Deafheaven - Infinite Granite Chronique
Deafheaven Infinite Granite
Il y a des choses qui tiennent à rien, ou à si peu.
Mon ami George par exemple. Il fréquentait il y a une dizaine d’année le club de black metal dans notre cité, celui où j’étais vigile à l’entrée. C’est un club qui existe encore, où l’on s’abreuve en écoutant de la musique, dans une obscurité presque totale. Il y venait de temps en temps, et c’était un rendez-vous qui lui plaisait bien, même s’il n’avait pas trop l’esthétique qui collait. Pas de corpse paint, pas de masque, pas de cheveux long non plus. Mais ça lui correspondait tout de même, et je le laissais entrer malgré tout, parce qu’il avait sa place avec nous, surtout quand il ouvrait la bouche. Sa voix déjà était celle de notre univers, et puis son « look » était tellement loin des standards du BM qu’il en devenait un nouveau symbole. Quoi de plus anticodes que de casser ceux du black metal !?
En 2013-2015, il était sans doute au summum de cette attitude, qui me fascinait. En faisant rayonner le black metal, il était finalement devenu une sale épine dans le pied du genre. Il ne s’en revendiquait d’ailleurs même pas, faisant encore plus rager ceux qui ne voulaient pas le laisser entrer dans le club. D’ailleurs, il n’y venait que parce que certains comme moi l’y invitaient. « Hey, George, il y a une place pour toi ici ! ». Mais au fil des années, on le voyait aussi ne plus trop s’intéresser à nous, et en 2018 il passait même encore une autre étape. Il parlait moins, il laissait ses compagnons de groupe s’exprimer plus que lui. Je l’avais fait entrer quand il était passé, mais même-lui ne venait plus que par habitude. Il avait d’autres lieux où se rendre d’ailleurs, et certains étaient hyper full de paillettes. Son nouvel entourage s’appelait alors HIGH ON FIRE, TRIVIUM, UNDEROATH, BETWEEN THE BURIED AND ME... Et pourquoi pas ?
La déception de le perdre n’est de toute façon pas trop amère. Il y a les souvenirs de tout ce qu’il avait fait à l’époque. Et même si certains s’amusent à la ramener avec le sempiternel : « ah, ah, je t’avais bien dit que c’était un bouffon qui n’était pas de notre monde. », ils oublient que le George de maintenant n’efface pas le George d’antan. Et c’est encore plus valable en 2021. George est de retour, mais il est libéré. Libéré totalement du black metal, et donc même libéré de mes invitations à entrer dans le club. Là, je n’ai plus aucune raison de l’appeler. Il a totalement changé de chemin, de route... de direction ! Cela ne fait pas de lui un connard, mais juste un ancien ami, et un nouvel étranger. Un étranger que j’ai tout de même observé, que j’ai tout de même écouté, mais qui n’est définitivement plus de mon monde. Enfin si, un tout petit peu, mais ce sont plus comme des souvenirs enfouis, qui ressurgissent soudainement (« Great Mass of Color », Villain »)... Il faudrait alors que je le présente à l’un des clubs voisins, peut-être celui qui est au bout de la rue, là-bas, qui passe à ses visiteurs de vieux groupes comme RADIOHEAD, THE SMITHS ou encore RIDE... Ou alors l'autre là, qui passe ALCEST en boucle ! DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. 9 COMMENTAIRE(S) citer | Mièvre n'est clairement pas le mot qui me vient à l'esprit quand je pense Honor Found in Decay, j'avoue
| citer | Krokodil a écrit : Hallu a écrit : Neurosis sur Honor Found in Decay.
Je capte pas trop le parallèle avec Neurosis et ce disque en particulier... D'autant plus que Neurosis s'est réellement adouci avec A Sun That Never Sets (voire déjà Times of Grace si on chipote)...
C'est juste que sur "A Sun..." et "The Eye..." les parties plus "mélodieuses" était pour moi bien intégrées, poignantes, j'avais aucun problème avec. En revanche sur "Honor..." j'avais l'impression de plans post rock bien mièvres, que ce soit par les notes plus claires, ou le tremolo mid tempo classique du post rock, utilisé à bien mauvais escient. Enfin bref, c'est pas un album que j'apprécie particulièrement. | citer | Hallu a écrit : Neurosis sur Honor Found in Decay.
Je capte pas trop le parallèle avec Neurosis et ce disque en particulier... D'autant plus que Neurosis s'est réellement adouci avec A Sun That Never Sets (voire déjà Times of Grace si on chipote)...
Hallu a écrit : le chant est pop à vomir
Le chant est rien du tout tu veux dire ! Léthargique et monotone au possible, même les shoegazeux les plus fainéants (et les moins compétents dira t'on) ont un spectre un peu plus large et/ou varié.
