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Pig Destroyer - Terrifyer

Chronique

Pig Destroyer Terrifyer
Les amateurs retiennent Pig Destroyer comme une sorte de "curiosité surefficace". "Curiosité", par l'absence revendiquée de bassiste, mais également par leurs errements instrumentalo-expérimentaux - pour le meilleur (leurs infusions progressives, bien que discrètes, de plages ambiantes et bruitistes dans leurs compositions) comme pour le pire, d'ailleurs (personne ne peut oublier la flûte de pan qui hantait "Phantom Limb"). Dans les deux, cas, on ne peut que saluer l'envie de la bande à Scott Hull de s'affranchir des poncifs du genre, quand la plupart de leurs collègues se contentent de les empiler (pour notre plus grand plaisir). "Surefficace", car depuis "Explosions in Ward 6" (1998), Pig Destroyer abreuve ses auditeurs de disques-uppercuts, élans de sauvagerie aussi maîtrisés que débridés, gonflés par le chant ahurissant de J.R. Hayes que par la science de Scott Hull, docteur ès-riffs vicelards - aussi bien chez PxDx qu'Agoraphobic Nosebleed, d'ailleurs.

En bref et en toute objectivité, pour qui goûte sa musique quand elle joue vite et fort, il n'y a pas grand chose à jeter dans la riche discographie des destructeurs de porcins. Au pire, des disques moyens (le très vite oublié "Book Burner"), au mieux, des albums effrayants d'efficacité. Si j'ai l'impression que la grande majorité des fans du combo retiennent leur fantastique second opus "Prowler in the Yard" (2001), il n'arrive pourtant, pour moi, pas à la cheville de son successeur, le monstre qui nous intéresse aujourd'hui.

"Terrifyer", le bien-nommé,qui souffle cette année ses 13 bougies. Déjà... Je ne vais pas tomber dans le cliché du bon vin, vieilli avec soin, taillé pour chatouiller vos papilles. Le Pig Destroyer, cuvée 2004, n'est qu'un picrate âcre, trouble, presque acide, dont l'odeur vous colle à la peau longtemps après y avoir plongé la tête : celle de la peur. Troisième album studio, dont la superbe pochette (signée Chris Taylor) sert un peu plus toute la dimension sordide de son concept, certes abstrait, détaillé dans les pages rouge vif de son livret. A l'image de la musique du trio : condensé de furie sourde, de muscles bandés et de fluides corporels mêlés. La transition avec "Prowler in the Yard" est tranchée, nette comme un coup de scalpel : fini l'orthodoxie toute relative du mid-tempo pépère, de la tête collée dans le guidon, pédalant à toute vitesse en fauchant les passants. "Terrifyer" est un disque plus abouti, plus noir, plus enragé encore que tout ce que Pig Destroyer avait pu produire. Et après toutes ces années, force est de constater qu'il tient encore la dragée haute à bon nombre de formations dont la saleté est le fond de commerce revendiqué.

A tous ceux qui pensent que le Grindcore se limite au tabassage politique binaire (coucou Blockheads et bien d'autres, même si je vous adore) ou à la provocation volontairement débile (coucou Anal Cunt, c'était bien ton seul intérêt), je ne dis rien, me contentant de leur confier la galette. Passez outre cette production ardente qui attaque vos tympans sans aucune forme de pitié dès "Pretty in Casts", et laissez vous envahir par ce sentiment que l'on pensait définitivement enterré : cette terreur instinctive, atavique, qui tord les boyaux face à une menace, non-identifiée, qui rôde autour de nous. "Prowler in the Yard" identifiait clairement le prédateur, boucher grotesque, yeux vitreux - caricatural, certes, mais efficace en diable. L'on ne connaîtra du "Terrifyer" que cette figure féminine sans visage (ou presque), dénudée, aveugle. Une sirène : on aura beau avoir été prévenus des dangers qui nous attendent, nous finirons fatalement par nous laisser séduire par l'horrible beauté de ce disque.

