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Vektor - Black Future

Chronique

Vektor Black Future
« Energetic pulse rippling out from our world
An undead galactic master sleeps within a subspatial realm
Dark waves traverse the astral plane, the demonoid awakes
Nebular projections pierce the fabric of space
The anti-being breaks through...

BLACK FUTURE ! »

Une entrée en scène qui éjacule sa cadence martiale, son groove arracheur de cervicales, aboie un slogan ultra efficace et relance aussitôt la machine : ainsi était posée la première pierre de ce quatuor à vestes à patchs, à frisottis et à frange désirant se faire passer pour un groupe de « revival » tout droit sorti des années 80. Fracassant tout sur son passage, Black Future, incipit des Arizoniens de Vektor en 2009, allait faire longtemps écho dans ma tête. Fondée – puis dissoute en 2016, pour être reformée en 2020 avec un nouveau line-up – autour de David DiSanto, qui en occupe la guitare et la voix dès 2004, la formation se base tout d'abord sur sa complicité avec Erik Nelson, autre guitariste brillant en charge des soli, puis se voit complétée par l'arrivée d'une section rythmique de grande qualité, avec le batteur Blake Anderson en 2007 et le bassiste Frank Chin un an plus tard. Mais de quoi Vektor prétend-t-il être le « revival », au juste ? La référence et l'hommage aux Canadiens de Voivod se ressent jusque dans le logo du groupe. Elle se jette également aux oreilles des auditeurs dans la volonté de pratiquer un thrash metal technique, évolutif, qui ne recule devant aucune frontière de genre. Accoler à ce style immémorial le suffixe progressif fait évidemment sens.

Surtout que ses morceaux atteignent fréquemment des durées déraisonnables et distillent une atmosphère cosmique sombre et poisseuse, illustrée par un visuel tout droit sorti d'un manga de science-fiction à la Gunnm ou de l'esprit malade d'un HR Giger. Toujours cohérentes, les paroles du groupe forment un concept global paré d'une froideur glaciale, évoquant des aventures galactiques nihilistes, exhumant les carcasses fumantes des civilisations perdues et appelant à la destruction totale de l'univers comme le ferait un méchant de comics. Pour satisfaire ces exhortations, le quatuor convoque et détourne habilement les codes du thrash metal pour produire une musique efficace et bourrée de feeling jusqu'à la garde. Outre l'intensité technique que met Vektor dans sa musique, en proposant des passages expérimentaux où pulsent soli dissonants et rythmiques déconstruites, le quatuor sait aussi inviter l'auditeur à poser son cerveau. La simplicité mortelle du refrain de « Asteroid », morceau qui vient chasser sur les terres du heavy metal, mettra tout le monde d'accord :

« Asteroid ! Filling the sky
Asteroid ! Reflecting in their wide eyes
Asteroid, an eternal moment in time
Paralyzed! »

Et que dire de sa déferlante finale, introduite par un motif mid-tempo ravageur qui relâche dare-dare un troupeau de soli aliénés! Il en va de même pour le bestial « Hunger For Violence », qui mélange habilement les moments virtuoses et les attaques bas-du-front. Mettre un pied dans Black Future, c'est entrer de plein fouet dans une fournaise de riffs mémorables où fourmillent les rythmiques incisives : l'épique « Destroying The Cosmos » sait autant proposer des attaques de « palm mute » bas-du-front qu'un solo final en « tapping » joué sur un « blast-beat » déflagrateur. « Forests Of Legends », quant à lui, hisse ce premier full-length à des hauteurs insensées. Après son introduction aérienne et contemplative qui le refermera également, le morceau s'illumine d'un passage « groovy » et progressif exceptionnel à 1'49'' qui laisse entendre une délicieuse ligne de basse de Frank Chin menant toute la mélodie en patron... avant de repartir sur une nouvelle phase de « d-beats » percutants. Tout cet ensemble est enrobé d'une subtile couche de black metal, lorsque quelques succins « blast-beats » viennent percer la couche d'ozone. Outre son tempo évolutif, avec de fréquents changements de signature rythmique, le morceau est une véritable chef-d'oeuvre dans sa capacité à enchaîner les riffs totalement emblématiques durant dix minutes. Éparpillé façon puzzle entre plusieurs atmosphères maîtrisées à la perfection, l'auditeur ressortira totalement essoré de cet « épique » en forme d'étendard.

C'est bien ce mélange entre brutalité primaire et technicité irréelle qui fait que la recette Vektor fonctionne totalement. On retrouvera la même bestialité virtuose sur un « Desoxyribonucleic Acid », lui aussi parsemé de délicieuses phases en « blast-beats ». Quant au titre final, « Accelerating Universe », il résume en treize minutes le génie insolent du groupe. Dès que le morceau décolle, galvanisé par un fulgurant « sweeping », l'auditeur est emporté par une déferlante de riffs cosmiques qui s'enchaînent sans temps mort, avant de mourir au pied d'un passage atmosphérique salvateur qui fait respirer l'ensemble pour faire repartir la locomotive vers un grand final apocalyptique. Vektor signe habilement en bas de page : dès ce premier effort, les Arizoniens ont donc su trouver un équilibre quasi parfait, à l'aide d'une production à la fois suffisamment rampante pour laisser ressortir la crasse évidente de leur riffing et suffisamment limpide pour laisser éclater toute leur virtuosité technique. Elle est parfaitement soutenue par les virevoltantes parties batterie de Blake Anderson, armé d'un son de caisse claire impeccable, qui claque la gueule exactement comme il faut. Il maintient une soufflante continue en tartinant des breaks électrisants dans tous les coins, il n'y a qu'à l'entendre se répandre dans « Oblivion »! Chapeau bas à Byron Filson qui a su offrir à ce Black Future un son parfait.

Seule la voix un brin monocorde du guitariste David DiSanto, principal défaut de Vektor, pourrait quelque peu gâcher la fête. Celle-ci a pourtant un charme évident, notamment lorsque le bonhomme pousse des cris d'orfraie emblématiques, référence amusante au thrash metal qui perturbe les bonnes familles américaines et corrompt ses enfants prodiges depuis des lustres. Ses gimmicks parfois un brin forcés restent très plaisants (lorsqu'il roule les r dans le refrain d'« Asteroid ») et renvoient directement cette époque insouciante. Le frontman participe à la virtuosité ambiante en mitraillant une décharge de négativité qu'expriment ses paroles denses, bien plus savamment étudiées et profondes qu'elle ne paraissent au premier abord. Les quelques variations qu'il tente dans plusieurs morceaux comme « Dark Nebula » (lui aussi vêtu d'une parure très black metal), en tirant par moment sa voix vers des tons plus profonds rafraîchit un ensemble qui reste tout de même assez peu varié. En effet, sa tessiture de charognard perdu dans l'immensité de l'espace n'apporte pas une grande plus-value, tant Vektor brille tout autant quand David DiSanto se tait et balance aux côtés de ses pairs ses cavalcades instrumentales totalement jouissives.

Trêve de bavardages, Vektor administrait en 2009 une salade de phalanges qui a fait date, au-delà même du milieu underground dans lequel le groupe était destiné à s'épanouir. À tel point qu'il passait à l'époque pour une révélation ultime, une punition nécessaire qui a laissé bien des auditeurs groggy. Était-ce un coup d'un soir ? Absolument pas. Les deux successeurs de ce premier opus viral offrirent autant d'occasions de tendre l'autre joue. Si Black Future, cette première sortie aussi surprenante qu'exceptionnelle, était bien difficile à égaler du fait de son statut historique, mon prédécesseur ne s'était pas trompé en portant aux nues Terminal Redux (2016), dernier full-length en date, sur votre webzine préféré. Le cadet Outer Isolation (2011) devrait également satisfaire sa tendance brutale et contenter sa faim de violence...

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5 COMMENTAIRE(S)

MoM citer
MoM
02/09/2022 19:36
Je suis ravi de voir Voay prendre la suite sur le créneau du Prog Sourire
J'avais chroniqué de façon très élogieuse Terminal Redux, que j'avais trouvé excellent et que j'avais écouté plusieurs fois de bout en bout.
Aujourd'hui, je ne reviens plus sur Vektor, et ça m'interroge sur "l'effet choc" que peut avoir un groupe et sa teneur sur la durée. Clairement, Vektor a des atouts, mais ça n'a pas fait date dans mon coeur...
En revanche, Black Future, qui était l'album que j'aimais le moins quand j'ai découvert le groupe en 2013 tant Outer Isolation m'avait subjugué, eh bien je le réécoute souvent et avec bien plus de plaisir qu'auparavant ! Moins conceptuel, ça permet d'avoir des morceaux plus indépendants, t'as le sentiment de picorer à la cool là où Terminal Redux est un banquet interminable - mais bien fichu, ceci dit Clin d'oeil
Mera citer
Mera
02/09/2022 08:28
note: 9/10
Nan mais clairement, y'a pas débat, ça bute sévère ! Mr Green
C'est un sacré pavé à digérer, dur de dire au bout de quelques écoutes comment il compare avec Terminal Redux. Peut-être un poil moins constamment marquant ?

Quand même, c'est con de passer à côté de pépites comme ça pour des préjugés aussi stupide que "nan mais c'est forcément moins bien"... Gros sourire
donvar citer
donvar
29/08/2022 14:28
Tout pareil que mon compère ci-dessous.
Adoré Terminal Redux sans jamais chercher autre chose du groupe. Bizarre, d'autant que les premières écoutes de celui-ci m'ont bien plu aussi pour le moment !
donvar citer
donvar
29/08/2022 14:28
Tout pareil que mon compère ci-dessous.
Adoré Terminal Redux sans jamais chercher autre chose du groupe. Bizarre, d'autant que les premières écoutes de celui-ci m'ont bien plu aussi pour le moment !
Mera citer
Mera
20/08/2022 16:04
note: 9/10
Gros, gros fan de Terminal Redux, je n'ai pourtant jamais rien écouté d'autre du groupe... Peut-être de peur d'être déçu ? Il est grand temps que je rattrape ce retard Sourire

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Vektor
Thrash metal progressif
2009 - Heavy Artillery Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (3)  9/10
Webzines : (3)  8.56/10

plus d'infos sur
Vektor
Vektor
Progressive Thrash Metal - 2004 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Black Future  (05:03)
02.   Oblivion  (04:54)
03.   Destroying the Cosmos  (06:47)
04.   Forests of Legend  (10:16)
05.   Hunger for Violence  (05:30)
06.   Deoxyribonucleic Acid  (04:45)
07.   Asteroid  (06:49)
08.   Dark Nebula  (10:28)
09.   Accelerating Universe  (13:31)

Durée : 01:08:03

line up
parution
17 Novembre 2009

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2016 - Earache Records
  

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