Sect Pig - Self Reversed
Chronique
Sect Pig Self Reversed (EP)
Difficile de recueillir des informations précises sur Sect Pig. Au détour des forums et des informations données par le label Nuclear War Now, tout juste apprend-on que le groupe serait composé de musiciens évoluant dans la scène canadienne. Sont souvent cités les noms prestigieux de James Read (Revenge) ou encore Haasiophis (Antediluvian), mais sans source à l'appui. Yoshiki, patron de l'écurie américaine, affirme simplement qu'au noyau dur des membres se greffe, pour chaque réalisation, de nouvelles têtes afin d'assurer à Sect Pig de nouvelles influences pour enrichir sa musique. Ce qui reste certain, c'est que le combo ne fait pas, et ne fera probablement jamais comme tout le monde. Déjà auteur d'un premier EP, "Slave Destroyed", qui sonnait comme du Blasphemy sous stupéfiants, Sect Pig revient avec "Self Reversed", pièce massive de dix-huit minutes qui reprend les choses là ou elles en étaient restées. La seule et unique piste de ce nouvel effort est pressée sur chaque face de la galette, de sorte à "pouvoir jouer l'enregistrement tout en expérimentant un trip au LSD" (sic). Le décor est planté.
J'aime les formations qui prennent des risques, qui cherchent à se renouveler et à injecter toujours plus de folie dans leurs disques. Les groupes qui prennent le parti de ne sonner comme aucun autre, démarche risquée s'il en est : systématiquement, ça passe ou ça casse. Et c'est là que Sect Pig est intéressant, puisqu'il se situe à l'exact milieu. Il y a du très bon comme du moins convaincant sur "Self Reversed". Je ferai volontairement l'impasse sur l'artwork, comme le logo, qui sont proprement affreux, pour me concentrer sur ce que le groupe nous propose. Si "Slave Destroyed" était relativement "aéré", grâce au découpage des pistes, ce nouvel EP, pour la même durée, est bien plus compact et plus difficile à digérer.
Démarrant par un sample étrange qui résonne, dialogue entre un homme et une femme, "Swine Denounced" attaque les hostilités avec un blast pesant, des vocaux porcins modifiés par des tonnes d'effets, et des riffs presque noyés dans cette masse visqueuse. Le son n'aide pas vraiment à la compréhension de la pièce en général, puisque les parties "purement" Black sonnent très cru, rappelant fortement les compositions les plus salingues d'un Revenge. La voix se mue tour à tour en chuchotements inquiétants, en hurlements hystériques et en grognements incompréhensibles. Si, musicalement, ces passages restent relativement "classiques", c'est lorsque Sect Pig fait des écarts qu'il devient réellement intéressant. Cette reprise du soliloque masculin, à 1:09, sur un fond musical presque apaisant, entre cymbales sous-échantillonnées et clavier distordu, tranche tellement avec la déferlante des riffs précédents qu'elle laisse l'auditeur sur le cul. Ces parties ambiantes, timidement expérimentales, dans la droite lignée d'un Diagnose:Lebensgefahr, viennent entrecouper "Swine Denounced" à plusieurs reprises, aussi bien pour aider à l'immersion de l'auditeur dans un univers dément que pour lui permettre de reprendre son souffle entre deux raclées. On regrettera simplement que la formation cède à une apparente facilité en laissant traîner ad nauseam celle du milieu de titre, durant plus de cinq minutes pour un intérêt musical frisant le néant.
Si les passages blastés restent classiques et un peu ennuyeux, Sect Pig n'hésite pas à ralentir le tempo pour installer l'ambiance cauchemardesque qui se veut les caractériser : à 3:07, le rythme bien plus lent permet aux guitares de dispenser un riff éthéré, inquiétant, impression renforcée par ces larsens insistants que les musiciens laissent traîner sur plusieurs secondes. Le même type de riffing revient à 13:45, sur une rythmique épileptique, pour clôturer "Swine Denounced" sur des guitares plaintives réellement efficaces. Plus que les passages "violents" qui pullulent, c'est sur ces ambiances bancales, un peu trop rares dans une piste aussi longue, que Sect Pig prend toute sa dimension, et s'entoure d'une aura que l'on veut percer, qui nous pousse à réécouter l'EP afin qu'il nous livre toutes ses subtilités.
Globalement, "Self Reversed" est une sortie intéressante, qui a le mérite d'essayer de sortir des sentiers battus. Si les ambiances "horrifiques" tissées par les guitares et les nappes ambiantes sont très bien menées, les transitions, quant à elles, auraient mérité un peu plus de travail : l'EP sonne plus comme un patchwork un peu putassier que comme une piste homogène, ou chaque partie n'arrive pas par hasard. Néanmoins, Sect Pig donne une suite intéressante à son "Slave Destroyed", et mérite qu'on s'intéresse à son cas.
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citer | Extrait disponible sur le Bandcamp de NWN : https://nuclearwarnowproductions.bandcamp.com/album/self-reversed |
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14/04/2015 10:15