Seagrave - Stabwound
Chronique
Seagrave Stabwound
Débutant cette année avec son premier album, le combo autrichien Seagrave entend bien mixer le Blackened Hardcore avec le Post-Rock. Audacieux ? Pas forcément au vu du nombre de formations pratiquant le cocktail Hardcore crado / instants éthérés sur la planète Terre. Cependant, l'avantage de ces petits gars originaires de Vienne c'est qu'ils le font plutôt bien et qu'ils bénéficient de l'appui sans faille d'Art Of Propaganda, label allemand remarqué pour ses sorties de Aosoth, Spite Extreme Wing, Vanhelga, VI ou encore Horned Almighty. De plus si on gratte un peu on se rend compte que'un des bonhommes (nommé J.J.) qui officie derrière Seagrave n'est autre qu'un membre d'Harakiri For The Sky. Autant dire tout de suite que le post-rock, c'est un poil son rayon.
Quid de « Stawbound » et de ses six titres (dont deux en Français, ce qui m'a fait à la base croire que c'était du Screamo...) ? Ce premier opus de Seagrave est classique dans tous les sens du terme. On a notre quota de violence, de riffs Blackened, de ralentissements, de guitares grassouillettes sauce Hardcore et de montées en Delay. D'ailleurs, chaque titre reprend grosso modo la même ossature avec un début en fanfare et des passages plus apaisés sur le final. De même, les morceaux ont tous – enfin presque, le quatrième fait exception - sensiblement la même durée avoisinant les sept minutes et des brouettes. Quelques petits détails permettent de les discerner sans quoi ce ne serait pas forcément l'évidence (« Harvest In June » par exemple, possède un sample parlé faisant écho à des formations comme Lifelover ou Shining, assez friandes de ce genre de procédé).
C'est sûr que ce brave homme a le talent pour créer et arranger des montées bien ficelées qui font mouche à chaque fois et provoquent quelque chose à l'auditeur. Ce que je veux dire par là c'est qu'une guitare étouffée ajustée sur une rythmique lente et accompagnée de petits accords en clean, ça marche toujours (le début de « Manifest XII » en est un parfait exemple). D'ailleurs, si j'ai pensé au Screamo à cause des intitulés, j'en ai également senti quelques réminiscences pendant l'écoute. Quand on y pense deux minutes, du Hardcore + du Post-Rock, ben ce n'est finalement pas très loin de formations comme Aussitôt Mort, Sed Non Satiata ou encore Le Pré Où Je Suis Mort. On retrouve parfois ce genre d'émotions surtout sur les passages dédiés à l'ambiance générale du disque. Alors oui, il y a une sonorité plus crasseuse et des phases de double pédales bien plus prononcées mais ça reste finalement assez similaire en terme de sentiments illustrés en musique.
Une chouille de haine, une grosse déprime et quelques instants où le type se dit « Putain, le soleil sur un champ de blé vers 20h10 en juillet, c'est quand même cool ». C'est globalement ce qui nous vient en tête pendant l'écoute, notamment sur « Pistanthrophobia » ou le chant fait clairement penser à ce style d'atmosphères un tantinet voyageuses, même s'il est bien vite remplacé par un Blast-Beat ou s'empilent des guitares mélodiques. Des recettes simples, un cocktail maîtrisé et il n'en faut pas plus pour que nous prenions un minimum notre pied pendant ce « Stabwound ». Ce premier jet de Seagrave s'écoute avec aisance et même avec un certain plaisir qui se révèle finalement assez vite puisqu'on éprouve déjà quelques sensations sur la première écoute. Techniquement, le tout est relativement au poil et le batteur se permet même quelques petites fantaisies rythmiques servant à éviter au chaland la lassitude habituelle d'un enchaînement Blast/Mid-Tempo. On aura donc droit à quelques jeux de doubles pédale, quelques fignolages sur les cymbales et autres joyeusetés. Rien de bien compliqué mais ça suffit pour permettre d'éviter une impression de déjà entendu...
Enfin ça suffit, ça suffit. Ça devrait suffire en théorie mais je vous avoue quand même que « Stabwound » est malheureusement un peu redondant par instants. Déjà parce que les compositions sont toutes construites d'une manière relativement identique, ce qui empêche fondamentalement notre cerveau de comprendre où on en est dans le disque. Alors bien sûr du coup, c'est archi-cohérent, seulement on a l'impression de faire un voyage en circuit organisé alors qu'on aurait plutôt aimé un Road-Trip nettement plus sauvage. Il manque très certainement à cet album une patte, un grain de folie personnel qui lui permettrait de survoler la concurrence et de s'imposer comme une valeur sûre du style. C'est très joli, c'est franchement bien fait et bien envoyé mais on a tout de même l'impression que tout ceci n'est qu'une très bonne répétition servant à peaufiner le grand show.
Dommage car Seagrave révèle ici un potentiel très prometteur malheureusement desservi par quelques poncifs qui handicapent beaucoup trop l'appréciation générale. Cependant, « Stabwound » reste un album qui fait plaisir et apporte un petit frisson par instant. À n'en point douter, cette sortie fera plaisir aux fans du genre et leur permettra de passer un bon moment. C'est bien, c'est cool et même si ça ne fera probablement pas date, ça ravira le promeneur passant par là et ayant envie d'un disque à écouter le dimanche après-midi.
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