A la rigueur j'aurais préféré un chant beaucoup plus pop et plus singulier, pour sortir justement de la banalité absolue de ces mélodies... Mais pour ça faut les skills, et Monsieur Clarke ne les a pas, hélas. | citer | C'est pour moi aussi l'une des déceptions... Deafheaven perd finalement sa personnalité et son originalité. Et alors que des "médias" plus importants ont l'impression de découvrir quelque chose, je sens plutôt qu'il est rentré dans une catégorie déjà assez chargée... | citer | Elle est tellement connue cette histoire du groupe de métal qui a les crocs, qui impressionne tout le monde par sa hargne, sa rage, son honnêteté, sa souffrance. Puis quelques albums plus tard il se "redécouvre", parle de pureté des mélodies, d'un nouveau courant qui réinvente, que sais-je encore... Combien nous ont sorti ces bobards ? Nouveau courant mon cul, ça se tourne vers le rock, le post rock, le mièvre, le niais, la guimauve. C'est toujours pareil. C'est Cult of Luna, c'est Neurosis sur Honor Found in Decay, c'est Isis, c'est Opeth, c'est Gojira, Mastodon, Queen of the Stone Age, j'en passe et des meilleures. Ils gagnent quelques nouveaux fans qui ne les auraient jamais écoutés, mais ils perdent leur âme d'antan et leur honnêteté musicale. Infinite Granite on dirait du Porcupine Tree, du My Bloody Valentine, du Red Sparowes, mais c'est naze. La batterie fait n'importe quoi, les mélodies sont des clichés post-rock shoegaze vus et revus, le chant est pop à vomir... La bonne pop ça existe oui, quand c'est le conduit musical initial qui te permet de t'exprimer, ça peut être foutrement percutant. Mais là ce n'est pas le cas. C'est juste mièvre. | citer | Bon, et bien à part un morceau (celui que je connaissais déjà là, In Blur) et le finish (qui aurait été nettement mieux sans ces hurlements ridicules) j'ai strictement rien retenu. C'est très joli et très bien foutu et tout, mais c'est tellement générique quoi. T'as 30 albums de shoegaze/dream-pop comme ça qui sortent chaque année et qui ont plus de choses à raconter... C'est un peu con parce que le chanteur qui manie bien 2 notes et surtout pas plus, c'est totalement dans l'esprit slacker du truc... | citer | Pas encore écouté, mais j'aime bien ta chronique. Va falloir que je m'écoute ça. | citer | Je sais que balek des étiquettes, mais j'ai jamais capté où était le black metal dans ce groupe (qui depuis le début me toujours fait penser à Envy... à Dead Sinking Story et Insomniac Doze en particulier... et en moins bien). Mais why not après tout ? Le seul morceau que j'ai écouté sonne comme un genre de déclaration d'amour à Slowdive et ça me dérange pas trop à priori... | citer | Honnêtement je ne suis pas surpris du changement de cap sur cet album, mais je pensais que quelques titres bien rageurs sauveraient un peu les meubles, il n'en est rien, tout est trop sucré, trop lumineux, le groupe semble avoir perdu sa hargne quelque part (la quasi absence de crachats de George joue pour beaucoup), on voit mal comment les fans de la première heure vont adhérer à cette... "évolution" ? (au moins elle et complètement assumée)
En tout cas l'écoute intégrale a été une épreuve douloureuse pour moi, la seule image qui m'est venu (à plusieurs reprises!) c'est un parc d'attraction avec un enfant léchant une barbe à papa toute dégoulinante, beurk! Mais ça a eu le mérite de me donner vite envie d'écouter du sombre, du ténébreux, du mystique, du poisseux, tiens le dernier WITTR, ouf, c'est bon, ça y est, je revis... | AJOUTER UN COMMENTAIRE | notes| Chroniqueur : | 3/10 | | Lecteurs : | (1) 5/10 | | Webzines : | (3) 7.02/10 |
plus d'infos sur | Deafheaven Post Black Metal / Shoegaze - 2010 - Etats-Unis | | |
tracklist| 01. | Shellstar | | 02. | In Blur | | 03. | Great Mass of Color | | 04. | Neptune Raining Diamonds | | 05. | Lament for Wasps | | 06. | Villain | | 07. | The Gnashing | | 08. | Other Language | | 09. | Mombasa | Durée : 53:30 |
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9 COMMENTAIRE(S)
01/09/2021 12:21
01/09/2021 11:56
Je capte pas trop le parallèle avec Neurosis et ce disque en particulier... D'autant plus que Neurosis s'est réellement adouci avec A Sun That Never Sets (voire déjà Times of Grace si on chipote)...
C'est juste que sur "A Sun..." et "The Eye..." les parties plus "mélodieuses" était pour moi bien intégrées, poignantes, j'avais aucun problème avec. En revanche sur "Honor..." j'avais l'impression de plans post rock bien mièvres, que ce soit par les notes plus claires, ou le tremolo mid tempo classique du post rock, utilisé à bien mauvais escient. Enfin bref, c'est pas un album que j'apprécie particulièrement.
31/08/2021 12:16
Je capte pas trop le parallèle avec Neurosis et ce disque en particulier... D'autant plus que Neurosis s'est réellement adouci avec A Sun That Never Sets (voire déjà Times of Grace si on chipote)...
Hallu a écrit : le chant est pop à vomir
Le chant est rien du tout tu veux dire ! Léthargique et monotone au possible, même les shoegazeux les plus fainéants (et les moins compétents dira t'on) ont un spectre un peu plus large et/ou varié.
A la rigueur j'aurais préféré un chant beaucoup plus pop et plus singulier, pour sortir justement de la banalité absolue de ces mélodies... Mais pour ça faut les skills, et Monsieur Clarke ne les a pas, hélas.
28/08/2021 15:56
27/08/2021 10:29
25/08/2021 22:31
25/08/2021 07:41
24/08/2021 23:40
24/08/2021 16:23
En tout cas l'écoute intégrale a été une épreuve douloureuse pour moi, la seule image qui m'est venu (à plusieurs reprises!) c'est un parc d'attraction avec un enfant léchant une barbe à papa toute dégoulinante, beurk! Mais ça a eu le mérite de me donner vite envie d'écouter du sombre, du ténébreux, du mystique, du poisseux, tiens le dernier WITTR, ouf, c'est bon, ça y est, je revis...