Behold! The Monolith + Chrch

C'est après avoir tourné encore et encore dans Fribourg que je trouve enfin le White Rabbit Club, salle coincée dans un sous-sol que j'ai encore eu du mal à débusquer une fois garé. Bref, les emmerdes accumulées font que je pensais être arrivé en retard, et finalement pas du tout vu que le concert commencera bien après l'heure prévue. Ce qui m'a donc laissé le temps de me poser seul comme un tristus à une table en contemplant ma bière se vider peu à peu. Tout un décorum déprimant pour un genre qui l'est tout autant, vu que le Dimanche c'est la fin de semaine et donc un jour idéal pour une soirée sludge. Point positif : la salle est vraiment sympa, bien aménagée et la scène assez vaste pour les groupes, ce qui est étonnant vu la configuration de cette cave-salle-bar.

L'ouverture de cette soirée est confiée à Chrch, parfaits inconnus pour quasiment tout le monde ici. Ce qui n'est pas bien étonnant vu que le quintette s'est formé récemment. Pourtant la maturité affichée par les compositions des Américains nous ferait presque penser le contraire. On se laisse donc aller bien gentiment aux rythmes lourds et pesants d'un sludge / doom pachydermique qui envoie de grosses mandales et brise la nuque comme il faut avant de se calmer pour laisser un peu de répit à l'assemblée. Ces sympathiques pistes proviennent toutes du premier album de la bande, Unanswered Hymns, et j'ai reconnu la très agréable « Stargazer » pour laquelle le combo a tourné un clip. Si la qualité musicale est présente, c'est pourtant bien vers la frontwoman Eva et son jeu de scène à la Jex Thoth que tous les regards se tournent. Vêtue d'une longue robe noire, le visage caché sous un voile noir transparent, la chanteuse impose le respect dans ce rôle et on regrette que son chant clair soit parfois un peu trop caché par les basses et la batterie. Versatile en plus d'être mystérieuse, Eva balance sans difficultés un chant extrême parfaitement maîtrisé et qui surprend la première fois. On peut quand même féliciter Chrch de ne pas se reposer uniquement sur les épaules de la jeune femme et d'assurer derrière. Une bien belle entrée en matière avant la tête d'affiche, le genre de première partie qu'on aimerait revoir plus souvent. Et j'ai bien l'impression que ce sera le cas, vu que les Américains vont se produire lors du Roadburn 2016, ce qui risque bien de donner un coup de pouce à leur côte de popularité. Ce serait franchement mérité vu la prestation de ce soir.

Changement de plateau plutôt rapide pour accueillir les quatre musiciens de Behold! The Monolith, qui se produisent en tant que tête d'affiche. Chrch et eux-mêmes étaient accompagnés de Brothers of the Sonic Cloth sur une partie de la tournée mais ces derniers ne seront pas de la partie à Fribourg, tant pis. Autant vous l'avouer immédiatement, je connais très mal Behold! The Monolith, et le set de cette soirée m'a donné envie d'en découvrir davantage. Récemment intégré au line-up, le chanteur Jordan Nalley était totalement investi dans le concert, agité du début et à la fin et régulièrement au contact de la foule. En plus d'une heure de show, on se demande bien comment celui-ci a fait pour ne pas terminer complètement crevé à la fin du set. Son chant clair était tout à fait convaincant mais ses growls manquaient parfois de puissance et s'entendaient difficilement. Je mettrai ça à nouveau sur le compte du son, qui ne semblait pas être très clément avec les vocalistes. Ses collègues étaient d'un enthousiasme plus mesuré mais palpable également, notamment le bassiste qui avait constamment le sourire aux lèvres. Le stoner / doom du quatuor a le mérite d'être très varié, alternant régulièrement entre des assauts rapides et nets qui font mal à la nuque et des passages très pesants, et mieux maîtrisés par ailleurs. Tout comme Chrch, on ne ressentait presque aucune longueur dans les titres de la formation et donc pas une once d'ennui durant la prestation. Vraisemblablement plus connus en terres allemandes, les Américains ont reçu un accueil très chaleureux de la foule, très réceptive aux morceaux des Californiens. Peut-être un peu trop, vu le WTF d'or du rappel, où un mec a déboulé entièrement nu au milieu des membres du groupe, dansant pendant une quinzaine de secondes avant de repartir de là où il est venu. Gros malaise.

Cet incident à part, Behold! The Monolith a clôturé la soirée avec brio, délivrant un show presque trop court tant il était intense. Me voilà donc particulièrement comblé d'avoir assisté à deux excellents concerts, en espérant voir un public plus fourni la prochaine fois que ces deux formations passeront dans le coin, une quinzaine de personnes seulement ayant fait le déplacement. Faut croire que les Dimanche ne sont pas sludge pour tout le monde.