Il y avait un temps où lorsqu'on écoutait la dernière sortie de Blut Aus Nord, on était à peu près sûr de s'en prendre une dans la tête. Et pas une petite. Une claque du genre de celle que prend le mur Maria dans Attack On Titan. La bonne grosse baffe des familles quoi. En ce temps-là, les disques du groupe étaient tellement massifs, riches et denses qu'on avait l'impression de ne jamais pouvoir s'en remettre. Que ce soit
The Work Which Transforms God,
MoRT ou
Memoria Vetusta II on ne pouvait que s'incliner devant une telle puissance. Nous étions David, ils étaient Goliath et c'est pour ça que nous les aimions de tout cœur. On pouvait encore sentir l'excitation de poser l'oreille sur une de leurs productions il y a peu de temps comme sur cet ambitieux projet qu'était la trilogie 777 qui contenait l'excellent
The Desanctification. Même si quelques disques étaient en dessous, Blut Aus Nord restait à un niveau que peu de groupes atteignent et quand bien même étions-nous déçus (
Odinist,
Sect(s)...), nous restions admiratifs et concédions volontiers qu'un disque moyen de la part du groupe restait un très bon album par rapport à la masse. Cependant, dans leur longue marche d'une lourdeur à toute épreuve, il arrive que les colosses trébuchent probablement aveuglés par la conscience de leur force titanesque...
Car si Vindsval a appliqué une politique de l'auteur impeccable jusque-là, cet EP finit par laisser un goût fade en bouche malgré une démarche louable sur le papier. Jugez plutôt : l'un des labels en activité les plus intéressants fête ses dix ans d'existence en scellant une collaboration avec l'un des meilleurs projets français actuels dans le marbre d'une pochette lunaire, à grand renfort d'un texte emphatique et néanmoins sincère (...ainsi que tronqué dans la première édition du disque, une erreur d'impression qui sera apparemment rattrapée par la suite) !
Debemur MoRTi donne pourtant l'impression que la montagne de cotillons a accouché d'une souris glabre, les trois titres – dont une reprise pas si étonnante (mais plutôt bonne) des industrieux de PitchShifter – offrant un succédanée de Blut Aus Nord à l'A.O.C. trop présente pour donner une saveur particulière à l'échantillon-test. Là, la capitalisation sur les remous cauchemardesques de
The Work Which Transforms God avec un « Tetraktys » à la limite du cliché malgré une lead finale renouant avec le jeu d'ombre et lumière de
The Desanctification. Ici, un « Lighteater » s'essayant à l'entêtant avec ses guitares abrasives caressant un sol extraterrestre des pieds à la tête mais donnant essentiellement l'envie de s'enquiller le deuxième disque de la réédition de
The Mystical Beast of Rebellion... « Compilation de rebuts » paraît décidément un terme approprié concernant cet appendice à l’œuvre principale du projet, son côté anecdotique s'exprimant jusqu'à la précision qu'il n'est qu'un détour à ne pas prendre en compte au sein de l'architecture principale, de l’aveu même du tenant de Debemur Morti.
Là où nous étions choqués par cette chaleur d'âme qui faisait respirer avec froideur les compositions, la machine Blut Aus Nord semble aujourd'hui gelée. Si elle fût autrefois glacée comme une usine désaffectée, elle est aujourd'hui surgelée, conditionnée et propre à la consommation comme peut l'être un surgelé Picard. Un Normand congelé donc, et si la sauce a bien été intégrée au plat préparé, a-t-elle pour autant toujours autant de saveur ? Permettez-moi d'en douter... On pourrait presque imaginer ce qui s'est passé dans les coulisses de ce
Debemur MoRTi. Sans peine nous voyons le boss du label demander à Vindsval s'il ne pourrait pas faire un petit quelque chose et ce dernier de retourner ses tiroirs pour y trouver de quelconques titres oubliés ou jamais publiés. La démarche peut éventuellement être saluée mais ce qui en résulte est une déception. Semblant conçu à l'arrache mais sans le feeling qui lui permettrait d'être impulsif, l'EP se laisse déguster comme un met de piètre qualité, à peine suffisant pour ouvrir l'appétit. Nous sommes devant la première œuvre du groupe qui ne se réinvente pas et la pilule est plutôt dure à avaler...
Sans donner le sentiment que le prochain ouvrage de Blut Aus Nord risque de s’accueillir l'estomac au bord des lèvres,
Debemur MoRTi signe la première véritable déception du projet. Ni bon, ni mauvais, sans caractère particulier, il ne conviendra qu'aux collectionneurs fanatiques avalant la soupe que leur donne Papa sans mot dire. Les nombreux fantasmes que créé la musique de Vindsval laissent penser qu'ils sont nombreux. Aussi, n'y a-t-il plus pour les gens laissés frustrés par cet EP qu'à refermer ce chapitre important pour un label, oubliable pour un groupe et d'attendre une suite d'une autre teneur que celle chroniquée ici. Patience et longueur de temps...
16 COMMENTAIRE(S)
16/10/2019 18:30
15/10/2019 12:15
07/03/2016 06:04
Après c'est un EP anniversaire, ils en font pas cadeau c'est vrai, mais tout à un prix, et personne ne force personne.
J'ai beaucoup aimé cet EP, même ultra de traviole, sans cohérence, à l’arrache comme semble l'indiquer l'enfantement précipité qui fila entre les doigts, je l'écoute en boucle très volontiers, surtout que c'est la face de BAN que je préfère. Je ne sais pas si ils ont fait un effort particulier pour la cover dont la nature m'échappe... je vais pas dire que c'est moche, c'est juste pas interessant. Quand on a pu pondre des covers sublimissimes comme celle de MoRT...
Mais oui, que vient foutre cette parenthèse au milieu d'un œuvre aussi précise que BAN, on peut se le demander... Surtout pour un tel évènement...
15/04/2014 07:01
Magique.
14/04/2014 23:17
14/04/2014 23:16
14/04/2014 18:56
Euh, je ne vois pas dans quelle mesure Blut Aus Nord est un groupe qui se complaît dans un aspect ascétique et encore dans une quelconque forme de régression volontaire ou d'abnégation. On peut éventuellement appliquer ceci a Desanctification ou Cosmosophy qui revenaient sur des bases plus formelles. Cependant, je pense que cet aspect ne doit pas être confondu avec la qualité musicale. Revenir à quelque chose de plus brut n'est pas forcément un gage de qualité selon moi.
Ce parti pris formel n'est la que parce que ce disque est une compilation de titres et non un véritable album, conceptuellement, spirituellement et véritablement fouillé. On est en quelque sorte dans une démarche purement "festive" destinée à faire un cadeau à son label. De plus, le fait de sortir quelque chose de formel peut très bien être vu comme un opportunisme tranchant volontairement avec l'option plus risquée qu'était la trilogie 777, surtout sur ses deux derniers volets, histoire de rassurer les gentils auditeurs un peu trop désabusés.
14/04/2014 18:36
13/04/2014 23:58
11/04/2014 09:27
Que dolor, mis ojos estan sangrando !
10/04/2014 23:33
Ayuda-me, donde esta la majiruana ? Piensa-me cuando suffras. Ariba ariba, speedy gonzalez y manos sobre el coche hijo de puta, cabron. Yo soy el maquina del amor.
10/04/2014 23:00
10/04/2014 22:37
09/04/2014 16:55
Mais c'est vrai que du coup ça fait un peu léger.
09/04/2014 16:37
07/04/2014 09:23