En pilotage automatique depuis la sortie d’
Ithyphallic en 2007, Nile semble avoir bien du mal à retrouver sa toute-puissance d’antan (malgré un très bon
Those Whom The Gods Detest). Il faut dire que le groupe peine depuis déjà quelques années à se renouveler, ayant fait le tour de son concept lié à l’Egypte antique. Toutefois, c’est surtout sa capacité à convaincre qui est mise à mal depuis maintenant presque dix ans. La faute à des riffs dont l’efficacité en dent de scie vient plomber la dynamique de ses derniers albums ainsi qu’à des choix de productions hasardeux. Un constat un peu difficile à avaler mais pourtant on ne peut plus vrai, notamment depuis la sortie de son dernier album
At The Gate Of Sethu.
Par conséquent, on ne peut pas dire que j’attendais avec beaucoup d’impatience son successeur. Intitulé
What Should Not Be Unearthed, celui-ci ne laissait rien présager de particulier si ce n’est une énième plongée dans la mythologie égyptienne dans laquelle Nile puise depuis ses débuts. Il aura fallu attendre la mise en ligne de deux extraits ("Call To Destruction" et "Evil To Cast Out Evil") pour se laisser aller à imaginer un retour digne de ce nom.
Pour commencer, levons le voile sur la qualité de la production de ce huitième album (point noir de son prédécesseur). Sans surprise, celui-ci a été enregistré aux Soundlab studios (batterie) ainsi qu’aux Serpent Headed studios. Et si Neil Kernon est une fois de plus crédité sur l’album, il n’est responsable ici que du mixage et non de l’enregistrement ou de la production comme ce fût le cas auparavant. C’est donc le groupe lui-même qui s’est chargé de cette tâche pour un résultat tout à fait concluant, renouant ainsi avec la puissance d’un
Annihilation Of The Wicked ou
Those Whom The Gods Detest. Nile aurait-il écouté les nombreux reproches concernant la production bien trop propre et maigrelette d’
At The Gate Of Sethu? Il semblerait bien que oui car guitares et batterie retrouvent enfin un son digne de ce nom avec en prime pour George Kollias un trigge bien moins gênant sur les parties blastées.
Une bonne nouvelle rapidement accompagnée par la confirmation que j’attendais, à savoir que
What Should Not Be Unearthed se révèle bien meilleur que son prédécesseur. Sans pour autant égaler le niveau d’un album comme
Annihilation Of The Wicked, on retrouve un Nile bien plus inspiré et conquérant qui, sans changer quoi que ce soit à sa formule, nous offre de vrais bons moment de Death Metal techniques et véloces à la fois. Car, et c’est une autre bonne nouvelle, le trio ne semble pas décidé à vouloir lever le pied. Au contraire, ce nouvel album se montre même particulièrement frontal quitte à laisser un peu de côté l’aspect souvent plus complexe caractérisant généralement ses compositions. On le remarque dès "Call To Destruction", un premier morceau au titre évocateur qui tape vite et fort en toute décontraction. Certains crieront probablement au scandale en reprochant à Nile d’avoir céder à une certaine facilité. Et même si cela est (un peu) vrai (bien que le groupe se soit déjà fendu auparavant de titres simples et efficaces), on ne peut pas contester la dextérité et la rapidité avec lesquelles sont exécutés une fois de plus ces nouveaux morceaux. Entre le jeu redoutable d’un George Kollias toujours en très grande forme, enchaînant ainsi les blasts avec une aisance insolente (quelle précision!) et le duo Sanders / Toler-Wade dont la capacité à tricoter des riffs plus ou moins tarabiscotés demeure intacte,
What Should Not Be Unearthed n’a rien du parcours de santé.
