Formé en 1995 mais réellement actifs que depuis le début des années 2000, Wolverine se cherche toujours une place dans le monde du metal progressif. Nom peu évocateur, début de carrière trop générique, actualité en dents de scie, les causes de ce manque de reconnaissance sont peut-être un mix de tout ça ce qui n'empêche pas le quintette d'aller de l'avant, proposant albums après albums, une vision différente de sa musique. Après le dreamtheateresque "The Window Purpose" (2001), le déroutant et inégal
"Cold Light of Monday" (2003), le groupe était revenu à un style plus conventionnel sur
"Still" (2006) suivi de l'excellent
"Communication Lost" (2011) qui se sera fait attendre. Cinq ans, c'est aussi le temps qu'il aura fallu au combo pour accoucher de ce cinquième album au titre et à l'artwork énigmatique, une longue pause qui n'aura pas été vaine.
Autant j'adore
"Still" et
"Communication Lost", autant je dois bien reconnaître que leur style était beaucoup moins aventureux qu'à leurs débuts. Que ceux qui demeurent nostalgiques de ce Wolverine là se réjouissent : les Suédois retrouvent enfin le chemin d'un metal/rock progressif beaucoup moins rangé et surtout plus inventif. Le tracklisting en dit déjà long : une grande majorité des titres dépassent les 7 minutes avec une ouverture culminant à près d'un quart d'heure, il y avait de quoi espérer de belles surprises. Et ô comme c'est bien vu de démarrer sur un titre tel que "The Bedlam Overture" qui concentre à lui seul tout ce qu'on était en droit d'espérer de leur part. A la fois puissante et contemplative, froide et touchante, cette introduction résume à elle-seule tout ce qu'est Wolverine, et notamment sa capacité à créer une atmosphère unique, englobante et si captivante qu'elle ne vous lâche plus. Les musiciens semblent avoir retrouvé l'envie de surprendre et proposent ici une de leurs meilleures prestations en terme de feeling et de musicalité, du chant de Zell toujours au top, aux solos et leads de guitares sans oublier la section rythmique qui n'en finit plus de vouloir placer ses contre-temps. Mais c'est surtout Marcus Losbjer derrière les fûts qui m'a le plus bluffé : sans tomber dans la démonstration, son jeu subtil et varié apporte énormément aux morceaux et leur fait franchir un palier en terme d'intensité. Et bien sûr, que serait leur musique sans les claviers ? Omniprésents et de bon goûts, ils portent toute l'ambiance de cet album, décuplant la puissance émotionnelle générée par les mélodies et le chant incomparable de Stefan.
Moins direct qu'auparavant, Wolverine prend son temps pour installer ses atmosphères et cela donne des pièces variées et imprévisibles où les sentiments se croisent, oscillants entre colère, tristesse, désespoir et abandon. Dans chacun de ces exercices, le quintette excelle et se montre aussi convaincant dans ses accès de violence que dans ses moments les plus calmes. Si l'on retiendra surtout les morceaux fleuves "The Bedlam Overture" et "Nemesis" fantastiques de bout en bout, d'autres moins contrastés figurent parmi les meilleurs jamais composés par le groupe tels que le planant crève coeur "Our Last Goodbye" ou le saccadé "Pledge" dont la rythmique vous imprimera la cervelle. Le seul défaut finalement de ce "Machina Viva" sont ses 2 morceaux bouche-trou : l'insupportable et interminable "Pile of Ash" beaucoup trop mièvre et l'ambiancée conclusion "Sheds" qui, sans pour autant être déplaisante, ne me fait ni chaud ni froid. Un très bon cinquième album donc qui vient s'ajouter à une discographie plus que respectable, une excuse de moins pour tous les amateurs de metal progressif n'ayant pas encore pris le temps de se pencher sur cet excellent combo suédois. Il serait dommage de mourir idiot.
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29/10/2016 15:45
29/10/2016 11:51