chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
308 visiteurs :: Invité  » se connecter

Godflesh - Pure

Chronique

Godflesh Pure
Pure, là où Godflesh commence ? C’est généralement ce que je pense de ce disque, bien différent de ses prédécesseurs.

Streetcleaner a mis fin aux tortueuses années 80, entamées par les muscles cyniques des Swans et terminées par les bombes de ce premier album de Justin et sa bande (ici accompagné de l’éternel Ben Green mais aussi de Robert Hampson, supplantant Paul Neville au rôle de deuxième guitariste). Une œuvre culte, à la fois définitive et définissant une certaine scène. Mais Pure donne une autre sensation, dès sa pochette où l’on pourra voir une main calcinée, reste d’une explosion atomique, mais où je perçois la naissance d’un homme-nouveau. Un exemple de plus de mon incompréhension envers ce qu’on attache généralement aux musiques industrielles, celles souvent décrites comme lourdes et noires, violentes d’une domination visant l’extinction, alors qu’elles transpirent une certaine forme de vie. Une vie mécanique et organique à la fois, appuyant une volonté d’existence jusqu’à la hurler avec toute sa force disponible, jusqu’à divaguer dans des nappes spirituelles étrangement atmosphériques.

Il y a de cela dans Pure, délaissant en partie le patronage de Michael Gira ou encore Throbbing Gristle pour embrasser celui de la scène Hip Hop de son époque. « Spite » et « Mothra » mettent directement dans le bain de cette nouvelle direction, les machines et guitares s’habillant d’un groove autoritaire. Pour autant, Godflesh ne s’arrête pas ici à une réinterprétation d’influences : il devient ce qu’il montrera pleinement être par la suite, à savoir un monstre d’émotions, emporté par un souffle le guidant même au sein des ruines créées par Streetcleaner. « I Wasn’t Born to Follow », « Monotremata » ou « Baby Blue Eyes » possèdent cette lumière particulière, fragile, se terrant derrière un son strident, un psychédélisme qui donne une texture presque aérienne à des compositions pourtant bétonnées (la guitare bourdonnante de Robert Hampson sur « Predominance » par exemple, répétant inlassablement les mêmes notes). Pour qui résume Godflesh à ses débuts, ce disque s’apparente à un croc-en-jambe où les quelques rappels d’autrefois (« Love, Hate (Slugbaiting) » prenant pour base un titre de Fall of Because) s’avèrent encore plus expérimentaux que le reste.

Oui, Pure est bien différent de Streetcleaner, raison pour laquelle beaucoup ne dépassent pas l’écoute du premier album de Godflesh. Il y a de quoi être désorienté au sein de cette musique pleine de détours, commençant à regarder vers des années 90 encore jeunes tout en développant son ailleurs à elle avec ferveur, quitte à laisser sur le bord de la route (le final « Pure II » et ses vingt minutes issues d’une improvisation d’une heure entre Justin et Robert, clairement un test de patience si on ne se laisse pas prendre par sa transe). Godflesh y casse alors cette image que l’on peut avoir de lui de loin, celle d’une arme de destruction massive froide et impassible. À partir de « Monotremata », on peut entendre les Anglais jalonner ce qui sera leur champs d’exploration pour les prochaines années, entre écrasement doom, stridences noise-rock, écorchage grunge et mysticisme ambiant. Tout cela afin d’atteindre une vitalité brisée, engourdie, d’une personnalité riche de son temps (une chose que développera davantage Selfless).

Il y a malgré tout des titres implacables sur Pure, notamment au sein de sa première partie. Mais là n’est qu’une part du talent de Godflesh, qui entête, questionne parfois, fait toujours voir un univers mental tel qu’on n’en rencontre pas autre-part. Ce qui fait de cette grosse heure une des plus difficiles d’accès de la bande, aussi fondatrice que fuyante, l’esprit s’écrasant et s’envolant, s’enfermant dans ses obsessions et respirant à trop grande bouffée, une douleur existentielle devenant douleur corporelle. L’histoire veut que Justin ait trouvé le patronyme de la formation dans l’idée que la musique est la voix de Dieu donnant accès à l’élévation spirituelle, l’ajout de la notion de chair étant là pour signaler l’intention d’obtenir cet effet à un niveau physique. Cela en tête, on peut dire que Pure est l’œuvre où Godflesh a mérité son nom.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

