Bâton Rouge - Totem
Chronique
Bâton Rouge Totem
Si vous avez aimé Daïtro, vous êtes certainement quelqu'un de bien. Mais, ça veut également dire que vous avez suivi de coin de l’œil la carrière des lyonnais depuis le split qui attrista la planète Screamo. Pas trop compliquée à suivre en fin de compte, puisqu'excepté 12XU, seul Bâton Rouge s'est imposé en projet découlant de la formation française. « Fragments d'eux-mêmes », sorti en 2011 illustrait avec brio ce post-Daïtro plus Punk, plus Indie et finalement plus simplement : Rock. Un bien bon album qui contenait d'épiques moments de gloires (Ah, « Sur Un Banc »...). Revoilà donc la formation dans les starting-blocks avec un tout nouveau disque intitulé « Totem » sorti en 2014.
Si Bâton Rouge est clairement dans l'héritage, voire dans la continuité ou même dans l'évolution de leur groupe précédent, ce n'en est pas pour autant une copie. Là où nous avions du Screamo, nous avons maintenant de l'Emo/Indie et la tendance est affirmée avec encore plus de force sur ce dernier-né. Ceux qui chercheraient en Bâton Rouge des décharges de violences ravageuses, des sons abrasifs et autres hurlements décharnés pourront toujours aller réécouter « Laissez vivre les squelettes ». Comme dirait l'autre, le changement, c'est maintenant – même si ça fait déjà plus de trois ans - et on comprend aisément l'envie des artistes d'explorer de nouvelles contrées.
« Le fixeur » attaque l'oreille sur les chapeaux de roues avec une montée Post-Hardcore - presque Post-Rock - ravageuse et des paroles qui pour le coup rappellent un peu les aînés et qui font un bien fou. Bon, ça c'est mon avis et tout le monde ne sera pas d'accord mais je suis comme ça, j'adore le style d'écriture mi-paumé, mi-chétif. « Personne sait ce que je fais vraiment, à quoi je pense », dit-il d'ailleurs et c'est vrai que les premières écoutes nous donnent un peu cette impression... Qu'est-ce-c'est finalement Bâton Rouge ? Simplement tout et pas grand chose : quelques relents de Noise-Rock, une grosse de louche d'Emo, quelques influences Post et un soupçon d'Indie et de Punk. Un cocktail frais qui même s'il n'est pas forcément novateur, permet au chaland d'être touché en plein cœur et d'y trouver quelque chose de profondément prenant tout en étant très aéré.
La légèreté est un phénomène qui accompagne ce « Totem ». Non pas que le disque soit niais ou peu profond, non, il s'agit d'aisance, voire même de décollage. Les mélodies emportent facilement l'auditeur (« Cours Tolstoï ») et même si le grain des instruments à cordes sait parfois se faire rugueux (« Hypn-O-Sonic »), il reste au service des envolées mélodiques et émotives. Ce nouvel opus est certainement moins épisodique et moins axé sur les tranches de vie que ne l'était son prédécesseur. Il semble en effet plus porté sur le voyage et sur une certaine continuité traçable entre les chansons qui se fondent bien souvent entre-elles. Malgré tout, les deux vocalistes et les textes persistent dans l'aspect narratif (un trait que Daïtro possédait déjà en son temps) et dans les descriptions d'instants et de petites histoires. Seulement, ces dernières font ici partie intégrante du même jour ou de la même nuit.
Je vous vois déjà venir à grand coup de « l'album de la maturité » ou de « le groupe a mûri ». Si musicalement, les compositions sont effectivement plus riches que sur « Fragments d'eux-mêmes », l'ambiance de tristesse adolescente et de sensibilité à fleur de peau est toujours aussi présente. Qu'on se le dise, c'est tant mieux puisque c'est ce qui permet au groupe de rentrer dans l'intimité, dans les souvenirs et dans les images de celui qui écoute, ce qui est la moindre des choses pour ce style de musique. Par contre, je salue l'inventivité des musiciens qui ont pris des risques, notamment avec des patterns de batterie nettement plus complexes tout en restant groovy et grâce a des mélodies de guitares inattendues mais conservant l'aspect catchy qui nous permet d'accrocher (« Train de Nuit »). D'ailleurs, « Hypn-O-Sonic » se paye tranquillement le luxe de captiver notre attention pendant plus sept minutes juste avec quelques variations instrumentales sur une mécanique progressive déroulée avec science et talent.
La production, clean mais conservant un grain métallique, joue son rôle à la perfection ne se privant pas de distiller à l'occasion quelques larsens, jeux sonores et autres aspérités volontaires. Tout ceci évite avec brio d'avoir un rendu sonore sans saveur et contribue à affiner encore un peu plus la personnalité musicale de Bâton Rouge. Assurément, « Totem » rempli largement son rôle et pousse la bande de Lyon dans des sphères où elle n'était jamais allée. Rafraîchissant, beau, doux mais sachant aussi se faire imposant, l'album tient facilement ses promesses. De plus, Bâton Rouge affirmer une deuxième fois sa capacité à avoir tiré le meilleur de son glorieux passé pour le réajuster dans une nouvelle orientation. Bravo, messieurs.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | C'est frais. C'est cool. Merci pour cette découverte ! |
citer | Pour écouter Bâton Rouge, acheter Bâton Rouge, faire une offrande à Bâton Rouge ou faire jouer Bâton Rouge à votre mariage, une seule adresse :
http://batonrougeband.bandcamp.com/ |
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2 COMMENTAIRE(S)
11/01/2015 11:32
05/01/2015 19:18
http://batonrougeband.bandcamp.com/