Ami lecteur, je dois avant tout te remercier. Moi qui avait perdu foi en l'exercice chroniquatoire, hésitant entre arrêter ou me remettre au death metal, tu m'as montré le chemin. En arrivant 8e au
grand sondage de la team, devant des nanas bien roulées, un fan de Guns'n Roses et des amateurs de black metal chelou, tu m'as témoigné un manque et je l'ai entendu. Ami lecteur, toi qui as toujours raison, toi qui fait nos joies et nos peines, réjouis-toi : cet été, Thrashocore t'offrira ce qu'il faut de décolletés plongeants, de string ficelle et de gémissements primaux. Et ça commence maintenant.
Bon je vous l'accorde, on a connu plus frais et sexy que Bridge, de quoi rester sceptique au premier abord. C'est vrai quoi,
"Quel serait l'intérêt de prendre une gonzesse dans un groupe de metal si ce n'était pas une bombe ?" comme dirait Michael Amott. Alors que j'allais passer à autre chose, je me suis rendu compte qu'elle avait une mèche violette ; je me devais alors d'écouter, au moins pour l'effort capillaire. Voilà qui m'amène à vous parler de ce trio en provenance de Boston dont la formation remonte à 2009 et de ce premier album au visuel léché, succédant à un EP "Blue Sky All Day" sorti 5 ans plus tôt. On a connu moins fleur bleue et plus prolifique certes, mais notre triplette fait bien de prendre son temps, surtout si le résultat aboutit systématiquement à un truc à la hauteur de ces 40 minutes.
InAeona propose un mélange assez inhabituel dont l'association coule finalement de source. En combinant la dureté et la crasse d'un metal industriel avec l'espérance mêlée de regrets d'un post metal moderne, leur musique vous offre un ticket en première classe pour l'espace, loin d'un monde agonisant dans sa pollution. La formule est simple et puise sa force dans la démesure de ses contrastes caractérisés par les oscillations entre passages atmosphérique et accès de violence, guitares aériennes et rythmiques écrasantes, mais également par la confrontation perpétuelle des instruments et des effets en tous genres. Frontal et omniprésent, l'électronique fait toute l’atmosphère de cet album. Le combo maîtrise le sujet à merveille et accorde à son bébé une ambiance spatiale futuriste dont la puissance et la beauté glacée m'ont rappelé le premier Atoma, une référence en la matière pour moi. Ce qu'il semble rester d'humanité dans ces neuf pièces repose alors sur les frêles épaules de nos trois voyageurs, visiblement derniers rescapés de leur espèce. Chaque instrument s'apparente ici à un cri lancé dans le vide intersidéral, noyé dans une bouillie digitale que la production s'amuse à déformer. Le matraquage de fûts de James, la basse vrombissante de Dave ("Bright Black" putain!), l'épluchage de cordes de guitare et de cordes vocales de Bridge, tout passe à la moulinette, un choix artistique jusquauboutiste contestable mais dont le rendu m'a conquit.
Bien que le groupe ait tendance à se répéter dans ses structures et ses effets de style, "Force Rise the Sun" ne vous laissera pas le temps de vous ennuyer. Chaque titre réserve son lot de temps forts, qu'il s'agisse d'un break, d'un refrain, d'un passage atmosphérique et l'ensemble conserve une cohérence qui vous maintiendra dans cette ambiance triste et oppressante jusqu'aux derniers hurlements de "Skywatcher". Et puisqu'il faut bien les évoquer ces hurlements, en ce qui me concerne, c'est l'unique point faible de ce premier effort. Loin d'être mauvais, ils pêchent principalement par leur manque de diversité et par un phrasé hardcore qui ne colle pas toujours avec le reste. Dommage car les capacités vocales de Bridge paraissent bien plus vastes qu'elles nous le montre ici. Mais que cela ne vous freine pas, vous passeriez à côté de bonnes grosses mandales sonores comme seuls les Etats-Unis savent en produire. S'il ne fallait en citer que quelques unes, je dirais sans hésiter la surpuissante entrée en matière "Bright Black" et son break, l'écrasant et reposant "Sun Moon", le galactique "Empty Now" et la poignante conclusion "Skywatcher" aux faux airs de Clint Mansell. Sans doute pas l'album de l'année, juste une excellente découverte qui mérite votre attention. Et ce n'est pas si courant.
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15/07/2015 09:55