Canine - The Uprising
Chronique
Canine The Uprising
La ténacité, ça paye. L'an dernier, CANINE m'avait déjà séduits avec leur single "From Ashes", mais je n'avais pas suffisamment de matériau pour en faire une belle chronique sur Thrasho. J'avais donc mis le quatuor sous le boisseau et attendu la sortie d'un album que j'espérais aussi cool que le single. Le disque en question, The Uprising est sorti le mois dernier et son écoute confirme les premières impressions. CANINE, ça mord (excuse-moi, cher lecteur, pour ce calembour à deux francs).
CANINE officie dans le Metalcore tendance Power US. Eux ils disent Groove Metal mais ça ne veut pas dire grand chose. Je sais, c'est le terme "inventé" pour qualifier PANTERA et tous les clones qui se sont engouffrés dans la brèche ouverte par les frères Abbott. Mais j'ai toujours eu beaucoup de mal à "définir" le Groove Metal et encore plus à trouver des points communs entre PANTERA et ses clones. Donc Power US, je trouve ça plus parlant pour englober des groupes aussi différents que MACHINE HEAD, LAMB OF GOD et CANINE. Vous allez me dire qu'ils ne sont pas américains, mais le Power US, comme le Hard US, sont des genres musicaux qui s'exportent bien et il est donc tout à fait possible d'en jouer à Tel Aviv car, pour reprendre une belle citation de Pierrick Valence (PHAZM), à propos du Black Metal Norvégien : "On n’est pas obligé d’être norvégien. Un africain pourrait très bien se reconnaître dans cette forme de réflexion là. Il y a des groupes de Reggae en Russie, qui sont certainement très bon. Cela serait vraiment très prétentieux de la part des norvégiens de dire qu’il faut être norvégien pour faire du Black norvégien. Il y a des groupes de Blues en France, ils ont pas ramassé le coton dans les années 40".
Pour en finir avec ce volet catégories, j'ai rangé CANINE dans le Metalcore même s'ils n'ont pas le travers pénible consistant à alterner des phases agressives portant un screaming avec d'autres plus mielleuses portant un chant clair et vaguement mélodique. Même si The Uprising n'est pas totalement exempt de passages mielleux / chant clair, ils sont heureusement suffisamment peu nombreux pour que le propos des Israéliens se rapproche plus de LAMB OF GOD que de KILLSWITCH ENGAGE.
Il y a une vraie belle construction narrative dans les compos de The Uprising et ce dès le premier titre, "Silence Before Chaos" dont l'intro instrumentale et la progression vers un chaos organisé avec des éléments de Djent est particulièrement bien fichue. Lorsque ça pète, ce qui saute hélas aux oreilles, et qui ne fera que se confirmer par la suite, c'est que la batterie est un peu le parent pauvre de la musique du quatuor. Peut-être, justement, parce que ledit quatuor ne compte aucun batteur et que c'est un musicien de session qui est venu massacrer les fûts. Peut-être aussi parce qu'au moment de mixer les pattern de batterie avec le reste des compos, l'ingé son n'a pas réussi à gommer la sonorité un peu molle de certains plans de grosse caisse, notamment sur "Silence Before Chaos". Mais heureusement pour nos petites oreilles, le son des percus est changeant et le pire côtoie l'acceptable. Si ce premier titre a de gros relents de LAMB OF GOD, le reste de la tracklist n'est pas de la même eau et on peut féliciter les fils d'Abraham pour leur capacité à digérer différentes influences pour en faire une synthèse entre modernité et classicisme. Je suis bien conscient de la vacuité de cette affirmation, alors je m'explique : CANINE propose une musique audacieuse et ambitieuse. Le quatuor met au goût du jour des recettes déjà éprouvées. Si l'on considère que tout ou presque a déjà été inventé dans le Metal, le talent d'un groupe actuel se mesure dans sa capacité à recycler les bonnes vieilles recettes sans que son plat sente trop le réchauffé. C'est ce que parvient à faire CANINE dans son album. On a l'impression d'entendre des choses déjà entendues chez d'autres, mais la réinterprétation qu'en font les Israéliens est suffisamment inédite pour que l'écoute n'en soit pas réberbative. Loin de moi l'idée de vous faire une énumération des emprunts, vous saurez bien les trouver vous-même. Et si vous ne les identifiez pas, c'est qu'ils ne sont pas aussi marquants que cela, un autre bon point pour CANINE! (par exemple, le pinch harmonique sur "Last Word Forever", s'il rappelle un peu la tendance de Zakk Wilde à en saupoudrer tous les titres de BLACK LABEL SOCIETY reste un trick de gratteux assez standard qui ne sent pas trop la repompe à outrance).
Il y a quand même un gros volet Metalcore dans le travail de CANINE et cette fameuse alternance de screaming et de chant clair parfois un poil trop sirupeux "Last Words Live Forever" qui pourrait en exaspérer plus d'un, à commencer par votre serviteur. Mais les parties "claires" sont finalement assez espacées et brèves pour ne pas rendre la mixture indigeste ni rédhibitoire. Pour le reste, voici un album plein de bonnes choses qui démontre que le Metal de qualité est à la portée de tous, pour peu qu'on se sorte un peu les doigts.
| rivax 11 Décembre 2017 - 608 lectures |
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