Nefarious Mash - In Memory of Your Hopes
Chronique
Nefarious Mash In Memory of Your Hopes
Il est fréquent que la présentation donnée d’un groupe soit erronée. Le label ou la formation elle-même choisissent des termes bien trop dithyrambiques, ou alors ils citent des influences et des comparaisons loin d’être pertinentes. Eh bien ce n’est absolument pas le cas avec la description qui était fournie avec le premier album de
NEFARIOUS MASH. Je dirais même qu’elle était très juste, et qu’elle parvenait carrément à synthétiser aussi bien les qualités que les défauts de
In Memory of Your Hopes. Ne faisons pas compliqué du coup et utilisons cette description, en la commentant en gras pour donner des précisions.
NEFARIOUS MASH est un one man band de black metal fondé fin 2021 par Eddy Jaber, un compositeur de musique contemporaine qui a voulu ériger un pont entre cette musique et le métal extrême. (Voici d’ailleurs sa photo, qui complète idéalement cette introduction. Eddy me plaît bien car il annonce tout de suite la couleur en cassant… ou plutôt en détruisant les codes ! Evidemment certains vont fuir devant le look costume / chemise ouverte, mais j’ai toujours apprécié ce qui était totalement assumé.)
L'esthétique générale consiste en un mélange de deux univers : allier la puissance et l'énergie bestiale de la scène brutale avec la richesse du vocabulaire des scènes avant-gardistes, expérimentales. C’est comme ça qu’en novembre 2022 il a sorti son premier album : "In Memory of Your Hopes", regroupant neuf titres pour une durée de 50 minutes.
(Là, ma curiosité a été attisée mais je n’ai pas nécessairement eu l’impression que j’allais trouver une musique révolutionnaire. J’ai eu en tête des groupes pour la plupart signés sur les Acteurs de l’Ombre, qui aiment aussi énormément les éléments modernes alliés à la brutalité du black ou du death. Je constatais aussi que les morceaux n’allaient pas être des compositions interminables. 9 morceaux pour un total de 50 minutes, cela fait une moyenne de 5mn30 par morceau. Très raisonnable, et donc annonciateur d’un album plutôt digeste.)
En résulte une approche étendue de l'harmonie et de la dissonance, aux couleurs notamment empruntées à la musique contemporaine et au jazz, délivrée de manière extrêmement frontale et dense à l'aide d'un mur de son compact et puissant. Quelques éléments polyrythmiques ponctuent de surprise ces édifices harmoniques, donnant lieu à de violents déferlements sonores à l'équilibre instable et bouillonnant.
(Tout à fait. Et là je remercie vraiment l’auteur de ce passage parce qu’il y décrit sans faute le contenu de ces morceaux. Ils vont être réfléchis et techniques, tout en essayant de relier tout un tas de bordel chaotique. Et j’ai bien envie de garder le mot « essayer » car ce n’est pas toujours réussi. Il y a même de nombreux passages où le plaisir auditif est délaissé pour ne conserver que des impressions de frictions sonores désagréables.)
Une multitude de timbres de voix viennent interpréter les textes avec force, mais aussi avec souplesse afin de faire de la voix un élément rythmique à part entière malgré des paroles en prose abondante.
(Les vocaux ne sont pas aussi variés que prévu. Certes, quelques essais se constatent, mais ils sont rares et ne marquent pas tant que ça. Seul le tout dernier, qui vient clore l’album, reste en mémoire. La plupart du temps, le timbre est principalement grave, assez typé death, et ne délivre pas beaucoup d’émotion…)
Les textes (non sans influence Nietzschéenne) décrivent les errances, pièges et autres poisons comportementaux ruinant la grandeur des hommes modernes, leur psychisme ainsi que le rapport à leurs semblables. Sont également abordés les mécanismes illusoires par lesquels ils essaient de fuir la prise de conscience de cette perdition toujours plus nécrosée et indigne. De là est dressé un portrait des maux intérieurs nous rongeant tous plus ou moins, portrait devant lequel le lecteur/auditeur est invité à réfléchir en interrogeant sa propre condition.
(J’aime les groupes qui savent donner du sens à leur musique. Ils ne se reposent pas que sur la forme mais proposent un véritable fond. Par contre ce n’est pas une obligation. Il peut très bien y avoir un album excellent sur la forme et complètement vide de fond. Le contraire par contre est inimaginable. On ne pourra pas devenir fan d’un groupe qui a des textes et des messages d’excellente facture, mais qui n’a pas une musique au niveau. C’est ce qui m’a gêné avec NEFARIOUS MASH… J’ai l’impression d’avoir un homme très motivé derrière, qui propose de « faire la révolution au nom d’idéaux de liberté, au nom d’une émancipation trop longtemps réclamée. Il va falloir tout casser, tout détruire, tout anéantir ! »… Et il respecte ses dires… En cassant, détruisant et anéantissant tout ce qui se trouve dans sa chambre… Petite échelle donc. Beaucoup de promesses mais pas de résultat satisfaisant. Ce n’est pas le chaos qui me dérange, et j’aurais même adoré me prendre une branlée, c’est juste que celui qui est proposé sur cet album ne dépasse pas le stade de l’agitation… On pourra expliquer qu’il faut avoir certaines références pour l’apprécier, et que celui qui comme Sakrifiss ne s’intéresse ni à la musique contemporaine ni au jazz n’a pas les clés pour comprendre, mais justement j’aurais aimé être sensibilisé, j’aurais aimé me dire « Tiens, les mélanges sont intéressants et il va falloir que j’aille plonger dans d’autres sphères musicales que celles auxquelles je me consacre quotidiennement… Du coup, j’espère qu’Eddy poursuivra et qu’il parviendra à mieux partager son univers.) DONNEZ VOTRE AVIS
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