Infamovs - Under The Seals Of Death
Chronique
Infamovs Under The Seals Of Death
Chez Thrashocore, on aime beaucoup le Chili. Non, pas le plat épicé avec les haricots rouges. Le pays tout en long, là, en bas à gauche. Enfin pas vraiment le pays puisque personne ici n'a eu la chance d'y mettre les pieds. Plutôt la scène death metal nationale dont on vous vante les mérites depuis quelques années. Quoi de mieux dès lors pour moi que de commencer cette année 2017 déjà très fournie par chroniquer un album de DM chilien? Infamovs n'avait en plus jamais eu les honneurs de figurer dans nos pages. Il faut dire que le combo de Coquimbo ne s'est formé qu'en 2014 et n'avait à ce jour sorti qu'une tape en 2015 passée complètement inaperçue de mon côté. Ça tombe bien, le premier full-length du groupe, Under The Seals Of Death, tout juste paru sur Memento Mori, reprend l'intégralité de l'EP et y rajoute trois morceaux inédits.
On connait surtout la scène death metal chilienne pour ses groupes evil, virulents et old-school. Eh bien Infamovs, c'est exactement ça. Du tremolo dark blasphématoire, un growl caverneux abyssal, de la blastouille plus ou moins enlevée, la formation ne fait pas dans la finesse, nous présentant un death metal sombre, brutal et puissant à la production maousse costaud. Ça bastonne sec et chaque note nous évoque des images d'églises terrassées et de démons gigantesques sortis tout droit de l'Enfer comme sur la pochette rouge sang occulte fort à-propos. On se prend en pleine face des passages "rouleau-compresseur" que l'on peut comparer à des groupes comme Immolation ou Dead Congregation pour les plus jouissifs ("Call Upon Blasphemovs" à 0'27, "Impure Plaguiarisms" à 2'32, "Of Force and Plague" vers la quatrième minute, "Serpent Of Sin" à 0'31 et 3'09) et qui raviront les fans d'efficacité primitive. Le jeu de batterie apporte aussi une atmosphère martiale à la musique à plusieurs reprises ("Dawn Of The Black Dance" à 2'42, "Impure Plaguiarisms" à 0'30, "God Of Pestilence" à 0'42 et 2'36, "Of Force And Plague" au début puis vers 1' et 2'40, "Serpent Of Sin" à 4'35). J'avoue toutefois que le batteur a tendance à me fatiguer avec son style. J'aurais préféré des vrais bons gros blast-beats (comme leurs compatriotes de Totten Korps) plutôt que cette blastouille un peu foutraque et pas si rapide.
Quand ça ne bourre pas sur de la bastouille ou du tchouka-tchouka accéléré, les Chiliens restent dans le pâté avec des mid-tempos imposants ou des séquences lourdes plombées tout sauf posées. On pense à Incantation lors de ces décélérations souvent agrémentées d'harmoniques sifflées comme sur l'intro "Into The Death", "Dawn Of The Black Death" après une ouverture de vingt secondes bien brutasse, le début de "God Of Pestilence" ou "Serpent Of Sin" à 1'18 et 4'05. L'ensemble m'évoque pas mal Blaspherian, dont je ne suis malheureusement pas le plus grand fan, pour ce côté evil, old-school et brutal non pas speed mais plutôt lourdaud, pataud, malgré une certaine vitesse dans les élans les plus agités. S'il n'était pas chilien, Infamovs aurait donc aussi pu venir du Texas. Pas de bol, je préfère le death blasphématoire plus agile qui blaste vraiment de combos comme Dead Congregation ou Ritualization. D'autant que les riffs de Infamovs ne s'avèrent pas non plus très marquants pour la plupart. Je précise pour la plupart car il y a tout de même des exceptions qui font que Under The Seals Of Death est loin d'être mauvais, restant de qualité correcte. "Into The Death" en ouverture par exemple, qui nous plonge dans l'ambiance dark et evil qui habite le disque pendant plus d'une demi-heure. "Dawn Of The Black Dance" n'est pas mal non plus bien qu'un peu long et résume bien ce que propose Infamovs. La suite convainc moins toutefois, jusqu'à "Of Force And Plague" qui remonte le niveau, notamment sur son final inspiré. "Serpent Of Sin" fait aussi partie des meilleurs morceaux. Mais la piste que je préfère, c'est l'interlude en septième position. Pas de chant ni de brutalité foudroyante mais une ambiance prenante des plus démoniaques grâce à un riff principal ultra obscur qui pourrait presque rivaliser avec celui sur l'intro de "Curtain" de Portal. Evil as fuck! Frissons garantis!
Dommage qu'il n'y ai pas plus de riffs de cette qualité, Under The Seals Of Death aurait été un putain de chef d'œuvre. Au lieu de cela, on se retrouve avec un album pas mauvais du tout mais plutôt quelconque. Les solos chaotiques plein de vibrato ne changeront pas la donne, même s'ils collent bien à l'ambiance impie et que l'on entend parfois un léger effort de construction mélodique (c'en est même quasi spatial sur "Chaos-Madness" à 0'31). Vous l'avez compris, Infamovs n'est pas ce que j'ai entendu de mieux en death metal chilien. Le côté brutal lourdaud m'ennuie assez vite d'autant que les riffs manquent de mémorabilité. Dans le même genre evil grassouillet d'Amérique du Sud, Unaussprechlichen Kulten m'avait plus convaincu en 2014. Par chance, la vitesse d'exécution reste tout de même plus rapide que chez un groupe comme Imprecation pour reprendre le parallèle avec le Texas. Il n'empêche que cela manque clairement de vrais blast-beats vénères et véloces. Totten Korps l'avait fait à la perfection l'année dernière, précédé par Praise The Flame en 2015. On classera donc ce Under The Seals Of Death, premier full-length d'Infamovs, dans les nombreuses sorties "sympas sans plus". Pas déplaisante dans l'absolu, nous offrant même quelques éclairs de génie (ah cet interlude fantastique en mode éclipse totale qui pue la mort, le chant barbare monstrueux, l'effet rouleau-compresseur assez jouissif par moment, etc.) mais qu'on ne retiendra pas à l'heure de faire les comptes. Cela dit, il ne s'agit que d'un premier longue-durée, le groupe a encore le temps de peaufiner son art noir. Vu le potentiel entrevu sur certaines séquences bien foutues, on peut espérer une suite davantage marquante.
| Keyser 16 Février 2017 - 574 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | AxGxB a écrit : Chronique qui confirme mon ressenti à l'écoute des deux extraits publiés avant la sortie. Je vais quand même l'écouter par acquis de conscience.
Oui écoute, y'a quand même moyen que ça te parle. C'est très correct hein juste qu'on a entendu mieux dans le style, de mon point de vue |
citer | Chronique qui confirme mon ressenti à l'écoute des deux extraits publiés avant la sortie. Je vais quand même l'écouter par acquis de conscience. |
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2 COMMENTAIRE(S)
16/02/2017 15:24
Oui écoute, y'a quand même moyen que ça te parle. C'est très correct hein juste qu'on a entendu mieux dans le style, de mon point de vue
16/02/2017 15:21