Les guitares ayant repris leur droit grâce à une production bien plus adéquate, on pourra ainsi apprécier la qualité des riffs d’un Nile en mode "retour gagnant". Quelques écoutes seront alors suffisantes pour se laisser embarquer par ces riffs chauds et abrasifs évoquant tour à tour ces Dieux égyptiens impitoyables et sanguinaires, ces pyramides remplies d’horreurs et de mystères insondables, ces paysages désertiques vicieux... Même lorsque l’intensité faiblit le temps de séquences mid-tempo écrasantes marquées par le growl d’une profondeur abyssale d’un Dallas en pleine maitrise de son art, les riffs lancinants continuent de nous tourmenter comme par exemple sur "Age Of Famine". Un titre qui derrière sa relative redondance cache à mon sens une certaine puissance et révèle le caractère épique et guerrier d’un Nile extrêmement menaçant malgré la retenue dont il fait preuve durant ces quatre minutes. Quant aux nombreux solos, ils sont une fois de plus d’excellente facture et possèdent surtout cette force évocatrice ainsi que ce côté épique qui viennent compenser l’un des seuls petits points noirs de cet album, à savoir la quasi-absence d’instrumentation d’origine égyptienne. Ainsi, à l’exception de "In The Name Of Anum", la dernière partie de "What Should Not Be Unearthed" et "Ushabti Reanimator", titre instrumental qui revisite le thème menaçant de "Stone Of Sorrow" sur
Amongst The Catacombs Of Nephren-Ka, il n’y a pas beaucoup d’autres témoignages sonores de cette Egypte antique si chère à Nile (si ce n’est quelques gongs très discrets). Dommage car cela apporte toujours énormément de cachet à la musique des Américains en offrant à l’auditeur la possibilité de voyager des siècles et des siècles en arrière.
Après l’échec relatif d’
At The Gate Of Sethu, Nile semble vouloir redresser la barre grâce à un nouvel album sensiblement plus bas du front. Un choix concluant tant
What Should Not Be Unearthed procure beaucoup plus de plaisir à l’écoute que son prédécesseur notamment plombé par une production incompréhensible de la part d’un groupe de ce calibre. Le trio (depuis rejoint par un jeune bassiste du nom de Brad Parris) n’a donc pas changé son fusil d’épaule mais a simplement souhaité revenir sur ses fondamentaux qui ont fait son succès en alliant toutefois la lisibilité d’une production plus léchée et moins dense. Bien que ce dernier album n’égale pas le niveau d’intensité d’un
Annihilation Of The Wicked devenu depuis l’album incontournable dans la discographie des Américains,
What Should Not Be Unearthed risque bien de permettre à Nile de réclamer à nouveau sa place sur le trône des groupes de Brutal Death. Espérons maintenant que le groupe arrive à maintenir le cap sans jouer au yo-yo comme il le fait depuis 2007.
6 COMMENTAIRE(S)
14/11/2016 22:46
14/11/2016 22:39
10/10/2015 14:51
En tube il y a aussi le morceau final qui est une grosse mandale et j'adore "The Age of Famine" et ses riffs bien sombre et rampant. Bref, je l'ai écouté une bonne vingtaine de fois si ce n'est plus (comme chaque album de Nile si ce n'est At The Gates qui est assez mauvais dans l'ensemble) et c'est du bon Nile qui va tenir sur la longueur, tout comme TWtGD qui est probablement mon deuxième album préféré de Nile après Black Seeds of Vengence.
16/09/2015 09:30
Grosse prod, certainement la plus brutale et massive de l'histoire du groupe (normal avec le temps et les moyens) pas désagréable. Mon plus gros déplaisir ici est que certains morceaux semblent garder la même structure générale : début en trombe, ça va vite, passage mid tempo avec Kollias qui ne demande qu'à accélérer tellement ces passages doivent le faire chier, ça repète et hop fin... Efficace mais... ça donne une impression qu'on écoute plusieurs fois le même morceau... lourd.
Rape of the Black Earth, Evil to Cast out Evil et In the Name of Amun sont les titres qui sortent un peu du lot.
15/09/2015 22:54
Alors ok y'a pas LE morceau culte comme Unas ou Annihilation of the Wicked, mais putain ça fait du bien de se prendre des titres rentres dedans bien dégueulasses avec un son catacombesques. Cet album est bien meilleur qu'Ityphallic et ne parlons même pas d'At The Gate of Sethu qui est une merde sans nom (en tout cas au niveau du son).
Et en live ça défonce !
15/09/2015 16:56