Crimson Swan - Unlit
Chronique
Crimson Swan Unlit
Ils sont cinq, ils sont allemands et ils sont tristes. Ce n'est pas le club des amateurs germaniques de Tourtelle, ni le cercle très fermé des adorateurs du physique d'Angela Merkel, il s'agit d'une jeune formation d'outre Rhin élevée au cafard qui n'aura pris le temps de sortir qu'un EP fin 2012 ("Icon") avant de passer à l'étape du premier album. S'il semble assez évident aujourd'hui de se faire un nom en tuant aveuglément des gens en prétextant un combat de droit divin, ce n'est plus aussi aisé pour les outsiders du doom/death. Crimson Swan aura tenté sa chance, pas sûr que cela suffise.
Aaah ils ont du en bouffer des kilomètres de musique dépressive nos Allemands avant de se lancer dans l'élaboration de "Unlit". C'est simple, on jurerait entendre une sorte de compilation de diverses branches du style, principalement scandinaves, évoquant tantôt les lamentations oniriques d'un Swallow The Sun, tantôt les cris de douleur d'un Shape of Despair, voire Officium Triste dans ce qu'elle a de plus death. Avec de tels ingrédients, difficiles de rater sa recette : Crimson Swan sait de quoi il parle et les différentes influences qui l'animent aboutissent à un résultat plutôt hétérogène en terme d'atmosphères et d'émotions. Tout en restant mélodique et lent, leur style alterne passages atmosphériques et moments plus écrasants, mélancolie et désespoir, donnant à tour de rôle la priorité aux chants clairs masculin/féminin et au piano, aux guitares et aux hurlements gutturaux ; aux côtés des guitares, les claviers se font quasi-omniprésents et apportent du relief ainsi qu'une dimension presque gothique aux compositions. Bien que les morceaux soient longs (le plus court avoisine les huit minutes), leurs structures restent assez linéaires, le combo prenant son temps pour installer ses ambiances ; cela ne lui empêche pas de s'offrent quelques disgressions de tempo salutaires comme sur le titre éponyme.
Crimson Swan est jeune et cela transparaît dans ce premier album, de manière parfois positive, malheureusement souvent négative. "Unlit" retire finalement tout ce qu'il a de beau de sa naïveté, dans ses mélodies, ses choix artistiques... Rien d'inoubliable mais cette candeur réserve quelques belles surprises ("Accusations"). Pour le reste, la marge de progression est encore grande. Le chant clair fréquemment utilisé manque cruellement de personnalité et de conviction, notamment à côté des growls de Simon. Je n'ai pas non plus été convaincu par les claviers dont la présence constante a tendance à atténuer la dureté d'un ensemble qui mériterait d'être moins nuancé. Mais le groupe devra surtout digérer ses modèles pour trouver son propre style, certains titres relevant du plagiat pur et simple ("Voidhaven", c'est de Shape of Despair ?), et également travailler sur son écriture afin que la puissance de ses ambiances permette de conduire son doom/death sans susciter l'ennui. De l'idée, de l'envie, on en ressent à l'écoute de ce premier album et c'est ce qu'on en retiendra à défaut de son contenu. Les Allemands ont besoin de mûrir leur bébé, laissons leur un peu de temps.
| Dead 22 Février 2015 - 431 lectures |
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