Dieu sait pourtant le mal que se sont donnés les trois excités pour vous malmener. Brian Harvey lourde toute forme de trigger et tabasse son kit de batterie avec une force, une froideur et un acharnement à en faire pâlir les plus endurcis, dispensant ses tapis de blast-beats ("Soft Assassin", simple, directe, sans fioriture superflue) et autres rythmiques syncopées ("Terrifyer", pour ne citer que lui) avec la précision machinale d'un ouvrier d'abattoir. Jamais un instant de faiblesse. Scott Hull, lui, a probablement vidé ses neuroleptiques dans la poubelle la plus proche, du moins si l'on en croit ce sens du riff velu, tarabiscoté, qui se tortille en souffrant mais veut à tout prix s'insinuer jusqu'à vos oreilles pour mieux les salir : d'un "Gravedancer" tout en puissance faussement enjouée, de la dissonance maladive d'un "Towering Flesh", du mediator qui râpe plus qu'il ne gratte sur "Carrion Fairy", tout participe au malaise. J.R. Hayes, pour finir, confirme à la fois la demie-teinte de son bilan psychiatrique et la puissance de son organe, en délivrant une prestation hallucinante d'hystérie, allant constamment chercher le plus loin possible dans les aigus - quand il ne se fait pas simplement saigner la gorge en beuglant comme un damné (le final de "Thumbsucker" me file encore la chair de poulet). La douleur, le désespoir, mais aussi la rage, tout l'album prend son sens dans les vocalises du chef-d'orchestre. Seul, il est déjà impressionnant, mais "Terrifyer" prend également malin plaisir à superposer ses pistes vocales : l'agression sournoise ne vient pas d'une, mais de toutes les directions. Recroqueville toi, couvre tes yeux, fais le mort. Si personne n'en ressort vraiment indemne, avec un peu de chance, tu en ressortira vivant. Amoché, mais vivant.

Rarement on aura vu un album porter aussi bien son nom. De l'imagerie au concept, en passant par la prestation du groupe, la tétanie guette à chaque instant. Scabreux de bout en bout, "Terrifyer" réussit la prouesse d'être à la fois un album de Grindcore touchant la perfection du bout du doigt, mais également, et surtout, un album de Grindcore avec du fond. L'apparente gratuité de sa violence cache une détresse, une obscurité que je recherche mais retrouve malheureusement chez bien trop peu de formations. Torgnole sadique et glaçante, administrée par des bourreaux aussi méthodiques qu'appliqués, "Terrifyer" est un disque absolument essentiel, à découvrir ou redécouvrir - et qui restera à jamais, pour moi, le sommet de la discographie de Pig Destroyer (malgré son DVD/CD Bonus et son unique piste, bien trop longue pour être honnête).

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1 COMMENTAIRE(S)

gulo gulo citer
gulo gulo
26/10/2017 19:51
note: 8/10
Jennifer, tout comme Mass & Volume, est effectivement sans aucun intérêt. C'est un peu triste, mais leur talent se limite à la vitesse et au lance-flamme ; c'est déjà pas mal, vu le degré de talent dont il est question.

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Pig Destroyer
Grindcore
2004 - Relapse Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (10)  8.15/10
Webzines : (12)  8.27/10

plus d'infos sur
Pig Destroyer
Pig Destroyer
Grindcore - 1997 - Etats-Unis
  

tracklist
Disque 1 :

01.   Intro  (00:41)
02.   Pretty in Casts  (01:16)
03.   Boy Constrictor  (00:58)
04.   Scarlet Hourglass  (00:57)
05.   Thumbsucker  (01:33)
06.   Gravedancer  (03:01)
07.   Lost Cause  (00:54)
08.   Sourheart  (00:53)
09.   Towering Flesh  (03:35)
10.   Song of Filth  (00:41)
11.   Verminess  (01:16)
12.   Torture Ballad  (01:21)
13.   Restraining Order Blues  (01:32)
14.   Carrion Fairy  (02:30)
15.   Downpour Girl  (01:30)
16.   Soft Assassin  (01:27)
17.   Dead Carnations  (01:30)
18.   Crippled Horses  (01:34)
19.   The Gentleman  (01:23)
20.   Crawl of Time  (01:30)
21.   Terrifyer  (02:12)

Disque 2 :

01.   Natasha  (37:55)

Durée : 70:09

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