XII Boar - Pitworthy
Chronique
XII Boar Pitworthy
Il y a des disques qui nous touchent au plus haut point. Des disques qui s'adressent à nous au cœur en passant par les oreilles. Des disques magiques dont la musique devient aussi marquante que nos plus belles rencontres, vers lesquels on va comme vers un meilleur ami et dont on se souvient avec tendresse quand ils sont loin de nous. Pitworthy n'est pas un de ces disques.
Ben oui, on ne peut pas toujours écouter un album qui change notre vie ! Ce n'est de toute façon pas le but de XII Boar, s'inscrivant visiblement dans le metal visant à faire passer un bon moment. Tapant dans un hommage à Clutch, Pantera (Tommy Hardrocks, chanteur de la formation, doit faire cinq prières par jour devant un poster de Phil Anselmo tant sa voix rocailleuse rappelle celle de ce dernier), voire Heavy Lord dont il offre ici une version « Party Hard », la bite à l'air, le groupe originaire du Royaume-Uni se rêve clairement américain, vénérant le groove raffiné comme la graisse coulant au fond du bac. Barbecue, barbe et cul (cf. les « Bitch » scandés tous muscles dehors sur le morceau-titre) sont les thèmes principaux de Pitworthy, premier album succédant à une flopée d'EPs plaçant les sangliers dans un southern metal tout ce qu'il y a de plus classique.
Une recette éprouvée mais qui fonctionne parfaitement le temps d'une première moitié d'album offrant avec largesse cette beauferie pleine de feeling dont est capable le genre. XII Boar dégoupille les bières sans préambule avec « Sharpshooter » et son sample le présentant comme un catcheur professionnel (vu les quelques plaquages présents sur ce morceau, l'analogie n'est pas volée) jusqu'à un « The Schaeffer Boogie » plaçant les leads des Anglais au niveau d'un Blast Tyrant donnant à la fois envie de tailler la route et s'imaginer rockstar alcoolique à deux doigts du split mano a mano avec son guitariste cherchant à voler la vedette. Cliché, vous dites ? Sans doute, mais étant de ceux assumant sans peine contenir au fond d'eux une petite envie de vivre comme un Sons of Anarchy, ce type de plaisir ne se refuse pas !
Jusqu'à « Crawdaddy Blues », interlude fleurant le rocking-chair et la chique, Pitworthy réussit son affaire de défenseur du southern metal. Les choses se dégradent malheureusement dès « Chicken Hawk » et sa trop grande facilité. XII Boar ne parvient pas à tenir tête aux grands du genre dans cet exercice assez périlleux où les riffs jouent les grandes-gueules tout en devant satisfaire sur la longueur. Si quelques moments restent convaincants (à l'image du début de « Battle Boar » le bien-nommé) et si les acteurs donnent l'impression d'à chaque fois se plonger dans leurs compositions avec un entrain communicatif, l'ensemble souffre d'une sévère baisse de régime jusqu'à tomber carrément dans le mauvais goût avec « Quint », final où se profile un Amon Amarth remplaçant épées et boucliers par des casquettes John Deere et vocalises épiques lancées à la fermeture du bar. Une image ridicule pour quarante-huit minutes s'éventant au fur et à mesure, jusqu'à donner le même état d'ébriété qu'une bouteille d'eau.
Cependant, la capacité de XII Boire (...) à emporter avec lui quand les éléments jouent en sa faveur laisse penser que Pitworthy sera un fantastique prétendant à l'habillage sonore des beuveries des beaux jours pour bon nombre, peu regardant sur la qualité du flacon quand il s'agit d'ivresse. Un album à réserver comme playlist de ces moments où la lucidité est assez houblonnée pour se laisser aller sans chercher la critique systématique, en somme. Dommage, tant il manque peu de chose ici pour passer avec les félicitations du jury l'écoute à jeun.
| lkea 20 Avril 2015 - 455 lectures |
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | lkea 20/04/2015 19:41 | note: 6/10 | gulo gulo a écrit : Y a un proverbe de la "presse musicale" qui dit que ce ne sont pas forcément les meilleurs disques qui font les meilleurs "papiers", il me semble ?
Je ne sais pas mais si c'est un compliment déguisé, je le prends avec plaisir |
citer | Y a un proverbe de la "presse musicale" qui dit que ce ne sont pas forcément les meilleurs disques qui font les meilleurs "papiers", il me semble ? |
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3 COMMENTAIRE(S)
20/04/2015 19:41
Je ne sais pas mais si c'est un compliment déguisé, je le prends avec plaisir
20/04/2015 19:38
20/04/2015 11:21