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Këkht Aräkh - Pale Swordsman

Chronique

Këkht Aräkh Pale Swordsman
L’avantage d’être à la tête d’un one-man band c’est que l’on ne doit rien à personne et que l’on est maitre de son temps. Dans le cas de Këkht Aräkh, cela sous-entend que Dmytro Eugenovich Marchenko gère lui-même et surtout à sa guise l’ensemble du processus créatif, c’est à dire sans avoir à supporter les égos, discussions interminables et autres prises de têtes souvent inutiles qui plombent bien des formations à l’effectif plus conséquent. Bref, le bonhomme fait ce qu’il veut et cela à son rythme.
Moins de deux ans après un premier album particulièrement prometteur, le voilà donc de retour avec Pale Swordsman paru une fois de plus sous les couleurs du label finlandais Livor Mortis (Flešš, Hädanfärd, Hand Of Glory, Lament In Winter's Night, Nächtlich, Obscurité...). Enfin quand je dis « de retour », c’est surtout une façon de parler puisque ce deuxième album est paru il y a déjà bientôt un an... Oui, excusez mon retard, j’aurai probablement pu et dû m’y prendre avant, m’enfin voilà, c’est désormais corrigé.

Pour ce nouvel album, l’Ukrainien a repris l’esthétisme épuré et grisonnant de son prédécesseur mais a pour l’occasion poussé le concept un petit peu plus loin en ne laissant cette fois-ci aucun doute planer quant à ses intentions. Une rose à la main, assis dans son Chesterfield, l’épée négligemment posée contre l’épaule, le regard vide et la mine triste et pensive, Dmytro Eugenovich Marchenko aka Crying Orc, donne en un cliché toutes les pistes pour éluder la question suivante : « mais de quoi s’agit-il exactement ? ». Alors bien entendu si vous avez eu le bon goût de vous lancer dans la découverte de Night & Love après la lecture de ma chronique (ou mieux, si vous connaissiez déjà Këkht Aräkh), vous savez exactement à quoi vous attendre ici. Mais pour les petits nouveaux pour qui cela ne seraient pas le cas, les indices égrenés dans cette photographie sont sans équivoques.

Sans surprise, le groupe renoue donc avec cette musique sombre et romantique dont la particularité est d’alterner les titres Black Metal lo-fi et les morceaux beaucoup plus intimes et émotionnels. Alors certes, le genre en a déjà vu passer, parfois même des vertes et des pas mûres (de ces synthétiseurs sucrés et déjà désuets à l’époque à ces productions innommables en passant par certains accoutrements à vous faire saigner des yeux et surtout mourir de rire et autres mélanges des genres parfois plus que douteux), mais je connais finalement très peu de groupes versant dans ce genre de crédo que celui emprunté par Këkht Aräkh. Pour autant, et si Pale Swordsman ne surprendra aucun de ceux ayant déjà pénétrés l’univers de monsieur Dmytro Eugenovich Marchenko, ce deuxième album n’est pas une pâle (hin hin) copie de son prédécesseur. Le caractère romantique et intimiste y est ainsi nourrit de manière parfois légèrement différente. Exit ainsi dans un premier temps les parties de guitare acoustique en fin de morceau et place à pas moins de quatre titres instrumentaux (sur un total de dix compositions) qui à leur manière vont entretenir une ambiance paisible et sereine malgré pour certains ("Intro", "Amor", "Lily") quelques riffs saturés qui rôdent en arrière-plan. On remarque également que s’il était déjà présent auparavant, le clavier tend désormais à prendre non pas forcément plus de place (on ne l’entend finalement que très peu) mais tout simplement à se faire moins discret. Sur des titres tels que "Thorns" ou "Crystal", ces quelques notes naïves qui résonnent telles des bulles apportent en plus d’un certain contraste, un côté délicat et doux au Black Metal pourtant primitif et rudimentaire de Këkht Aräkh. Enfin, mais c’était déjà le cas sur Night & Love, Dmytro Eugenovich Marchenko conclue ce deuxième album par une ballade au piano toute en émotion qu’il va mener au chant clair tout du long. Un titre qui une fois de plus tranche très nettement avec le Black Metal abrasif et décharné proposé sur les cinq titres restants…

