Cathedraal - Voix Blanches
Chronique
Cathedraal Voix Blanches
On commence à bien connaître le Screamo Français notamment avec ses pontes ayant posé les bases du genre et instauré l'utilisation obligatoire du tréma (Daïtro, Mihaï Edrisch). On connaît aussi la variante légèrement plus Punk et plus sociale en la personne d'Amanda Woodward, la vision Hardcore de Birds In Row. Les errances post-rock d'Aussitôt Mort ou encore la version très énervée de Celeste sur son Pessimiste(s) aux allures de Screamo dopé aux graisses de moteur. On a même été jusqu'au screamo à claviers en la personne de M.O.P.A. Ou carrément au non-screamo de bas-étage avec Tess, un des seuls groupes à avoir obtenu le zéro absolu sur Thrashocore. Bref, question Screamo français, on se débrouille et on peut franchement se gaver de groupes jusqu'à plus soif.
Dans toute cette histoire étalée sur près de dix ans maintenant, Cathedraal a fait ses courses comme au marché en puisant un peu partout des idées et en les fusionnant au sein même de ces dix compositions. D'ailleurs, on extrapolerai même jusqu'à des influences nettement plus tordues, surtout quand les noms de Diapsiquir (dans le phrasé des mots, l'effet sur la voix et cette façon de chanter) ou N.K.V.D (quelques claviers sous-terrains rappelant vraiment la formation de Black Industriel) viennent en tête. La groupe parisien nous livre donc sa vision du Screamo, beaucoup plus torturée et déviante que la moyenne.
Ce qui fait de « Voix blanches » un disque à part tient en plusieurs points. Tout d'abord, on note une kyrielle d'instruments divers, variés et surtout originaux dans le genre. Un coup de violon à gauche (« Sasha »), un piano ici ou là et quelques orgues viennent chapeauter la classique ossature guitare/basse/batterie. Des détails peut-être mais qui font mouche et que l'on retient dès la première écoute. Deuxio, on se rend bien vite compte que les petits gars (dont certains arrivent en provenance du groupe Madame de Montespan) ne composent pas tout à fait de la même manière que les autres. Cherchant souvent la lenteur, les dissonances et quelques influences éthérées, Cathedraal nous sort une collection de riffs franchement marquants et qui contribuent bien sûr au bon déroulement de l'ambiance. Fatalement, le disque s'en trouve changé et oscille entre la terre humide et le trente-sixième-dessous, ce qui est finalement logique avec les caractéristiques de construction citées plus haut. Une volonté d'aller vers le noir, le crade et le poisseux donc, qui fait le sel de la musique des Parisiens.
Et puis après, bon, il y a les textes et là je dois dire que le bât blesse un tantinet. On ne peut s'empêcher de regretter que certaines paroles ne soient pas un peu plus développées. Cathedraal est direct, il enquille les mots presque sans aucune métaphore ou recherche littéraire, ce qui est dommage. Un titre comme « Je l'aime encore » pourtant si touchant aurait sincèrement mérité autre chose que des poncifs comme « Quand tu es partie, j'ai pas compris, je pensais que c'était à cause de moi ». Il suffisait pourtant d'un dictionnaire des synonymes ouvert à la page « rupture » pour que le tout soit nettement mieux ficelé en terme de choix de vocabulaire et, par conséquent, en terme d'émotions délivrées. Néanmoins, ce titre reste malgré ce problème mon préféré du disque. C'est mon âme de fan de Baz Lurhmann qui parle là. Bon, certains morceaux se débrouillent à vrai dire mieux que celui que je viens de citer qui constitue en lui-même la quintessence du cliché.
Même si c'est un tantinet handicapant, je dois bien avouer que ça ne pénalise pas non plus la qualité de l'opus sur le long terme. Certes aux premières écoutes, la pilule est un peu difficile à avaler mais on finit par se faire à cette légère simplicité bien planquée – et heureusement – derrière les instruments. « Voix Blanches » contient sincèrement un très bon quota de moments forts. « Quelque Part à l'Est : Babi Yar », « Des Noms Sur Des Valises » ou « Rouler les Peaux Mortes » assurent des riffs prenants, des mélodies touchantes et des chutes de tension franchement abyssales instaurant un certain malaise bien foutu. Techniquement aussi c'est remarquable, le batteur évite soigneusement de faire dans le cliché et la production prend le parti d'éviter les écueils parfois jusqu'à varier le son des guitares entre deux titres, comme pour mieux coller à l'esprit de la composition. Tout ça aurait pu rendre décousu et chaotique mais Cathedraal n'a pas besoin du son pour être cohérent puisque leur patte transparaît dans les notes, les mélodies et les intonations, signe évident d'une richesse qualitative peu commune.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
2 COMMENTAIRE(S)
citer | Subtil et tourmenté . Assez proche d'Impure Wilhelmina, je trouve, dans ce côté lyrique et guitaristiquement sophistiqué. |
citer | S'écoute et se télécharge gratuitement sur Bandcamp, ce qui est une très bonne raison de plus pour se mettre au Screamo Français.
http://cathedraal.bandcamp.com/album/voix-blanches |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
2 COMMENTAIRE(S)
10/02/2015 09:01
08/02/2015 13:06
http://cathedraal.bandcamp.com/album/voix-blanches