Velnias - Sovereign Nocturnal
Chronique
Velnias Sovereign Nocturnal (Rééd.)
Qui d'entre vous a déjà acheté un album après avoir écouté un seul titre ? Plus encore, sans même avoir posé une oreille ˗ voire un œil ˗ sur un quelconque extrait musical ou teaser, car vous êtes un gros fan du groupe en question ? Mieux ! Qui se déleste tous les mois de quelques euros pour un album choisi un peu au hasard, afin d'atteindre le montant minimum permettant de ne pas payer les frais de port ? N'avez-vous jamais succombé à l'appel d'un sublime et/ou intriguant artwork ? Non ?... Bon. Peut-être avez-vous plus de bon sens que votre chroniqueuse du dimanche, car malgré quelques belles découvertes comme Kraft de Vreid (pris pour la pochette), la compilation In Odium Veritas de Zavorash (la « faute » à une description alléchante du groupe) etc. force est de constater avec le recul que les déceptions sont beaucoup plus nombreuses. Des albums d'une seule écoute qui s'empileront ad vitam æternam sur une étagère ˗ car la flemme de les revendre ˗ disparaissant sous une épaisse couche de poussière. Ainsi dans ce rebut de discographie se trouve Sovereign Nocturnal premier opus des Américains de Velnias.
En effet, pris en format vinyle ˗ paru en 2011 chez les Allemands de Vendetta Records ˗ pour compléter une commande, cet opus a rapidement été rangé parmi d'autres dans une étagère Expedit (R.I.P) ne laissant aucun souvenir mémorable ni désagréable. Et, c'est en flânant dans la rubrique « promo » ˗ le Saint Graal ˗ de Thrashocore à regarder les dernières nouveautés reçues, que le nom du groupe a refait surface via Eiseinwald. Cet autre label allemand spécialisé dans le black metal, prenant de l'ampleur au fil des années, a été des plus prolixe en 2014 avec entre autres la sortie du dernier Agalloch The Serpent & The Sphere (la version CD) ainsi que moult rééditions dont Woman is the Earth mais aussi Velnias. Vient donc une évaluation sommaire de l'opus, via les rares écoutes passées, qui reste assez vague : « Ce n'était pas mal, non ? ». Mais une fois le disque sur la platine et après une écoute des plus attentive, une réponse se dessine clairement se détachant lettre par lettre : « Non ».
Pourtant au vu de l'artwork, des thèmes abordés (la nature et l'atavisme notamment) ainsi que du descriptif musical ˗ un black atmosphérique teinté de folk et parsemé de touches doom ˗ Sovereign Nocturnal avait de quoi en attirer plus d'un(e) et de faire des émules auprès des fans de la scène black des Cascades. D'ailleurs le titre d'ouverture «Into Arms of Oak » ˗ principal intérêt de cet opus ˗ est des plus accrocheur porté par la voix rageuse de PJV et distillant des mélodies aussi mélancoliques qu'enchanteresses. Les nombreuses interludes, quelles soient pachydermiques, éthérées ou plutôt folk, vous feront prendre racine dans l'univers du groupe d'où s'exhalent d'agréables parfums boisés. De même, vous sentez de part les nombreux arrangements et influences que le groupe cherche à s'affirmer en proposant une musique plus originale afin de se démarquer de la masse.
Certes Velnias évolue et effectue un véritable retour aux sources, délaissant par la même les influences de la scène black norvégienne (Windir etc.) fortement présentes dans la demo Pacing the Cyclic Nether. Le ton s'est adouci ici avec un son plus « naturel », moderne et propre ˗ la noirceur étant néanmoins toujours palpable ˗ se rapprochant d'avantage de groupes américains tels qu'Agalloch, Echtra, Alda mais aussi des Anglais de Fen (une pincée de la période 2007-2009), pour ne citer qu'eux. Une quête d'identité qui s'accompagne d'une profonde nostalgie pour un passé lointain et révolu, le trio rejetant cette société moderne avide de nouvelles technologies et toujours plus urbanisée. Un côté originel mis en lumière par des passages plus doom ou folk que vient renforcer une batterie tant tribale que ritualiste. Cependant le groupe a encore du mal à assembler toutes ses idées, délivrant un ensemble assez décousu et approximatif.
Néanmoins un travail conséquent a été effectué pour cette réédition, gommant les plus gros défauts de Sovereign Nocturnal avec une production plus puissante, des corrections dans le jeu de batterie ainsi que de nombreux ajouts et arrangements sonores. Toutefois, si l' écoute est plus agréable, le niveau montant d'un cran, le tout n'en reste pas moins assez médiocre. La faute notamment à de nombreuses longueurs ˗ surtout sur le pénible « Risen of Moor » ˗ où, malgré l'alternance entre passages violents et plus lents, l'auditorat décroche très vite. Car les interludes, de même que les parties atmosphériques, manquent véritablement de relief mais aussi de rythme et difficile en pareil cas de ne pas tomber peu à peu dans les bras de Morphée. Si vous vous éveillez quelque peu lors du titre de clôture, grâce à une introduction assez prenante suivi de quelques mélodies bien senties, l'intérêt va s’amoindrir au fil des minutes. En effet, vous tournez invariablement en rond avec cette fâcheuse impression d'écouter un titre mis de côté par Opeth lors de la finalisation de Blackwater Park.
À défaut de sortir un premier opus mémorable, Velnias a le mérite de vouloir se démarquer ˗ même si cela est fait avec maladresse ˗ par sa personnalité et les diverses influences marquées. Sovereign Nocturnal n'est pas foncièrement mauvais mais dispensable, entrant dans la catégorie « albums passables ». Heureusement le groupe prendra son envol quatre ans plus tard avec un RuneEater ˗ sorti en 2012 ˗ beaucoup plus riche et abouti, récoltant enfin le fruit de ses efforts.
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | le suivant est très, mais alors très décevant. |
citer | Je fais régulièrement chacun des trucs que tu dis... Mais je suis aussi un chroniqueur du dimanche, collègue |
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3 COMMENTAIRE(S)
10/10/2014 20:19
10/10/2014 18:27
10/10/2014 16:42