On le sait, la musique cristallise bien souvent nos modes de vies, nos pensées et l'évolution de notre société. Et, en ce sens, la carrière des toulousains de Plebeian Grandstand est particulièrement évocatrice. Comment le groupe signé chez Throatruiner Records est passé du Hardcore cru et direct qu'il proposait sur
« How Hate Is Hard To Define » - au titre ô combien évocateur, vous en conviendrez – à ce Black Orthodoxe maîtrisé et clairement d'obédience Deathspellienne qui caractérise ce « False Highs, True Lows » ? Ce qui est clair – et c'est pourquoi j'évoquais plus haut le côté dogmatique du titre de leur premier LP -, c'est que la haine est toujours le vecteur qui anime notre quatuor. Comme l'a très justement dit le collègue Ikea : « ce disque, c'est un peu « Paracletus » qui se serait finalement intitulé « Infarctus » ». Il y a en effet de ça, pour sûr...
Là où
« Lowgazers » naviguait un peu en eaux troubles, ballotté entre réminiscences Celestiennes et errances Orthodoxo-Math-Black, le Plebeian Grandstand édition 2016 a su ôter toute influence -core pour ne conserver que son autre versant. En terme purement musical, ce « False Highs, True Lows » est donc un disque de Black Metal Français, qu'on rapprocherait franchement de Deathspell Omega ou Merrimack période « The Acausal Mass ». Le jeu de guitare, clairement inspiré du fameux trio poitevin fait d'ailleurs la part belle aux petites finesses Math, aux dissonances assumées en fin de mesure, aux blasts-beats épileptiques et à une tonalité de basse à en décorner un bœuf. On sera d'ailleurs frappés par la ressemblance musicale dès le premier « vrai » morceau intitulé « Low Empire », emboîtant le pas à « Mal Du Siècle », court requiem introductif à base de trompettes de l’apocalypse toute voiles dehors.
Un peu à la manière de leurs collègues de The Rodeo Idiot Engine, qui avaient exprimé leurs souffrances sur un « Malaise » des plus réussis, Plebeian Grandstand explose, vomi, pleure, détruit, déconstruit ses émotions au sein des huit morceaux qui composent ce dernier né. Tout y est maladif, déstructuré et – surtout – profondément rageur sur la vie moderne, son confort et son apparente platitude. Socialement « engagé » malgré une sobriété relative qui leur évite l'écueil du groupe militant, les titres des morceaux sont pourtant explicites dans leur haine du mode de vie actuel (« Mal du Siècle », « Eros Culture », « Low Empire »...). Il paraît évident dès les premières écoutes que « False Highs, True Lows » démontre qu'un cap a été passé, autant en terme de compositions que d'ambiances mises en place. On notera d'ailleurs cet artwork rouge profond, tranchant totalement avec le noir et blanc du précédent et rappelant à notre bon souvenir la pochette de l'album de
Neo Inferno 262.
Plebeian Grandstand fait son chemin et propose curieusement une atmosphère religieuse réussie sans en aborder les thèmes dans les textes. On se retrouve donc nez-à-nez avec un disque d'orthodoxe athée mais profondément bercé par un mysticisme palpable. Comme si la spiritualité de la formation avait été muée en une sorte de fanatisme sociétal dégoûté, blasé et noirci. Toujours produit par Amaury Sauvé, l'album prend un malin plaisir à sonner comme trois bouts de fer rouillés jetés dans le crâne de l'auditeur. Ce sentiment de production « goudron » comme on peut l'avoir chez Celeste ou chez This Gift Is A Curse est présent ici, avec une basse accordée dans les chaussettes et des guitares poisseuses, coulantes, remémorant à notre palais la saveur d'un camembert luciférien resté trois ans dans un frigo débranché.
« False Highs, True Lows » donne férocement l'impression d'un Black urbain, exécuté sous Speed, gonflé de stroboscopes et d'églises de bois flambées au Cognac. Plebeian Grandstand sort un disque compliqué mais qui ne peut définitivement pas cacher longtemps son amour de la bestialité et du primitif. Décharges sur décharges, surchauffe permanente, batteur en feu et dérapages incontrôlés sont au rendez-vous, sans confort, sans préavis et c'est ce qui fait de cette nouvelle sortie des toulousains un indispensable de ce début d'année. Ravageur et habité, le dernier-né de Throatruiner ne s'appréhende pas, il se subit et maîtrise habilement ses surprises distillées dans chaque titre.
8 COMMENTAIRE(S)
09/09/2016 11:43
09/09/2016 11:21
Bon j'ai pas écouté 100 fois mais...
beh je trouve pas ça si extra que ça.
Au bout d'un moment, y a ptêt un ptit abus de l'utilisation de ces arpèges dissonants, nope ?
Quasi pas un riff qui ne présente ce genre de motif... et si on enlève ces enluminures baroques, franchement les riffs en question m'en bougent une sans réveiller l'autre.
Voir je me fais carrément chier.
Dommage.
Ça a l'air méchant, mais ça se révèle assez inoffensif pour ma part.
31/03/2016 11:25
30/03/2016 11:09
14/03/2016 10:22
07/03/2016 12:36
07/03/2016 11:40
07/03/2016 11:23
En attendant, vous pouvez toujours vous auto-hyper sur le nouveau site très cool du groupe