Des Panzers, l'URSS, faucille et marteau, Satan, le froid, les influences revendiquées de Marduk, Anaal Nathraak et Infernal War... Inutile de vous dire que mon sang n'a fait qu'un tour. Aussi bien séduit par la présentation de cette toute première offrande du duo nantais Wrath From Above, que par le bel artwork de Maxime Marie, j'ai bondi sur le promo de
"Beyond Ruthless Cold", qui sortira en février prochain via Apathia Records (gage de qualité s'il en est). Tout français qu'ils soient, Antar et DM sont habités par la sauvagerie russe, à mi-chemin entre le soldat de l'Armée Rouge parti dessouder du Boche par paquet de quinze et le
gamer soviétique rompu aux
"Cyka Blyat" et autres
"Idi Nahui". Et ce premier méfait, à défaut d'être transcendant ou exempt de défauts, décrasse sévèrement les tympans.
Wrath From Above se réveille avec "Terrorfront", prend un grand bol de
"Panzer Division Marduk" tous les matins et se couche avec
"Eschaton", c'est flagrant. Un peu trop, même, mais là n'est pas le problème - on ne va de toute façon pas écouter
"Beyond Ruthless Cold" pour y chercher la nouveauté et l'originalité. On ne pourra que s'incliner face à la soif de sang du duo, plus soucieux de débrider la boîte à rythmes et balancer des riffs en forme de murs compacts que de ralentir le propos pour ménager l'auditeur. Le tempo ne faiblit que très rarement, et hormis l'introduction et "Scorched Ground" (en forme d'interlude apocalyptique), les quelques passages
mid tiennent plus de la frappe chirurgicale que de la volonté de laisser l'auditeur souffler. Des tremolos de "Prevail" jusqu'à la fermeture d' "Everlast", Wrath From Above garde le pied hargneusement vissé à la pédale, char d'assaut soutenu par une prestation vocale impeccable, haineuse juste comme il faut - bien qu'elle perde de son intensité au fil de
"Beyond Ruthless Cold".
Et c'est bien sur ce point que les choses se gâtent : aussi efficace soit-il, l'album est long. Beaucoup trop long. Et cette frénésie qui aurait fonctionné sur moins d'une demie-heure peine à rester aussi attrayante sur presque 45 minutes. Hormis la longueur, la boîte à rythmes est également discutable - Antar expliquait, dans un entretien (bien débile) publié par le webzine
Winter Torment, que le format "duo" était une contrainte due à la difficulté de trouver des musiciens compétents plus qu'un choix délibéré. Si la machine est relativement bien
samplée, elle reste synthétique, et sans aucun feeling. Précise et froide, ce qui colle certes à merveille au concept de
"Beyond Ruthless Cold" mais finit immanquablement par taper sur les nerfs.
Le
"Panzer Division Marduk" fonctionne encore aujourd'hui parce qu'il est immédiat, et court. Infernal War fonctionne, parce que les Polonais, si rapides soient-ils, n'oublient à aucun moment d'infuser du groove, du feeling à leurs assauts - sans parler de la technique du batteur, qui continue de faire baver bon nombre de pratiquants.
"Beyond Ruthless Cold" est un bon premier jet, malheureusement plombé par une production un peu trop synthétique, un son de boîte à rythme qui devient de plus en plus agaçant au fil du disque, et surtout, par une durée excessive. Mais il saura répondre à l'éventuel besoin urgent de se faire casser la gueule et les oreilles par des compatriotes. Ce qui, ma foi, est bien le minimum syndical que l'on peut attendre d'un album de ce genre.
1 COMMENTAIRE(S)
27/01/2017 12:03
De bonnes idées mais peut mieux faire ...