chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
151 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Aetherian - The Untamed Wilderness

Chronique

Aetherian The Untamed Wilderness
Alors que l'heure du bilan approche pour cette chère année 2017, quelques sorties se bousculent pour tenter ce qu'on appelle un « hold-up », c'est-à-dire s'imposer dans le classement à la toute fin, en mode sous-marin, en balançant des missiles là où on ne les attend pas pour créer un effet de surprise immédiat.
Et si 2017 a été ponctuée par des sorties de grande qualité, il faut croire que novembre n'est pas en reste, avec notamment la promotion assez discrète d'un disque qui viendra prochainement : « The Untamed Wilderness » de AETHERIAN.
Cette formation grecque, qui a déjà publié un EP en 2015, avait annoncé la couleur : « Tales Of Our Time », c'est un regard pessimiste sur un monde mourant à un point qu'il en devient irréel (d'où l'idée de contes, je suppose).
J'ai été conduit par ce groupe avec l'écoute de TEMNEIN. Et par rapport aux français, AETHERIAN partage de grosses similitudes : du Melodic Death mené avec hargne et mélancolie, qui dépeint une image désabusée du genre humain.
Mais j'ai trouvé chez ces derniers un petit truc en plus, qui ne tient à pas grand chose : le mélange des genres.

Actuellement, on est dans une mouvance où le Metal noir, pessimiste et sensible est très orienté Post Black, avec ces allers-retours à la guitare, ces mélodies éthérées et un poutrage intensif venu de nulle-part, dont l'équilibre fait que ça laisse l'auditeur sur l’expectative.
L'album d'AETHERIAN est plein de cette logique, et ce dès le premier morceau qui pose une superbe ambiance dans l'intro, avant que le titre ne prenne son temps pour imposer un Melodic Death à la BE'LAKOR. Mais, après avoir bien saisi les codes, après nous avoir rappelé les habitudes d'un genre aux accents expressifs sous des riffs en détresse et mélancoliques, on a cette grosse rupture, et on embraye vers le deuxième titre, « Dark Earth », résolument Post Black dans son attaque.
De manière générale, les articulations au sein du disque ont fait l'objet d'un soin tout particulier. Que ce soit au sein des morceaux, où on alterne parfaitement les parties d'accalmies et les saillies virulentes, ou dans l'intégralité de l'album, où la fin des morceaux enchaîne sur le début du suivant, j'ai été sidéré par la solidité de l'ensemble.
Ces alternances internes sont judicieuses dans la mesure où le groupe joue sur la notion de « mouvements ». Oubliez rapidement les couplets-refrains, un titre comme « The Rain » le montre bien : on passe plus par des alternances que par des répétitions mélodiques et, si jamais un mouvement est repris, il subit des modifications, des relectures.



Ici, on comprend également que, wouoh con, on ne pleure pas les riffs ! Et ceux-ci sont incisifs, et tranchent radicalement lorsqu'ils viennent sans crier gare, portés par des breaks soudains. Ainsi, sur les trois premiers morceaux, on est emporté entre vague à l'âme et soubresauts véloces, sous une tension émotionnelle qui force le respect.
L'occasion de se focaliser sur « As The Veil Fades » : ce troisième morceau joue un mid-tempo qui fonctionne sans problème, avec une basse qui vient vraiment ajouter un grain au son par un voile métallique et entêtant. Soudain, lorsque le groupe se décide à faire du MeloDeath pur jus (guitare soliste en avant avec des mélodies cisaillées et batterie qui forme une chape de béton), on se murmure que ça fait mal – la douleur est véritablement exprimée et palpable.

Extatique, l'esprit piqué au plus profond, on poursuit l'écoute avec des accents d'épopée, comme au départ de « Black Sails », avant que ne vienne la tornade pour couper cet élan, gimmick qu'on aura aussi pour lancer « Seeds of Deception » sous un départ légèrement Power. Ce type de jeu en alternances m'évoque REGARDE LES HOMMES TOMBER, avec cette gestion des pauses et des accélérations qui mettent la misère. C'est cette écriture qui fait le sel d'un joyeux brouhaha qu'est « Shade Of The Sun », car ça conduit à une bonne claque qui fait des ravages.

Si, instrumentalement, la bascule entre espoir et mélancolie fonctionne tout à fait, le chant peut, à la première écoute, peiner à convaincre. Cependant, le growl frôlant le maladroit dans « Wish Of Autmun Twilight » prend tout son sens par la suite du premier titre : on est sur la frontière, et le chant a quelque chose d'émouvant, comme un cri dans la gorge qu'on a trop longtemps retenu, et qui sort enfin, vrombissant, vibrant d'émotion.
Et viennent alors ces parties instrumentales, où les guitares se détachent par des notes qui semblent solitaires au milieu d'un magma massif et implacable – inéluctable, presque.
Le chant revient, la rythmique se fait vive, puis se relâche : ça nous empoigne pour nous imposer ensuite de contempler un paysage de crépuscule, via un solo teinté d'un espoir désabusé, lorsque nous savons que l'horizon est inatteignable, mais qu'on peut ne peut s'empêcher de s'imaginer le rejoindre au prix d'un grand sacrifice...
C'est ça que je recherche dans ce type de musique : que l'aspect « Melodic » me serre le cœur, me blesse presque, mais d'une tendresse sous-jacente qui fait que j'en réclame encore.
Les parties s'enchaînent avec intelligence, et putain ces breaks conduisent à des parties très surprenantes, qui en deviennent quasi-orgasmique, le genre qui produisent l'effet « Oh putain... »

Rythmiquement et progressivement : impeccable.



