chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
136 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Gorguts - The Erosion Of Sanity

Chronique

Gorguts The Erosion Of Sanity
Moins d’un an et demi après des débuts prometteurs, les Canadiens de Gorguts faisaient en janvier 1993 leur retour avec la sortie, cette fois-ci sur Roadrunner Records, de leur deuxième album intitulé The Erosion Of Sanity. Comme pour son prédécesseur, l’artwork a été confié à l’inévitable (du moins pour l’époque) et talentueux Dan Seagrave. Un travail une fois de plus remarquable dont l’atmosphère qui s’en dégage n’a jamais aussi bien collé qu’à ce Death Metal du début des années 90. Il y a dans ces décors ciselés et ces paysages sombres et agressifs une ambiance de mort et de désolation perpétuelle capable, toujours en accord avec la musique, de nourrir l’imaginaire de l’auditeur le temps d’un voyage tourmenté et irréel. Se plonger dans les moindre détails de ces peintures en écoutant des albums tels que Left Hand Path, Effigy Of The Forgotten, Transcend The Rubicon, Like An Ever Flowing Stream, Gateway's To Annihilation ou bien encore Testimony Of The Ancient reste à mon humble avis le meilleur moyen de s’y immerger complètement. Ces deux premiers albums de Gorguts n’échappent pas à ce constat.

Au-delà de cette symbiose artistique qui mêle ici deux de nos cinq sens et surtout d’un schéma qui semble se répéter (même label, même illustrateur...), ce nouvel album marque cependant un pas en avant dans la carrière des Canadiens. En effet, bien qu’il soit en parti produit par Scott Burns, The Erosion Of Sanity à cette fois-ci été enregistré à Montréal. Un détail qui a tout son importance puisque celui-ci ne souffre pas des mêmes défauts de production que son aîné. A vrai dire, si elle est tout de même le reflet d’une certaine époque (nous sommes en 1993, rappelons-le), elle ne souffre d’aucun défaut particulier et permet cette fois-ci aux compositions des Canadiens de véritablement respirer, laissant ainsi à chaque instrument l’opportunité de trouver sa place (ah, cette basse!). Un choix salutaire qui, compte tenu de la complexité et de la densité de chaque morceau, va notamment permettre à Gorguts de gagner en précision, en efficacité ainsi qu’en puissance là où l’auditeur aura quant à lui bien plus de facilité à s’approprier un contenu devenu moins hermétique (mais certainement pas plus facile). Débarrassé de ce fardeau encombrant, celui-ci va alors pouvoir se concentrer sur l’essentiel : décortiquer l’ensemble de ces riffs tordus et tenter d’assimiler ces titres aux constructions rythmiques alambiquées et peu orthodoxes. Un vrai travail à temps plein.

D’autant plus qu’au-delà de ces progrès en matière de production, la musique de Gorguts a également gagné en maturité. Ainsi, là où son prédécesseur manquait parfois de personnalité à cause de riffs quelque peu anecdotiques, The Erosion Of Sanity se montre beaucoup plus abouti, marquant ainsi davantage les esprits que le pourtant très bon Considered Dead. D’une plus grande richesse, on y trouve tout au long de ces trente-six minutes un groupe bien plus à l’aise avec ce Death Metal qu’il a lui-même aidé à façonner quelques années auparavant. Ainsi, les riffs de Luc Lemay et Sylvain Marcoux, s’ils conservent leurs caractéristiques d’antan (vitesse d’exécution, construction rythmique relativement marquée, multiplicité d’idées et changements impromptus de pattern/séquences...), sont tout simplement bien mieux ficelés qu’autrefois et poussés encore un peu plus loin en avant (plus rapides, plus marqués, plus d'idées...). Pourtant, le duo de guitaristes n’a pas cherché à changer quoi que ce soit à sa formule, seulement à la rendre plus fluide et plus naturelle. Et pour le coup, bien qu’il soit toujours assez compliqué de se laisser attraper par la musique des Canadiens, le résultat final se veut effectivement bien plus convaincant. Construit sur la base de passages mid-tempo sombres et écrasants et de séquences bourre-pif à base de blasts soutenus et de riffs vicieux et torturés, le Death Metal de Gorguts ne laisse absolument aucune chance à l’auditeur qui va très vite se retrouver malmené par ces changements de caps inattendus et ces riffs imprévisibles.

Pour autant, ce deuxième album reste encore relativement éloigné d’un Obscura plus personnel et inventif. Aussi, The Erosion Of Sanity ne diffère pas énormément de son prédécesseur et s’inscrit encore une fois dans la démarche des groupes de Death Metal (technique et/ou brutal) de l’époque. Le parallèle avec les New-Yorkais de Suffocation est ainsi toujours aussi vrai même si le groove et la brutalité du second seront toujours un cran au-dessus (surtout en ce qui concerne cette notion de groove si caractéristique à Suffocation). N’en déplaise à certains, The Erosion Of Sanity est donc un album encore relativement "classique" (en comparaison de la suite) qui, en dépit de ses qualités (technique, maitrise, qualité d’écriture...) et de ses compositions rendues plus efficaces et plus personnelles, n’aura malheureusement jamais réussi à détrôner les grands noms de l’époque dans l’esprits des gens qui auront préféré retenir en premier lieu des groupes tels que Cannibal Corpse, Immolation, Morbid Angel et bien évidement Suffocation.