1 COMMENTAIRE(S)

BBB citer
BBB
20/01/2022 10:31
note: 9.5/10
Ça fait vraiment plaisir de voir cet album chroniqué, de bien belle manière d'ailleurs.
J'ai longtemps hésité pour la note, le 10 étant très sérieusement envisagé. Mon premier album de Godflesh, ce qui explique sûrement.
Très particulier avec ses rythmiques "mécaniques" et finalement contre toute attente une vraie réussite en live (cf. Roadburn 2013, album joué en intégralité avec Robert Hampson en guest).

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Godflesh
Industrial
1992 - Earache Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (2)  9/10
Webzines : (4)  8.13/10

plus d'infos sur
Godflesh
Godflesh
Industrial - 1988 - Royaume-Uni
  

vidéos
Mothra
Mothra
Godflesh

Extrait de "Pure"
  

tracklist
01.   Spite  (4:31)
02.   Mothra  (4:31)
03.   I Wasn't Born to Follow  (7:22)
04.   Predominance  (6:15)
05.   Pure  (5:02)
06.   Monotremata  (9:20)
07.   Baby Blue Eyes  (4:39)
08.   Don't Bring Me Flowers  (6:48)
09.   Love, Hate (Slugbaiting)  (9:57)
10.   Pure II  (21:16)

Durée : 79:41

line up
parution
13 Avril 1992

voir aussi
Godflesh
Godflesh
Streetcleaner

1989 - Earache Records
  
Godflesh
Godflesh
A World Lit Only By Dub

2024 - Avalanche Recordings
  
Godflesh
Godflesh
Purge

2023 - Avalanche Recordings
  
Godflesh
Godflesh
Post Self

2017 - Avalanche Recordings
  

Essayez aussi
Yerûšelem
Yerûšelem
The Sublime

2019 - Debemur Morti Productions
  
The Body
The Body
Master, We Perish (EP)

2013 - At A Loss Recordings
  
Fange
Fange
Poigne (EP)

2020 - Throatruiner Records
  
The Body
The Body
O God who avenges, shine forth. Rise up, Judge of the Earth; pay back to the ...

2018 - Autoproduction
  

Bomber
Cages and Windows
Lire la chronique
Mitochondrion
Vitriseptome
Lire la chronique
Violent Definition
Progressive Obsoletion
Lire la chronique
Rohan
Suffering with a Smile
Lire la chronique
Stabwound
As Humanity Dies
Lire la chronique
Cattle Decapitation + Revocation + Vulvodynia + Shadow of Intent
Lire le live report
Living Gate
Suffer As One
Lire la chronique
Havukruunu
Tavastland
Lire la chronique
Trollcave
Adoration Of The Abyssal Tr...
Lire la chronique
Sickrecy
Salvation Through Tyranny
Lire la chronique
Undeath
More Insane
Lire la chronique
Repuked
Club Squirting Blood
Lire la chronique
Saor
Amidst the Ruins
Lire la chronique
Blasphemy
Fallen Angel Of Doom....
Lire la chronique
Bilan 2024
Lire le bilan
Mephitic Corpse
Sickness Attracts Sickness
Lire la chronique
Total Hate
Forthcoming Age Of The Reaper
Lire la chronique
ÆTHĚRĬA CONSCĬENTĬA (2ème partie)
Lire l'interview
The Body / Dis Fig
Orchards of a Futile Heaven...
Lire la chronique
The Halo Effect
March Of The Unheard
Lire la chronique
Darkthrone
Hate Them
Lire la chronique
The Freedom of Speech
Generation 3
Lire la chronique
Entretien avec EXOCRINE
Lire le podcast
La photo mystère du 1 Février 2025
Jouer à la Photo mystère
Balefire
Balefire (EP)
Lire la chronique
Rotborn
Shrapnels Of A Panic Spiral
Lire la chronique
Shrieking Demons
The Festering Dwellers
Lire la chronique
Entretien avec CIRCLES OV HELL
Lire le podcast
Aeon of Awareness
The Embracing Light of Raro...
Lire la chronique
Sinister
Hate
Lire la chronique