/2021 14:35
La plage ambient arrive pile au bon moment afin de nous reposer, pour mieux nous étouffer.
Hormis quelques longueurs (notamment sur cette plage ambient) difficile de trouver un point réellement négatif, je ne l'écouterais pas tous les jours c'est sûr, mais l'oeuvre atteint son but je pense, nous écraser copieusement pendant 40 minutes.
10/04/2014 17:21
10/04/2014 15:30
Je suis pas contre les passages ambiants ou autres, tant que ça dépasse pas les 1 ou 2 min.
Autre exemple (et il y en a des tas) : le dernier Paysage d'Hiver. Des chansons géniales, une ambiance énorme, tout ça gâché parce qu'entre chaque chanson il faut écouter le vent souffler pendant 5 min minimum.
09/04/2014 22:08
En plus je viens de capter : Ange format / Nuage format. aha
09/04/2014 21:16
http://www.amazon.fr/Anabainon-Ek-Tes-Abyssu/dp/B009SO9T10/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1397070920&sr=1-1&keywords=Bestia+Arcana
09/04/2014 19:39
09/04/2014 15:28
Pourquoi est-ce que des groupes géniaux pondent des albums géniaux, et au milieu nous plombent l'ambiance avec des pistes ambiantes de merde ultra longues (comme ici, ou comme dans Filosofem, ou chez Haemoth), ou bien des passages parlés à chier (le dernier Blessed in Sin), ou bien des samples bien trop longs (Neo Inferno 262) et j'en passe...
Ca m'énerve au plus haut point, des albums presque pafaits ruinés à cause de ça !
08/04/2014 18:52
08/04/2014 12:18
08/04/2014 12:03
Par contre les morceaux 3 et 4 n'arrivent pas à me maintenir aussi bas, l'attention s'égare et on remonte telle une bulle.
Bon heureusement le dernier viens dans l'intention de finir de nous achever.