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Riot V - Unleash The Fire

Chronique

Riot V Unleash The Fire
Le sort semble s'acharner sur Riot. Non seulement le groupe n'a jamais eu le succès qu'il aurait mérité en sa qualité de précurseur à la discographie brillante mais il a aussi connu son lot de malheur avec notamment la mort de deux de ses anciens chanteurs, Rhett Forrester et Guy Speranza. C'est toutefois en 2012 que les Américains vont se voir infliger leur plus profonde blessure. Le guitariste compositeur et fondateur Mark Reale décède en effet des suites de la maladie de Crohn qui le fait souffrir depuis des années. Un ultime coup dur synonyme de la fin de l'émeute? Non! Avec la bénédiction du père de Mark Reale (et de lui-même avant de mourir), les membres restant décident de continuer. Non sans changement néanmoins. Bobby Jarzombek quitte le groupe, remplacé par un ancien émeutier, Frank Gilchriest (Liege Lord, Virgin Steele), présent sur Army Of One (2006). Idem pour le chanteur Tony Moore dont Todd Michael Hall (Jack Starr's Burning Starr) prend la place. Un deuxième guitariste, le jeune Nick Lee élève de Mike Flintz, est appelé en renfort. N'ayant plus de membre originel dans ses rangs et son maître à penser désormais décédé, le combo choisit par respect de modifier son nom, sans tout jeter par la fenêtre. Les doyens et décideurs Don Van Stavern et Mike Flyntz vont donc ajouter un V à Riot pour signifier le changement. Le chiffre romain V réfère au cinquième chapitre ouvert par l'arrivée d'un cinquième chanteur. Cette nouvelle version de Riot va vite se mettre au travail. On aura d'ailleurs la chance d'entendre au Metal Assault en début d'année un nouveau morceau, "Metal Warrior", qui présageait du meilleur. Fin octobre (fin août au Japon avec le nom Riot conservé pour une histoire de contrat) sort le quinzième album de la formation new-yorkaise, Unleash The Fire. Remarquez bien la pochette affreuse qui marque le retour de la mascotte à la tête de phoque Johnny en mode Prototype 2. Une ancienne tradition pour un groupe qui en faisait sa spécialité dans sa première partie de carrière (allez mater l'artwork immonde de Narita!).

Mais l'important, c'était surtout de savoir si Riot pouvait s'en sortir sans son maître-à-penser Mark Reale. S'il était même pertinent de poursuivre. "Metal Warrior" le laissait espérer. Et il ne fallait pas beaucoup d'écoutes de ce Unleash The Fire pour étendre ce constat à tout l'album. Non, Riot n'est pas mort. Il est triste, blessé mais toujours vaillant. Après presque quarante ans de carrière (formation en 1975 s'il vous plaît!), peu de groupes sont capables de sortir un disque d'un telle qualité. Pas de bouleversement artistique ici, les musiciens ont eu le souci de se servir de l'héritage laissé par Mark Reale. Pas de doute, c'est bien Riot derrière Unleash The Fire, même s'il est écrit Riot V. On retrouve donc tous les éléments qui ont fait la notoriété du groupe post-Thundersteel et de son heavy/power/speed de classe mondiale. En premier lieu, des vrais bons morceaux. Plus en détail, un festival de leads et solos mélodiques plein de feeling qui restent en tête. Un grand coup de chapeau à Mike Flyntz (le second guitariste n'est qu'un simple exécutant) pour cette belle démonstration. Mais aussi des rythmiques enlevées entraînantes typiquement power/speed ("Ride Hard Live Free" en lever de rideau après une introduction mélodique plus posée, "Metal Warrior", "Fall From The Sky", "Kill To Survive", "Fight Fight Fight" et ses chœurs sur le refrain faits pour le live) ou du mid-tempo efficace plus orienté heavy de base ("Bring The Hammer Down", "Land Of The Rising Sun", "Return Of The Outlaw", "Take Me Back" qui devraient donner des torticolis à plus d'un). Sans oublier un certain groove. Il n'y a pas la voix virile et suave de Rhett Forrester mais certaines rythmiques et la basse de Don Van Stavern apportent leur contribution. Et bien sûr des lignes de chant inspirées et mémorables, que ce soit sur les couplets dynamiques ou les refrains catchy. Qui doutait du talent de Todd Michael Hall de toute façon? Pas ceux ayant posé leurs oreilles sur le très bon dernier opus de Jack Starr's Burning Starr en tout cas! Sans surprise, le nouveau frontman se montre donc tout à fait à la hauteur de Tony Moore, même s'il est évident que tout le monde aurait préféré voir l'Italo-Américain prolonger l'aventure tant son nom reste associé au meilleur du groupe, que ce soit le légendaire Thundersteel ou plus récemment l'excellentissime Immortal Soul qui marquait le retour fracassant du combo après cinq ans de silence. Et en parlant de Thundersteel, on retrouve un feeling assez similaire sur ce Unleash The Fire souvent inspiré par le classique de 1988 (on retrouve d'ailleurs une version live assez énorme du title-track en bonus). C'était déjà flagrant sur "Metal Warrior" qui reste le meilleur titre de ce nouveau disque avec ce rythme enlevé et ce refrain brillant qui renvoie aussi à Rock City et son hit "Warrior", du speed avant l'heure (1977!), en reprenant la devise shine on. On la retrouvera aussi sur "Land Of The Rising Sun" et "Immortal".