C'est avec enthousiasme et plaisir que j'ai découvert « The Untamed Wilderness », et c'est avec ces mêmes sentiments que j'en parle ; après des essais timides, AETHERIAN a trouvé sa manière d'écrire et de raconter une histoire en jouant sur les frontières. De fait, le Melodic Death qu'ils produisent est cohérent, réfléchi et juste. Le groupe nous prouve dès le départ qu'il prend les codes et se les approprie à leur façon, c'est à dire en mélangeant les genres du Post Metal, du Post Black, en ajoutant un soupçon de Prog façon BE'LAKOR : leur musique devient automatiquement authentique. Cet album prend le temps, et respecte l'auditeur. Il a véritablement compris que ça ne servait à rien de jouer d'effets pour attirer le chaland. Le but n'est pas de vendre des galettes à la tonne, mais de proposer une musique sincère et sans artifice. Cette démarche ignore l'efficacité, si bien que le disque ne parlera pas à tout le monde. Mais ceux qui l'apprécieront ressentiront quelque chose de très fort – de poétique, presque.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

2 COMMENTAIRE(S)

MoM citer
MoM
30/11/2017 19:33
note: 8.5/10
donvar a écrit : Je pensais plus entendre ce genre de disque en 2017. Un vrai bon disque "à l'ancienne".
Du coup je vois pas forcément ce que le "modern" vient foutre dans l'étiquette Sourire


Les inspirations Post Black, surtout, qui n'ont rien de très old school Sourire
On a, je trouve, un enrichissement par une manière assez actuelle de gérer le rythme, avec des accalmies planantes et un poutrage sur des rythmiques Black, qui m'ont évoqué Regarde Les Hommes Tomber.

"Mais, après avoir bien saisi les codes, après nous avoir rappelé les habitudes d'un genre aux accents expressifs sous des riffs en détresse et mélancoliques, on a cette grosse rupture, et on embraye vers le deuxième titre, « Dark Earth », résolument Post Black dans son attaque. "

Donc, oui, je suis d'accord avec toi, y a de la veille école, vu qu'on entend du Be'Lakor, mais on a aussi du neuf avec cette incursion Post Black.

C'est comme Krimh qui met du Djent dans sa musique, ou Atlantis Chronicles qui met du Deathcore dans son Melodic Death, ça donne une touche qui n'aurait pas été présente il y a dix-vingt ans.

Peut-être je me trompe, en tout cas je l'ai ressenti comme ça Sourire
donvar citer
donvar
30/11/2017 16:41
note: 8/10
Je pensais plus entendre ce genre de disque en 2017. Un vrai bon disque "à l'ancienne".
Du coup je vois pas forcément ce que le "modern" vient foutre dans l'étiquette Sourire

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Aetherian
Modern Melodic Death Metal
2017 - Lifeforce Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (1)  8/10
Webzines : (7)  7.71/10

plus d'infos sur
Aetherian
Aetherian
Modern Melodic Death Metal - 2013 - Grèce
  

vidéos
Seeds of Deception
Seeds of Deception
Aetherian

Extrait de "The Untamed Wilderness"
  
The Rain
The Rain
Aetherian

Extrait de "The Untamed Wilderness"
  
Dark Earth
Dark Earth
Aetherian

Extrait de "The Untamed Wilderness"
  

tracklist
01.   Wish of Autumn Twilight  (07:26)
02.   Dark Earth  (07:16)
03.   As the Veil Fades  (05:38)
04.   Black Sails  (07:18)
05.   Seeds of Deception  (05:47)
06.   Shade of the Sun  (06:51)
07.   Clouds Gathering  (02:50)
08.   The Rain  (05:45)
09.   The Path  (05:25)

Durée : 54:16

line up
parution
24 Novembre 2017

Essayez aussi
Krimh
Krimh
Gedankenkarussell

2017 - Autoproduction
  
Atlantis Chronicles
Atlantis Chronicles
Barton's Odyssey

2016 - Apathia Records
  

Surprise de l'année
Teitanblood
Seven Chalices
Lire la chronique
Blood Red Throne
Nonagon
Lire la chronique
Severoth
By the Way of Light (Шляхом...
Lire la chronique
Mathilde
32 décembre
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Fleshwater
We're Not Here To Be Loved
Lire la chronique
Houwitser
Sentinel Beast
Lire la chronique
Chapel Of Disease
Echoes Of Light
Lire la chronique
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
A Somber Funeral
Summertime Sorrow
Lire la chronique
Purulency
Transcendent Unveiling Of D...
Lire la chronique
Panzerchrist
All Witches Shall Burn (EP)
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
Ost
Œuvres Mortes (Démo)
Lire la chronique
Benighted
Ekbom
Lire la chronique
Yattering
Genocide
Lire la chronique
Cave In
Creative Eclipses (EP)
Lire la chronique
Exocrine
Legend
Lire la chronique
Yawning Man
Long Walk Of The Navajo
Lire la chronique
Rivers Like Veins
Architektura przemijania
Lire la chronique
Råtten
La Longue Marche
Lire la chronique
Vircolac
Veneration
Lire la chronique
Dwarrowdelf
The Fallen Leaves
Lire la chronique
Purulent Remains
Fermented Death (EP)
Lire la chronique
Griffon
De Republica
Lire la chronique
Anthropovore
Parthénogenèse
Lire la chronique
Bleak Sanctuary
The Dark Night of the Soul
Lire la chronique
Drunemeton
Tir nan Og
Lire la chronique
Resistance
Cyclic Terror (EP)
Lire la chronique
One Day In Pain
In Pain We Trust
Lire la chronique