Sorti un tout petit peu plus d’un an après Considered Dead, The Erosion Of Sanity ne marque pas encore une réelle fracture dans l’approche qu’à pu avoir Gorguts de son Death Metal. Il faudra attendre 1998 pour voir revenir les Canadiens avec un disque à l’identité vraiment marquée et pour le coup beaucoup plus personnel et audacieux. Néanmoins, cet album phare intitulé Obscura et le fait que ces deux premiers essais soient parfaitement ancrés dans leur époque ne doit pas occulter le fait que The Erosion Of Sanity reste à ce jour un album absolument incroyable qui n’a certainement pas à rougir face à la concurrence de ces années folles. Quand j’entends ces morceaux exécutés à une telle vitesse et où viennent entrer en collision un nombre incalculable de riffs, de soli et d’idées originales (ce break sorti de nul sur "A Path Beyond Premonition" avec cette basse pincée), il me semble évident que Gorguts était pourtant déjà en 1993 l’un des grands nom du Death Metal technique. Vous pouvez évidemment ne pas être d’accord avec ce constat mais sachez néanmoins que j'ai quand même raison.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

9 COMMENTAIRE(S)

Tantalustorment citer
Tantalustorment
17/12/2023 12:41
note: 6/10
Complète déception ! cette production brouillon type "essaim d'abeille" a massacré l'album .. on est bien loin du sublime Considered Dead
Tantalustorment citer
Tantalustorment
26/06/2023 19:37
note: 6/10
La production "brouillon" de cet offrande n'est pas précisément de mon gout , même niveau compos c'est clairement moins bon que le précédent , mais ça reste tout de même assez accrocheur

8/10
MoM citer
MoM
20/12/2017 18:56
note: 9.5/10
Ne jamais rester sur un a priori.
Pour moi, cet album était un peu moyen, assez mou du genou. J'avais écouté ça il y a 5-6 ans, fraîchement dans le Death metal à la Death, justement.

Ouais mais j'étais dans l'erreur, clairement, cet album est culte à souhait ! Vicieux dans ses riffs, riche dans son écriture, avec un putain de feeling début 90's qui fait toute la grandeur des meilleurs albums Death metal de l'époque !
Puis 40 minutes pas plus, juste ce qu'il faut pour avoir sa dose sans être saoulé : parfait !
AxGxB citer
AxGxB
25/08/2016 10:39
note: 8.5/10
Ander a écrit : On sent quand même les prémices de ce que sera Gorguts sur Condemned To Obscurity et son riff d'intro complètement tcharbé, bizarre que tu le mentionnes pas!

C'est vrai mais en même temps ce n'est franchement pas encore révélateur à mon sens. On est beaucoup plus proche d'un (Brutal) Death de l'époque qu'un Death Technique et "dissonant" à la "Obscura".
Neuro citer
Neuro
25/08/2016 10:21
Ander a écrit : et qu'une heure et quart de Gorguts d'une traite, ça cale un peu trop le bide. Sourire

C'était déjà très calorique la musique de Gorguts aux débuts, et la suite n'en est que pire !
Ander citer
Ander
24/08/2016 23:22
note: 8/10
On sent quand même les prémices de ce que sera Gorguts sur Condemned To Obscurity et son riff d'intro complètement tcharbé, bizarre que tu le mentionnes pas!

Sinon oui, un bon album, mais passait les deux premiers morceaux, je le trouve parfois trop mou (Orphans Of Sickness), manquant d'ambition (Dormant Misery qui promet beaucoup avec son intro au piano, peine à marquer) etc. bref, Considered Dead me parait plus homogène, et plus digeste. Ca vient peut-être du fait aussi que j'ai les deux albums sur le même CD, et qu'une heure et quart de Gorguts d'une traite, ça cale un peu trop le bide. Sourire
AxGxB citer
AxGxB
24/08/2016 21:35
note: 8.5/10
Et bien oui, profites-en. D'autant qu'ils viennent d'êtres réédités en CD et LP.
hammerbattalion citer
hammerbattalion
24/08/2016 21:24
Je n'avais pas réussi à entrer dedans à l'époque, trop technique peut-être, ta kro me donne envie d'essayer à nouveau.
Neuro citer
Neuro
24/08/2016 19:07
Je m'aligne volontiers sur l'avis de la chronique. Un death déjà sacrément bien conçu et se démarquant du lot davantage, comparé au premier essai.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Gorguts
Death Metal
1993 - Roadrunner Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (14)  8.46/10
Webzines : (5)  8.3/10

plus d'infos sur
Gorguts
Gorguts
(Post) Death Metal - 1989 - Canada
  

tracklist
01.   With Their Flesh, He'll Create  (04:03)
02.   Condemned To Obscurity  (04:51)
03.   The Erosion Of Sanity  (04:53)
04.   Orphans Of Sickness  (05:21)
05.   Hideous Infirmity  (04:05)
06.   A Path Beyond Premonition  (04:57)
07.   Odors Of Existence  (03:47)
08.   Dormant Misery  (04:53)

Durée : 36:50

line up
parution
19 Janvier 1993

voir aussi
Gorguts
Gorguts
Considered Dead

1991 - Roadracer Records
  
Gorguts
Gorguts
Obscura

1998 - Olympic Recordings
  
Gorguts
Gorguts
Colored Sands

2013 - Season Of Mist
  
Gorguts
Gorguts
Pleiades' Dust (EP)

2016 - Season Of Mist
  

Essayez aussi
Sadistik Forest
Sadistik Forest
Morbid Majesties

2018 - Transcending Obscurity Records
  
Frozen Soul
Frozen Soul
Encased In Ice (Démo)

2019 - Maggot Stomp Records
  
Anatomia / Undergang
Anatomia / Undergang
Anatomia / Undergang (Split-CD)

2022 - Dark Descent Records / Me Saco Un Ojo Records
  
Deathswarm
Deathswarm
Forward Into Oblivion

2021 - F.D.A. Records
  
Ataraxy
Ataraxy
Where All Hope Fades

2018 - Dark Descent Records
  

Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique