Eternal Sex And War - Negative Monoliths
Chronique
Eternal Sex And War Negative Monoliths
« Eternal Sex And War ». Wouh putain. Je ne sais pas pourquoi, ni comment mais quand j'ai vu ça au rayon promo, je me suis dit que c'était tellement cool, genre film des années quatre-vingt avec Sylvester Stallone, que ça donnait envie de tirer dans un tas de cyborgs à coup de Desert Eagle et que les italiens qui étaient derrière ce projet devaient être des gros badass déglingués avec un look de tueurs-nés. Un délire complètement Man Vs Wild Vs The World quoi où les mecs se battent et couchent avec tout ce qui bouge en mangeant à l'occase un serpent vivant. Direct dans la bouche, décapitation, incisives.
« Negative Monoliths » en plus, comme nom d'album, ça tue direct aussi. Pan dans tes dents quoi : « Negative », ça connote direct Kickback ou Gehenna donc ça donne un côté foufou par essence. Et puis « Monolith » aussi parce que « 2001 : l'odyssée de l'espace » a apporté sa pierre (ho ho!) à l'édifice du cinéma. C'est tellement occulte, ça inspire tellement de groupe (Monolithe, le Doom de chez Debemur, par exemple) ou tellement de pochettes (Blut Aus Nord, sur la ré-édition vinyle de « Memorie Vetusta I », Cult Of Erinyes sur leur première démo...) donc ça a forcément la grande classe comme projet. Et puis après, j'ai vu la pochette. Bon, ça m'a remis sur Terre assez vite en vérité... Un mélange entre des dragons comme dans une représentation pas très personnelle de Warhammer (ou de « Dragons » de Dreamworks...), un côté crayonné noir et blanc à la Burzum et une grosse touche kitschouille/pas-fine-pour-un-rond qu'on aurait pu voir sur un EP de Seges Findere. Oui, oui, Seges Findere... J'invite ceux qui ne connaissent pas à jeter un œil sur leurs pochettes, histoire de rire un coup. Pourtant, j'ai vu que ce groupe prenant la forme d'un power-trio Black/Thrash était formé en 2001 et avait déjà sorti un disque en 2007. Bon, on s'en fout mais ça prouve qu'ils ont déjà une certaine ancienneté dans le milieu, ce qui n'est pas forcément bon signe...
Bon après, j'ai mis le CD dans le lecteur, je me suis dit que c'était peut-être sympa quand même, même si la pochette était moyenne. Sur l'introduction, Eternal Sex And War s'en tire plutôt bien. Du riff catchy, de la ligne de basse chouette (qui fait penser au meilleurs moments de la chanson éponyme de Gorgoroth), du blast qui déferle bien comme il faut. Un petit sample pour parachever la mise en bouche et je dois dire que l'auditeur est – à ce moment là – plutôt séduit. Mais voilà que déboule « Heretic Reaktor » (bon, par contre, ces mecs ont le sens de la formule rétro-wave, ça c'est clair et net et on ne peut pas leur enlever...) et là l'énorme problème, c'est la voix... Et les arrangements qui tentent malencontreusement d'aller avec. Le pauvre chanteur, on dirait qu'il n'a pas de poumons, c'est assez ennuyeux quand même parce qu'on parvient difficilement à prendre ses parties vocales au sérieux. Pour une fois, ce n'est pas l'auditeur qui a l’impression de s'étouffer mais le vocaliste, il galère mais alors d'une puissance rarement atteinte. On en vient presque à lui conseiller de faire attention et d'aller faire un tour chez le pneumologue.
Dommage, parce que niveau gratouille, le combo italien se défend et sait envoyer du riff traditionnel bien Black Métôl qui ravira à coup sûr le fan du genre comme sur « Hallucinated By The Ungod Of Exile », une piste plutôt réussie et qui fait la part belle à un aspect titre-Kinder-Surprise bien senti. Mais seulement, face à un chant si médiocre et à quelques arrangements bien ridicules (notamment en lien avec les structures des morceaux qui sont rébarbatives au possible, presque sous un format couplets/refrain/breaks), on se laisse décrocher. Ce qui est bien fichu par contre, c'est la production, vraiment tranchante elle fleure bon le son occulte et enneigé d'un Graven sur « The Shadows Eternal Call ».
Malgré ces points positifs, le sentiment qui ressort de « Negative Monolith » est mi-figue, mi-raisin. On ne peut pas constater simplement une absence totale de plaisir car certaines pistes font le job dans le genre mais d'un autre côté on se sent vite lassé par une kyrielles de mélodies et de recettes usées jusqu'à l'os et fort peu enthousiasmantes (les riffs un peu thrash-black de « Endless Dogmatic Demolition » qu'on a déjà entendu mille fois au hasard chez Ampütator, Devastator, Deströyer 666, Aura Noir et compagnie...). Le même constat est applicable à propos des quelques solis en shred qui semblent arriver comme un cheveu sur la soupe. Dommage cependant car on sent tout de même une esquisse de potentiel surtout palpable sur les ralentissements présents dans le skeud où le groupe commence à développer une bonne ambiance. On serait tenté de dire qu'Eternal Sex And War se défend beaucoup mieux sur les (deux) titres longs, privilégiant via ce format une ambiance parfois réussie. Seulement, deux morceaux vraiment sympas, ça fait peu.
Il y a également deux gros points noirs à cette livraison qui pénalisent encore un peu plus le groupe. Le premier est un manque de cohérence entre les titres, ainsi entre une introduction résolument noircie et un deuxième titre plus punchy où encore entre la faille qui semble séparer les titres courts assez tubesques et old-school et les pistes à vocation d'ambiance : on se perd vraiment dans ce « Negative Monoliths » qui donne l'impression d'essayer de coupler deux aspects pas vraiment maîtrisés. La deuxième faille incontestable est un manque de vitesse qui flingue parfois une chanson d'un coup. « Bigotry Of Insects » est, par exemple, vraiment desservi par cet aspect mou du genou. Dommage. Voici un album réservé à ceux qui sont en manque de Black/Thrash et qui ont vraiment faim.
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