Oui, c’est un petit peu ce que l’on pourrait reprocher à Pale Swordsman qui, une fois débarrassé de ces instrumentaux et autre morceau Emo servant de conclusion, n’offre finalement qu’une petite dose de Black Metal. D’ailleurs un poil moins généreux que son prédécesseur affiché à plus de quarante minutes pour treize titres, ce deuxième album s’avère effectivement un tantinet frustrant même si cette légère sensation est bien vite balayée par la qualité, une fois de plus, de ces nouvelles offrandes qui ne proposent peut-être rien de bien nouveau mais savent systématiquement taper juste (production rachitique, riffs froids et décharnés chant lointain, atmosphères brumeuses et inquiétantes, accélérations entêtantes, mélodies sinistres...). Toujours aussi inspiré par la scène norvégienne du début des années 90, Këkht Aräkh livre là encore un Black Metal dépouillé et rudimentaire au travers d’une production abrasive et pleine de souffle. De Darkthrone à Burzum en faisant un petit crochet par le sud de la France et un groupe comme Mütiilation, l’Ukrainien reprend à son compte une formule vieille de déjà plusieurs décennies à laquelle il va insuffler son savoir-faire et sa vision des choses pour un résultat toujours aussi brut et froid mais néanmoins marqué ici par un romantisme et un sentiment de mélancolie évidents.

Un petit peu frustrant par sa durée réduite et son contenu finalement un poil moins généreux qu’auparavant, Pale Swordsman s’impose pourtant rapidement comme un digne successeur au très bon et prometteur Night & Love. On y retrouve avec beaucoup de plaisir ce qui fait de qu’Këkht Aräkh un groupe à part avec une personnalité marquée et cela en dépit d’une musique qui; effectivement, n’a pourtant rien d’originale. Mais ce mariage surprenant de Black Metal lo-fi et de titres acoustiques dont émanent un romantisme désuet façon 19ème siècle donne assurément toute sa saveur à la musique de l’Ukrainien qui, une fois de plus, n’a aucun mal à convaincre tout au long de cette petite demi-heure. Bref, si vous n’avez pas peur d’un peu de douceur et de sérénité dans votre Black Metal, se plonger dans l’univers de Këkht Aräkh ne serait probablement pas une mauvaise idée.

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5 COMMENTAIRE(S)

AxGxB citer
AxGxB
01/04/2022 08:30
note: 8/10
Alors l'avantage c'est que tu as deux albums à découvrir du coup Clin d'oeil
xworthlessx citer
xworthlessx
01/04/2022 06:59
Très belle découverte que ce one man band, merci! L'écoute m'a ramené avec une nostalgie certaine une quinzaine d'années en arrière. Pour ma part les atmosphères mélancoliques m'ont immédiatement fait penser à Judas Iscariot.
Dommage que la durée soit si courte en effet. Et même l'audacieux dernier morceau passe très bien.
Jej citer
Jej
28/03/2022 15:33
note: 7.5/10
haha les potins du métal, j'avais pas vu le rabibochage. ça n'empêche pas la qualité du taf fournit en tout cas. j'avais vu par facebook oui cette histoire.
AxGxB citer
AxGxB
28/03/2022 14:11
note: 8/10
Ouais j'ai vu ça passer sur Instagram et/ou Facebook. À priori l'Ukrainien avait demandé à bloquer les ventes ou je ne sais trop quoi. Mais bon, apparemment ça s'est arrangé... Bref Mr Green
Jej citer
Jej
28/03/2022 13:41
note: 7.5/10
belle chro, il y en a en effet une sorte de singularité chez Kekht Arakh, qui fait que ça sort un peu de la masse grisonnante et redondante de toute cette scène revival. A creuser/confirmer, mais il me semble que y'a eu de belles tuiles avec Livor Mortis et que c'est de l'histoire ancienne leur partenariat...

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Këkht Aräkh
Black Metal
2021 - Livor Mortis
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (2)  8/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Këkht Aräkh
Këkht Aräkh
Black Metal - 2018 -
  

tracklist
01.   Intro  (01:12)
02.   Thorns  (03:59)
03.   Night Descends  (03:25)
04.   In The Garden  (04:26)
05.   Amor  (02:28)
06.   Nocturne  (02:32)
07.   Amid The Stars  (03:33)
08.   Lily  (02:14)
09.   Crystal  (04:26)
10.   Swordsman  (02:52)

Durée : 31:07

line up
  • Crying Orc / Chant, Guitare, Basse, Batterie, Synthétiseur

parution
10 Avril 2021

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