Car ce Unleash The Fire n'est pas qu'un énième album d'un combo de vétérans. C'est avant tout un album hommage. Hommage à Mark Reale d'abord, qui a une avenue à son nom sur l'artwork. La belle "Immortal" et la poignante "Until We Meet Again" qui clôture l'album sur une touche bluesy émouvante lui sont aussi dédiées. La voix de l'artiste se fera même entendre à la toute fin. Les larmes ne sont pas loin pour qui a été touché un jour par la musique de Riot. Hommage aussi à la carrière du groupe. Plein de petites références en attestent dans la musique et les paroles. Outre les shine on, on pourra citer également un nouveau clin d'œil au Japon sur l'excellente "Land Of The Rising Sun" (Narita et Tokyo Rose cités). Petite dédicace aussi à San Antonio où le groupe avait déménagé au milieu des années 1980 et s'était renommé Narita (avec un certain Dave McClain à la batterie qui sera donc le premier à enregistrer "Thundersteel"!) sur "Return Of The Outlaw". Sur la pochette, une des rues s'appelle "Blood Street". Quant à "Take Me Back", ce morceau old-school transpire la nostalgie, un de mes sentiments préférés en musique. Bref, Riot n'oublie pas, tout en se gardant le droit d'aller de l'avant.

Au-delà de l'aspect tribute qui prend beaucoup de place sur ce Unleash The Fire forcément spécial, que vaut vraiment cet opus parmi la discographie chargée de la formation? Hé bien il n'est pas du tout anecdotique. Je le placerais même parmi mes albums préférés du combo dans un Top 5, 6 ou 7 selon les morceaux. Effectivement, certains titres se révèlent un peu moins bandants que d'autres. Entre autres l'éponyme "Unleash The Fire" et son refrain étonnamment banal. Certaines séquences saccadées ("Fall From The Sky", "Unleash The Fire", "Kill To Survive") font aussi grincer des dents, le groupe valant tellement mieux que ça. Tous les riffs derrière la panoplie de leads grandioses ne s'avèrent pas non plus toujours au niveau (pas mal de riffs un peu trop faciles/simplistes quand on gratte un peu). Et clairement, Frank Gilchriest ne vaut pas Bobby Jarzombek derrière les fûts. Si le bonhomme fait le boulot, le feeling et la technique sont incomparables (utilisation automatique de la double sans grand effort de groove par exemple). Le pauvre n'est, il faut bien l'avouer, pas aidé par un son de batterie plastique sans relief. Voilà d'ailleurs le vrai gros défaut de l'album. La production dénote, que ce soit la batterie ou les guitares, par son manque de caractère, sa mollesse et son rendu synthétique à l'opposé des émotions que Riot cherche à véhiculer. On pourrait aussi reprocher aux membres de tirer un peu trop sur la corde sensible, d'en faire trop dans l'hommage à Mark Reale. Si j'ai pu le penser lors de certaines écoutes, ce n'est pas une critique que je retiens pour le bilan, même si certains le feront sans doute, tout comme le fait de continuer sous à peu près le même nom au lieu d'en changer complètement.

