chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
141 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Tümëur - Gangrène

Chronique

Tümëur Gangrène
Si Internet est incontestablement devenu le meilleur outil en matière de partage et dénichage d'informations mais aussi découvertes de groupes ˗ que ce soit grâce aux différents webzines, réseaux sociaux, blogs, sites de distros et labels, etc. ˗ les autres médias n'en restent pas moins porteurs. Car tous et toutes ne sont pas forcément enthousiastes face à cette nouveauté, cette facilité d'échange ainsi que la consommation de masse qui en découle, tout étant mis à disposition sans grand travail de recherche à effectuer de la part des fans. Un fait se vérifiant surtout auprès de la scène UG (Black Metal plus particulièrement) où beaucoup essaient de garder au mieux cet esprit, en ne donnant que très peu, voire pas, de renseignements, favorisant les petites structures, les éditions limitées ou encore les formats cassette et vinyle. D'où la dimension particulière que revêtent les fanzines DIY. C'est d'ailleurs par ce biais, et notamment une compilation de France D'Oïl Productions incluse avec un chapitre de L'Antre Des Damnés, que j'ai connu Tümëur. Les deux titres de la formation présents sur le CD, à savoir « Je hais le peuple pour notre éternelle bêtise » (Gangrène) et « Mon Désert » (De l'hypnotisme morbide à la sublimation, à paraître), m'ont véritablement accrochée dès la première écoute tant par leur rugosité que leur misanthropie exacerbée.


Accrochée mais aussi touchée par une musique d'un désespoir blafard dont les mélodies puent le spleen à plein nez. Et ce sont toutes ces petites choses qui, mises bout à bout, vont pousser à en entendre et connaître plus. Tümëur est donc un one-man band français formé en 2011 par un homme répondant au doux pseudo d’Éclat Cadavéreux, officiant également au sein d'Humus aux côtés de Dunkel (Drakonhail, Sale Freux, Trou Noir). Des affinités et une confiance des plus fortes qui se cristalliseront, une nouvelle fois, par la production ainsi que la distribution des œuvres du projet, via Les Créations Clandestines et France D'Oïl Productions, gérés par Dunkel. Uniquement disponibles en cassette et en nombre très restreint, sortiront dans l'ordre ˗ sous la bannière de LCC ˗ la demo Calvaire en 2012, suivie des deux longues-durées : Sédition (2013) puis Gangrène (2015). « Je hais le peuple pour notre éternelle bêtise », issu du dernier cité, est le premier morceau à avoir tourné, l'exhumation va logiquement débuter par celui-ci. Une expérience douloureuse où chaque minute entame un peu plus votre moral, passant d'un état d'ataraxie à un trouble profond.


La chronique d'une mort annoncée s'ouvrant sur « Ma Dernière Balle » et son introduction tant cristalline que mélancolique ˗ extrait du requiem de Faure, Offertoire ˗ suivie par brouillard opaque et bourdonnant. Une musique terne qui vous est crachée en pleine face, portée par des guitares grésillantes, une batterie très synthétique et étouffante ainsi que les vocaux extrêmement arrachés, voire maladifs, se transformant en longues plaintes (« Je hais le peuple pour notre éternelle bêtise »). Éclat Cadavéreux semble avoir renfermé dans un écrin de nacre toute sa haine, sa rancœur, son dégoût envers l'humanité matérialisés en une crasse visqueuse. Car au cœur de cette bruine se détache clairement des riffs très mélodieux dégageant un sentiment de fragilité et de nostalgie, fortement influencés par la scène ukrainienne. Les touches classiques ainsi que les passages au piano ˗ sur l'intro de « Je hais le peuple pour notre éternelle bêtise » ˗ accentuent ce côté sur le fil du rasoir et donnent des airs aristocrates à l'ensemble. Flirtant avec le dépressif, Gangrène ne force pourtant pas le trait malgré ses flots noirs arrivant sans cesse, un peu comme dans le fabuleux film Le Feu Follet, dont Tümëur en aurait fait une retranscription musicale mais dans une version rurale et moins egocentrée.


Des petites caractéristiques auxquelles vous pouvez ajouter le parti pris du chant en français, la voix particulière d’Éclat Cadavéreux ainsi qu'une production des plus raw ˗ que n'aurait pas renié les Légions Noires ˗ permettant à Tümëur de se démarquer et ne pas être une énième copie du Drudkh des premières années. De plus, les temps morts sont inexistants sur Gangrène, exempté de passages low tempo, ambient ou atmosphériques s'étirant à l'infini. Pourtant les titres sont relativement longs ˗ plus de huit minutes pour « Ma dernière balle » et « Je hais le peuple pour notre éternelle bêtise » ˗ mais le groupe ne desserre jamais l'étau. Malgré le malaise ressenti à cette agression sonore et des propos très négatifs, les lignes de guitare épiques couplées avec de petits arrangements bien sentis vous ensorcellent au gré des minutes. Toutefois, l'intensité va malheureusement aller decrescendo sur la face B. Vous sentez sur les deux derniers morceaux, « Mourir de vivre » et « Le présent reste le passé », un manque de variation avec notamment des riffs plus redondants ainsi que des influences trop marquées. Un petit bémol qui n'entamera cependant pas l'appréciation globale de cette œuvre ni même l'écoute.


Cet esthète, amoureux des belles lettres, déploie avec aisance ses diverses passions afin de créer un univers musical des plus racé où se côtoient misanthropie, désespoir, majesté mais aussi déraison, brutalité et saleté. Une atmosphère d'une sobriété glacée, brute et aride à l'image de l'artwork en noir et blanc ˗ les falaises sauvages et magistrales d'Étretat défilant sous vos yeux. Une découverte miraculeuse et rafraîchissante sortant des réseaux souterrains qui vient défier, malgré elle et de façon très inégale, les blockbusters. À suivre !


« Mon existence est une campagne triste où il pleut toujours. » Léon Bloy


DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

1 COMMENTAIRE(S)

Dysthymie citer
Dysthymie
20/05/2015 11:18
Le lien Youtube comporte les deux derniers titres de Gangrène.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Tümëur
notes
Chroniqueur : 7.5/10
Lecteurs :   -
Webzines :   -

plus d'infos sur
Tümëur
Tümëur
Black Metal - 2011 - France
  

formats
  • CD / 2013 - Autoproduction

tracklist
Ma dernière balle
Je hais le peuple pour notre perpétuelle bêtise
Mourir de vivre
Le présent reste le passé

Durée : 42 minutes 25

line up
parution
29 Avril 2015

voir aussi
Tümëur
Tümëur
Sédition (Rééd.)

2013 - France d'Oïl Productions
  

Essayez aussi
Gaua
Gaua
Feeble Psychotic Vortex (EP)

2018 - Altare Productions
  
Slidhr
Slidhr
The Futile Fires Of Man

2018 - Ván Records
  
Leviathan
Leviathan
Scar Sighted

2015 - Profound Lore Records
  
Hate Forest
Hate Forest
Battlefields

2004 - Supernal Music
  
Marduk
Marduk
Serpent Sermon

2012 - Century Media Records
  

Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique