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Death Technique : les indispensables

Dossier

Death Technique : les indispensables
Quoi, tu ne sais pas ce qu'est un contrepoint ? Tu as toujours cru que le dodécaphonisme était une espèce de mille-pattes, le sweep une pratique sexuelle et un triolet de doubles croches une recette de cuisine ? Qu'importe, il n'est pas besoin d'être un expert en solfège pour écouter même la musique la plus technique qui soit – en matière de metal au moins – le death technique. Pour pratiquer la lapalissade, je pourrais dire que le death technique, c'est du death, mais technique. Derrière cette formule évidente se cache une vérité plus complexe : le death technique, c'est un style qui sur une base de death metal développe la mélodie la plus élaborée possible par le biais de la technique. Contrairement à ce que certains pourraient penser un peu vite, la technique n'est pas une fin en soi, elle n'est qu'un moyen, celui de surprendre, de créer une phrase mélodique que d'autres styles de metal ne pourraient envisager. C'est une définition qui peut paraître discutable au vu de l'utilisation du terme « technique » en sus de celui de « mélodique », car c'est un fait, on peut faire technique sans faire mélodique. Mais c'est la définition qui colle parfaitement aux albums qui marquèrent l'apparition du genre, et ont marqué une petite révolution dans le monde encore très récent à l'époque, du metal extrême. Puis c'est mon dossier, c'est moi qui décide, non mais.

Pourquoi faire un dossier sur le death technique ? Parce qu'en premier lieu c'est le genre que j'apprécie par dessus tous dans l'univers du metal, et qu'à l'époque où j'ai commencé à penser à ce dossier, en été 2009, le style venait de connaître un véritable renouveau, que je croyais à l'époque pérenne mais qui s'est visiblement arrêté aussi vite qu'il est venu. Mais aussi et surtout parce qu'il est bon de faire le point sur le passé d'un style si atypique, de constater son évolution, de rappeler ses racines, et de faire découvrir quelques perles à côté desquelles vous êtes peut être passés. Quoiqu'il en soit gardez à l'esprit que ce dossier ne sera pas finalisé à sa mise en ligne, même si l'on travaille à le compléter depuis plus de deux ans, qu'il sera donc étoffé au fur et à mesure des chroniques des vieilleries que nous ne manquerons pas de mettre en ligne et des nouvelles sorties que nous ne raterons pas, sauf si on délocalise en Chine pour minimiser les coûts de production.
Si un album de death technique que vous avez en tête, chers lecteurs, ne figure pas dans ce dossier, sachez qu'il peut y avoir plusieurs raisons à cela : soit vous n'y connaissez rien en death technique et vous pensez que les musiciens de Gojira – votre groupe préféré – sont super balèzes, et vous réclamez qu'ils apparaissent dans ce dossier, auquel cas il faudrait sérieusement penser à consulter un psychothérapeute. Soit c'est loin d'être un indispensable. Soit encore le groupe auquel vous pensez ne respecte pas totalement les codes du genre et peut être qualifié à bon escient d'une autre manière (mélodeath, deathcore, death progressif, brutal death technique...). Soit enfin c'est un oubli, et je compte bien sur vous pour le réparer. Dans tous les cas, je compte également sur vous pour évoquer dans les commentaires d'autres pistes qui n'auraient pas leur place ici, des albums susceptibles de plaire aux techno-deatheux qui constituent l'élite du metal. Car disons-le, être fan de techno-death, c'est, en plus d'une marque de goût indéniable, la garantie d'être intelligent, grand, fort, et de devoir porter des lunettes. Tout l'inverse de Keyser en somme.

Les origines du death technique sont aussi nombreuses qu'il y a de gens s'étant penchés sur la question. Tout d'abord et pour bien situer le contexte je tiens à tordre le cou à une idée très répandue : non, le death technique ne se rapproche pas du jazz. Évidemment Cynic et Atheist auront largement contribué à répandre cette fausse impression vu que leurs influences viennent beaucoup du jazz fusion de Mahavishnu Orchestra, de Allan Holdsworth ou des expérimentations de Mike Oldfield. On ne peut pas le nier, ces gens là, et le jazz fusion en général sont une influence majeure pour les guitaristes du death technique d'aujourd'hui, mais seulement d'une poignée des groupes de la première heure. Car si on veut jouer au jeu de l'œuf et de la poule, on ne peut pas nier que le death technique se rapproche plus de la musique classique que de n'importe quoi d'autre (hors influences metal j'entends), écoutez donc le trop méconnu Mendelssohn pour vous en persuader, et découvrir au passage que Spawn Of Possession a un ancêtre direct de 200 ans. Et s'il l'on en revient au XXe siècle on peut noter des traces de Schostakowitsch, de King Crimson pour le prog, ou bien encore de Philip Glass dans ses heures les plus folles – c'est encore plus flagrant pour le brutal death technique. Réduire donc le death technique à un style qui mélange vaguement death metal et jazz est une démarche effroyablement lacunaire, un groupe comme Arsis par exemple se rapprochant instinctivement de Bach, alors que les influences jazz sont difficilement perceptibles.
Du point de vue du metal, le death technique naît d'un mélange d'influences du death metal des premières heures, à savoir Possessed, Death et Pestilence, avec le techno-thrash à la Watchtower ou Coroner, pour ne citer qu'eux. Ce sont d'ailleurs Pestilence puis Death, dont la démarche a largement été expliquée dans les chroniques, qui en évoluant vers la recherche mélodique déclencheront un effet boule de neige, sachant que Atheist, Nocturnus ou Cynic feront également évoluer leurs compositions dans ce sens à la toute fin des années 80.

Et là vous allez me dire : comment fait-on pour distinguer précisément le contour d'un style par définition évolutif et flou ? Vous vous-en doutez, on ne peut pas, et le débat d'étiquette peut s'avérer sans fin. À titre d'exemple, il y a eu il y a quelques années de cela un débat passionné au sein de la rédaction de Thrashocore : Necrophagist, death technique ou brutal death technique ? Je soutenais envers et contre tous que les allemands pratiquent bien du death technique malgré les vocaux brutal death, et ce pour la simple et bonne raison que la musique du groupe n'est pas ancrée dans une optique de brutalité constante mais ralentit et aère souvent ses compositions avec des transitions extrêmement mélodiques, contrairement à un Origin ou un Severed Savior dont on perçoit bien la démarche de rouleau compresseur. Oui, mais alors le dernier Decrepit Birth, qui est d'une mélodie constante, pourquoi ne serait-il pas dans ce dossier au même titre que les albums de Necrophagist ? Même si je pourrais essayer de soutenir mon propos avec quelques éléments cohérents (la densité des compositions, l'omniprésence de la vitesse), on se rend compte qu'on arrive toujours aux mêmes problèmes de frontières entre les styles qui sont le lot de tout débat sur les étiquettes.

Comment ai-je réussi à distinguer les albums qui versent dans le death technique des autres alors ? C'est bien simple, je m'en suis remis à l'avis arbitraire de quelqu'un pour qui j'ai la plus grande estime : moi-même. Car pour pouvoir échafauder un tel dossier, il faut savoir faire des choix cornéliens, et composer avec une variable aussi imprévisible que mes goûts si particuliers. Mais comme le death technique est le genre que j'affectionne le plus, et sur lequel j'estime à peu près pouvoir parler en connaissance de cause, je m'autorise à trancher dans le vif selon des critères qui pourront paraître étranges voire absurdes à certains, mais qui peuvent se justifier au regard de l'histoire du genre, des fondations qu'ont jeté les grands anciens au début des années 90. Comme je l'évoquais au début de mon propos, le death technique repose sur un principe simple : la technique au service de la meilleure mélodie possible. Sur des bases assurément death metal (chant, guitare rythmique, blasts et autres martelages de grosse caisse, rapidité d'exécution...), des développements complexes de mélodies qui ne le sont pas moins se font par l'intermédiaire d'une ou de l'ensemble des guitares, de la basse, et par des finesses à la batterie que l'on ne retrouve pas dans le death metal la plupart du temps.
J'ai donc décidé d'exclure d'office tout ce qui comporte des saccades sans développement mélodique supplémentaire, même en faible quantité (adieu deathcore et death moderne technique, vous ne trouverez pas ici les derniers Martyr, ou des horreurs à la Centaurus-A), tout ce qui ne comporte pas un minimum de vocaux death metal (adieu Coprofago et Alarum, même si le nouvel album devrait prêter à débat), et tout ce qui se rapproche trop du death progressif ou de la fusion (Kalisia, Chrysalis, Fairlight, Canvas Solaris, Exivious) ou du brutal death technique (Decrepit Birth, Atheretic, Spawn Of Possession...), qui fera sans doute l'objet d'un futur dossier. Même tarif, et ça m'est particulièrement douloureux, pour des groupes qui comportent énormément d'éléments death technique mais qui sont aussi dans une optique de totale efficacité et ne proposent que peu ou pas de passages aériens et de développements mélodiques complexes, comme c'est le cas avec les excellents Burning Inside, Neuraxis, Psycroptic, Deadborn ou les second et troisième albums d'Anata. Que voulez-vous, il faut bien faire un choix à un moment, et j'ai fait celui de me contenter du death technique dans la grande tradition du style, celui qui tricote incessamment une mélodie aérienne, légère et planante, qui se fait intimiste et joue énormément sur le ressenti et le feeling plutôt que sur la brutalité ou l'efficacité. N'allez pas croire pour autant que ces deux derniers éléments ne soient pas présents dans la plupart des albums ci-dessous, ils y sont bien, mais ne découlent pas nécessairement de la volonté première du style. Seules dérogations à ces sacrosaints principes, les œuvres des grands noms du style, parfois assez primaires pour les premières, et qui permettront de montrer à quel point le death technique était revenu à la mode à la fin de la première décennie du nouveau millénaire pour les plus récentes.

Le but n'est évidemment pas de prétendre à l'exhaustivité, ce serait idiot de réunir ici tous les albums qui ressemblent de près ou de loin à du death technique puisqu'il est impossible de définir précisément le style. L'intérêt de ce dossier est d'établir un ensemble d'albums musicalement cohérents dans un intervalle qui va de Cynic à Necrophagist, et qui dans un souci de montrer l'évolution du style présente toutes ces œuvres dans l'ordre chronologique plutôt que par affinités stylistiques. En regardant les dates de sorties des albums présents dans le dossier, on peut constater qu'il y a des périodes fastes et des périodes de disettes, qui assez ironiquement sonnent toutes relativement différemment, et marquent l'apogée de tendances voisines au death technique. Quatre grandes périodes, s'étalant sur plusieurs années, s'imposent donc naturellement :
- La naissance du style, l'évolution de Death et Pestilence vers un horizon plus technique, l'apparition de Atheist, Nocturnus, Cynic, Sadist... Bref, tous les grands noms du death technique ont pris naissance entre 1989 et 1993, et ont continué à nous abreuver de quelques joyaux encore un ou deux ans après cela. C'est la grande époque du « techno-death » (pour technical death metal) comme l'appelleront les Américains, qui se développe peu après le désormais quasi inexistant « techno-thrash », représenté entre autres par Watchtower et Coroner. C'est aussi l'apparition du death progressif qui ne s'imposera jamais comme un courant majeur vu son faible nombre de représentants.
- Au milieu de la décennie 1990 le death metal s'efface devant la déferlante black metal et le death technique en pâtit aussi : c'est le creux de la vague qui durera presque dix ans, où les grands ont soit pour la plupart splitté (Pestilence, Nocturnus, Atheist, Cynic), changé de style (Sadist juste après Tribe), ou sortent de très rares albums (Death avec The Sound Of Perseverance)... Très peu de groupes de death technique prennent alors la relève, bien que de grands noms comme Theory In Practice, Necrophagist et Quo Vadis s'y fassent connaître. En attendant, il faut plutôt compter sur de petites formations qui resteront pour la plupart dans l'anonymat : Carcariass ou Gory Blister. C'est aussi la période de domination d'un death metal beaucoup plus évolué techniquement que ses ancêtres old-school américains ou suédois avec une scène américaine qui se radicalise et une scène polonaise qui connaît son apogée. Des groupes comme Decapitated, Psycroptic ou Neuraxis pratiquent un death metal véritablement technique sans pour autant verser dans le style qui nous intéresse ici.
- Les années 2004 à 2009 ont marqué le retour en grâce d'un style trop vite perdu de vue. Non seulement de nouveaux groupes tous plus excellents les uns que les autres sont apparus ou se sont fait connaître comme Arsis, Gorod, Illogicist, Unreal Overflows ou Obscura, mais d'autres ont en plus confirmé les espoirs que l'on plaçait en eux, Quo Vadis et Anata notamment. Et c'est sans compter sur le retour très réussi de Cynic, ainsi que la renaissance de quelques grands noms comme Sadist ou Atheist, qui même s'ils ne font plus tout à fait du death technique, méritent toute fois une place de choix ici, ne serait-ce que pour l'influence énorme qu'ils ont eu sur la scène d'aujourd'hui. Parallèlement c'est le brutal death qui se décide à jouer des choses horriblement compliquées, marquant l'apogée d'une scène dite brutal death technique ultra productive, mais de qualité inégale.
- Depuis 2009 on n'a plus grand chose à se mettre sous la dent soit à cause d'albums qui se font désespérément attendre, comme les nouveaux Necrophagist, Quo Vadis ou Anata, soit parce que certains groupes ont pris d'autres chemins, comme Arsis ou Sadist. Et c'est bien dommage car la dynamique était bien lancée et les ventes comme les gros labels suivaient. C'est l'occasion pour le deathcore mélodique, ses mèches grasses et ses contre-temps vulgaires de remplir l'espace vacant, à mon plus grand malheur.

Comme dit précédemment impossible de lister tout ce qui tend vers le death technique, mais pour les néophytes qui voudraient se servir de ce dossier comme base pour fouiller les contours d'un genre qui leur plaît, citons comme groupes à écouter en vrac et sans être exhaustif : Atrocity (les premiers), Gordian Knot, Twisted Into Form, Aghora, Kalisia, Fairlight, Chrysalis, Canvas Solaris, Exivious, Alarum, Coprofago, Pestifier, Spastic Ink, Blotted Science, Burning Inside, Psycroptic, Pavor, Mindwork, Decapitated, Trauma, Shadows Land, Hieronymus Bosch, Vale of Pnath, Neuraxis, Augury, Descend Into Nothingness et bien d'autres encore.



Place, donc, aux indispensables du death technique.

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La naissance du genre : 1989 - 1995

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Peut être le premier véritable album de techno-death de l'histoire, Piece Of Time reste l’œuvre la plus frontale et moins élaborée du Atheist pré-reformation (on oubliera d'ailleurs sans remords l'après reformation). Bien qu'étant à la frontière du techno-thrash il a le droit de paraître sans problème dans ce dossier tant le groupe aura été influent sur la scène des années durant. Une sorte de mètre-étalon qui marque les débuts de ce que l'on n'appelait pas encore le death technique.

  
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