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Portal - Avow

Chronique

Portal Avow
Sinistre. S’il y a bien un adjectif que l’on voudrait garder au-dessus des autres pour tenter de circonscrire ce que joue Portal – et ce qui explose peut-être plus que jamais sur Avow –, c’est bien celui-là. Son début sifflant, ses syllabes qui serpentent, se répètent et s’alitèrent avec la finesse d’une perversion, son râle final qui exprime que quelque chose grogne, au fond. Sinistre, un mot qui contient déjà en lui ce qu’il définit, la crainte d’une catastrophe qui attend son heure pour surgir.

Avow est sinistre, donc. Sinistre avec une puissance d’évocation dont on sait capable Portal mais qui n’agrippe pas moins. Clairement, il y avait un défi à relever après ION, cet album qui ouvrait une nouvelle brèche dans l’univers particulier du groupe australien. Au départ paraissant presque plus austère, plus attendu (à l’échelle de ce qu’a créé la formation), ce nouveau longue-durée donne le sentiment d’être face à une somme de ce qui l’a engendré, un son à la fois caverneux, grouillant, lisible et électrique évoquant aussi bien son grand-frère direct que les historiques Seepia et Outre. Tout juste note-t-on une performance plus hargneuse de la part de The Curator, éructant avec force le long de ces quarante-trois minutes. Cherchant à réfléchir sur le chaos, on trouvera aussi de potentiels signes de faiblesse de la part de ces extra-terrestres du death metal, notamment dans la manière dont se terminent les morceaux, fade-out et répétitions ad nauseam d’un riff délaissé progressivement par la batterie devenant ici des lieux communs.

Voulant prendre en défaut Avow, voilà pourtant qu’on se trouve pris nous-même. Jamais Portal, cette entité sur laquelle on souhaite à chaque fois réfléchir, que l’on veut dépecer, à laquelle on cherche un sens, n’aura paru aussi naturelle, pleine de feeling, crue, abyssale, terrifiante… et sinistre. De quoi se dire que ceux se creusant la cervelle sur le pourquoi du comment, ceux cherchant une preuve concrète du talent des Australiens pour valider leur plaisir à l’écouter, passent à côté de l’essentiel : cette musique-ci se vit car elle est vivante, parvient à dépasser les notions de structures pour devenir mutation dont on ne peut que contempler les mouvements, en observateur-victime. Il y a bien sûr assez de tangible pour avoir le certitude de ne pas laisser l’esprit divaguer sans attaches (le démarrage à haute tension de « Catafalque » ; les guitares maussades et menaçantes de « Manor of Speaking » ; les mélodies de « Bode », préparant le déluge assourdissant de « Drain »...), mais la sensation continue d’être transporté dans une œuvre où les flots comptent plus que les instants prévaut.

Ne clignez pas des yeux pour autant ! Avow est là, derrière, prêt à s’attaquer à vous vos volets fermés, votre esprit pleinement accessible. Comme une noirceur dans laquelle on sent plus que l’on voit des silhouettes bouger, liquides et multiples. Non pas un clair-obscur, mais une frissonnante sensation d’apprendre à voir se dessiner les corps présents dans les ombres. Ce qui est suggéré devient alors étonnamment informe, ravageur, furtivement proche et s’élevant rapidement, des esquisses d’horreurs intérieures dont on a, une nouvelle fois avec Portal, envie d’appuyer le caractère fondamentalement death metal.

Car on pourra bien parler de harsh noise – plus à-propos concernant le faux jumeau Hagbulbia sorti à la même période –, free jazz – bah ! Ce death metal est bien plus libre – ou que sais-je encore pour appuyer la particularité de ce groupe et ce disque, voilà bien ce qui fait leur extraordinaire force : cette façon d’être totalement inscrit dans un genre et son imaginaire, de lui rendre hommage par des méthodes inédites. Avow, dans ses peintures au charbon d’un monde de démons, dans sa béatitude électrisée où les riffs se multiplient en acclamations, nids de guêpes devenant ruches d’invocateurs, dans ses proférations applaudissant le malheur qui vient, est peut-être bien le plus réussi et définitif manifeste death metal de cette bande en évolution constante. Le plus terrible des serments.

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3 COMMENTAIRE(S)

zoltar citer
zoltar
23/09/2021 10:29
Sinistre, indéniablement. Et la chronique réussit l'exploit de bien cerner le truc. Mais perso, c'est là que je lâche l'affaire car trop dubitatif face à tout ce maelstrom car plus je l'écoute et plus je me demande si c'est du lard ou du cochon. Bref, si un truc innovant ou juste une gigantesque blague dadaiste...
Oxcidium citer
Oxcidium
14/09/2021 12:11
note: 9/10
Très bon album comme d'habitude avec Portal. Les pros du death metal se basant sur Lovecraft. Hagbulbia est aussi très intéressant mais disons qu'il faut l'oreille travaillé pour pouvoir apprécié cette album.
Keyser citer
Keyser
13/09/2021 07:49
Sinistre oui, c'est le mot. Excellent écrit d'un disque pourtant complexe à chroniquer mais tu as trouvé les mots justes. En ce qui me concerne, Portal me laisse toujours autant dubitatif. Quelle ambiance en tout cas !

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Portal
Death Metal Expérimental
2021 - Profound Lore Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (5)  8.6/10
Webzines : (3)  8.61/10

plus d'infos sur
Portal
Portal
Death Metal Expérimental - 1994 - Australie
  

tracklist
01.   Catafalque  (10:00)
02.   Eye  (05:36)
03.   Offune  (05:07)
04.   Manor of Speaking  (09:49)
05.   Bode  (07:00)
06.   Drain  (05:28)

Durée : 43:00

line up
parution
28 Mai 2021

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