Thyrgrim - Vermächtnis
Chronique
Thyrgrim Vermächtnis
Depuis déjà plusieurs années la scène Black d’outre-Rhin a visiblement du mal à faire parler d’elle et à se renouveler, ça n’est pas faute d’essayer mais il manque toujours un petit quelquechose à celle-ci pour franchir un palier et devenir aussi importante que celle de France ou de Norvège. THYRGRIM rentre totalement dans cette catégorie, car malgré plus d’une décennie d’existence et une discographie déjà fortement remplie, le combo de Nord-Westphalie n’a jamais réussi à dépasser le cadre limité de l’Underground. Il est vrai que les nombreux changements de personnel, conjugués à une valse importante de labels, n’ont pas aidé le groupe du chanteur Kain (dernier membre originel encore présent) à sortir de l’ombre. Avec aujourd’hui un sixième album depuis 2006, et une formation encore renouvelée, les Allemands ne changent pas leur fusil d’épaule et continuent de jouer leur Black Metal simple et sans fioritures, écrit depuis leurs débuts dans leur langue natale mais qui a bien du mal à passer les frontières.
Car une fois encore il y’a fort à parier que ce nouvel opus passera tout aussi inaperçu que les précédents qui avaient notamment tendance à trop s’étirer en longueur, vu que le combo a la fâcheuse habitude de rallonger inutilement ses morceaux, et ce coup-ci il s’est surpassé en faisant durer l’ensemble pas moins de cinquante-cinq minutes mitigées, qui auraient facilement être raccourcies. Pourtant l’ensemble va démarrer assez tranquillement et de manière agréable avec « Die Heilung Dieser Welt » majoritairement rapidement et violent, où le blast est dominateur mais qui sait s’effacer pour offrir de la place à des passages plus lourds qui donnent envie de remuer la tête. Tout comme « Frühlingsdämmerung » qui conserve du début à la fin son mid-tempo simple et efficace, comme pour montrer que les mecs savent aussi poser leur musique sans qu’elle soit moins réussie. Mais dès la plage suivante (« Die Ewige Suche ») les travers déjà observés par le passé vont refaire surface, car bien qu’étant plus mélodique, bien composée et relativement variée, cette compo est vite plombée par les excès de temps qui finissent par la rendre redondante et linéaire. Et quand ça n’est pas cela qui est en cause c’est tout simplement la qualité du titre en lui-même, car étant plus expéditifs et allant à l’essentiel « Ich Sehe Euch Brennen » et « Sklaven Eines Toten Gottes » ne décollent jamais, à cause d’un manque d’idées flagrant et surtout la sensation d’avoir entendu cela énormément de fois auparavant et surtout en mieux.
Il faut dire que musicalement ça ne réinvente rien, c’est basique et ça reprend régulièrement les mêmes riffs et parties de batterie, d’où un côté assez interchangeable assez ennuyeux tant on retrouve les mêmes plans disséminés un peu partout sur le disque. Pourtant après une première partie moyenne (où le rythme global laisse assez peu de place à la vitesse) l’espoir renaît avec « Pfade Der Vergänglichkeit » où le tempo retrouve enfin du tonus et où les gars ont décidé enfin de se lâcher et cela s’entend. Sans être grandiose on passe quand même un bon moment, et ici la variété est de mise et ça ose sortir des sentiers battus tout en sonnant plus agressif. Il faut dire que la production cru et sèche n’aide pas non plus à mettre les bons points en avant, car bien que sonnant naturelle et homogène elle souffre d’un déficit de puissance sur les guitares qui ont du mal à donner ce qu’elles ont dans le ventre. Et en plus de cela ça n’est pas la suite de cette seconde partie qui va redonner de l’intérêt global à cette galette tant « Gefangen Im Wandel » d’influence Doom fait piquer du nez à l’auditeur, vu que ça reste très lent et surtout très répétitif car le manque d’idées est plus que présent. Si « Sterbend 3 » avait la bonne idée de démarrer différemment en proposant un peu de notes acoustiques la suite va se faire beaucoup plus laborieuse tout en restant bloquée en première sur le levier de vitesse (tout comme avec « Das Ende Einer Reise) alors qu’on aimerait que la bande enclenche enfin la seconde. Ce point intervient sur l’ultime plage, l’ultra court et puissant « Offenbarung » où l’on entend carrément un solo (le seul de l’album), et qui fait regretter qu’elle ne se soit pas sorti les doigts du cul un peu plus tôt.
Car sans être un ratage total il n’y a pas non plus de quoi sauter au plafond, ça manque de parties mémorables, d’hymnes imparables et surtout de couilles, tant le train de sénateur est utilisé à outrance et plombe encore plus un ensemble déjà fragilisé par le mixage trop étouffé. Avec un résultat si scolaire qui manque de folie et de passion il est difficile du coup de s’enthousiasmer pour ces onze compos finalement assez neutres et interchangeables. Il est franchement regrettable qu’après autant de vécu le frontman et ses acolytes n’arrivent toujours pas à sortir du carcan dans lequel ils se sont enfermés, à savoir celui des élèves studieux et appliqués mais qui n’arrivent pas à franchir un cap décisif. Du coup ça n’est pas encore cette fois qu’ils décrocheront la timbale et qu’ils arriveront à se faire un nom, d’autant plus avec cette pochette digne d’une démo et d’une pauvreté artistique affligeante qui ne donne pas envie d’aller chercher plus loin, et qui se révèle être un ultime handicap quasiment rédhibitoire.
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