La voix dans le sludge, ça peut faire pas mal de choses. Des choses proches du miracle comme a (presque) pu me le montrer ce nouvel essai de Love Sex Machine, arrivant cinq ans après
un premier longue-durée qui m'avait laissé de côté à l'époque. Et la voix dans
Asexual Anger est parfaite : stridente, congestionnée par la haine, écorchée au possible, elle éteint toutes mauvaises intentions à l'encontre de l'album à elle seule. Pfouah.
Mais je dois avouer que, passée cette rencontre réjouissante, l'envie de faire un copier/coller de ma chronique précédente concernant les Français est grande. Love Sex Machine continue d'être ce groupe bien de son temps, arrêtant trop son envie de destruction à des thèmes, une imagerie et un attirail taillés pour la violence. D'une sexualité indéfinie, il ne cesse de se situer entre sludge et post-hardcore, apportant à ces genres la petite influence black metal courante actuellement. Si la production massive ainsi que des riffs drus marquent dès les premières mesures du morceau-titre et « Drone Syndrome », ses compositions à l'hermétisme affiché s'enroulent et se déroulent avec une linéarité qui, personnellement, finit par avoir raison de mon endurance (notamment durant « Devolution » et « Atrocity »).
Il y a pourtant de quoi s'emporter ici ! Contrairement à son prédécesseur,
Asexual Anger fait preuve d'une envie de bien faire qui pousse à vouloir compter avec les Lillois à l'avenir, malgré un rendu laissant un peu entre-deux au niveau de l'appréciation. Au-delà de ce chant fabuleux (pardon d'insister, mais rien que pour les flashs de Indian et Thou qu'il m'a fait entrapercevoir, je ne regrette pas d'avoir écouté ce disque), Love Sex Machine possède des atouts montrant qu'il ne lui manque que peu de choses pour devenir un nom à retenir dans la scène, à l'image de ce batteur que l'on croirait exfiltré d'un groupe industriel, sa frappe sèche, autoritaire sans trop forcer, élevant les compteurs vers le haut à chaque titre.
Peu d'éléments discutables à véritablement pointer du doigt ici au final, Love Sex Machine parvenant à éviter la caricature malgré un son qui doit beaucoup à Black Sheep Wall, Will Haven, The Abominable Iron Sloth ou encore Admiral Angry. Doté de qualités évidentes, il ne lui reste qu'à accentuer ce début d'ambiance que l'on sent poindre le long des quarante-deux minutes de
Asexual Anger, cette atmosphère froide, terne, moderne mais qui, pour le moment, ne parvient à prendre corps (aucune blague sexuelle voulue là-dedans, promis !) que lors de quelques passages (« Infernal Spiral » par exemple, clairement au-dessus du lot). À réserver en priorité aux amateurs de sludge en manque de nouveauté donc, encore que l'année leur réserve d'autres beaux cadeaux, dont un sous peu : Seven Sisters of Sleep sort un nouvel album. Alléluia !
3 COMMENTAIRE(S)
04/04/2016 14:17
mais quand même bien plus pernicieux et moins redondant que son prédécesseur. et parfaitement équilibré ( oui, peut-être trop, c'est ça?..
02/04/2016 01:37
01/04/2016 22:29