Et au bout du compte, c'est vrai, Unleash The Fire reste inférieur à son prédécesseur Immortal Soul. Défi cela dit bien difficile à relever, surtout sans le regretté Mark Reale. Mais Riot V n'est pas tombé loin et seul quelques détails (production mollassonne, riffs saccadés à revoir, quelques morceaux en-deçà...) l'empêchent de rejoindre son grand frère au panthéon. Malgré ses défauts, Unleash The Fire n'a pas à rougir, même parmi les Rock City, Narita, Fire Down Under et autres Thundersteel. Il reste avant tout un excellent album de heavy/power/speed comme a su le faire Riot par le passé. Ce nouveau full-length est ainsi gavé de solos endiablés, de mélodies incroyables et de lignes de chant mémorables qui en font l'un des meilleurs albums de heavy metal de l'année 2014. C'aurait été même la meilleure sortie si Deaf Dealer n'avait pas décidé de déterrer un enregistrement de 1987 ou si Satan n'avait pas pondu un live best-of pour fêter sa toute première tournée nord-américaine. Voyez le niveau tout de même! Riot a donc eu bien raison de continuer si c'est pour composer de la musique d'une telle qualité. Une musique classe et racée qui ne pourra que combler les fans, sauf les éternels grincheux (dont je ne fais pour une fois pas partie!) qui ne verront qu'un vulgaire cover band sans membre originel et ne feront même pas l'effort d'écouter. Pourtant, Riot V a su transmettre avec brio l'héritage de Riot et de Mark Reale, et ce avec un respect profond et sincère. Et surtout des putain de bons morceaux au feeling rare. Quel vibrant hommage que ce Unleash The Fire! Mark Reale peut être fier!

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1 COMMENTAIRE(S)

Ant'oïn citer
Ant'oïn
10/12/2014 08:06
Excellent album et surtout excellent groupe dans une sorte de culte underground de musique metal populaire. J'ai toujours trouvé Riot bien meilleurs compositeur que Gamma Ray ou même Hammerfall si on ose la comparaison. Les mélodies sont extrêmement présente qui laisse moins de place au rythmique et personnellement j’apprécie beaucoup.

Merci pour l'histoire du groupe que je ne connaissais pas, du coup l'album prend encore de l’intérêt.

Pourquoi le groupe n'a jamais eu de reconnaissance ? Mais enfin cette tête de phoque sérieux... Sourire

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Riot V
Heavy/Power/Speed
2014 - Steamhammer Records (SPV)
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (1)  8/10
Webzines : (18)  8.12/10

plus d'infos sur
Riot V
Riot V
Heavy/Power/Speed - 1975 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Ride Hard Live Free
02.   Metal Warrior
03.   Fall From The Sky
04.   Bring The Hammer Down
05.   Unleash The Fire
06.   Land Of The Rising Sun
07.   Kill To Survive
08.   Return Of The Outlaw
09.   Immortal
10.   Take Me Back
11.   Fight Fight Fight
12.   Until We Meet Again
13.   Thundersteel (live)

Durée : 60'31

line up
parution
22 Octobre 2014

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