chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
148 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Suffocation - Hymns From The Apocrypha

Chronique

Suffocation Hymns From The Apocrypha
Cela fait déjà plus de dix ans (2013 pour être exact) que Frank Mullen a décidé de s’éloigner de la vie de Suffocation, tout d’abord en faisant le choix de ne plus accompagner le groupe en tournée afin de ne plus avoir à subir ce rythme de vie répétitif et terriblement éreintant (et au passage parce que le Brutal Death n’a jamais permis de payer les factures, même lorsque l’on s’appelle Suffocation). Une résolution qui aura conduit le groupe new-yorkais à lui trouver plusieurs remplaçants puisque se succèderont sur les planches Bill Robinson (Decrepit Birth), John Gallagher (Dying Fetus...), Kevin Muller (Alluvial, The Merciless Concept, ex-Pyrexia...) et Ricky Myers (Disgorge, Sarcolytic...). Cette mise à l’écart volontaire aura cependant pris une tournure bien plus définitive lorsque le chanteur à la célèbre gestuelle annonçait en mars 2018 mettre un terme à sa carrière. Une décision qui à vrai dire semblait inévitable mais qui pourtant n’avait pas manqué à l’époque de secouer les amateurs de Brutal Death qui ont toujours vu en Suffocation l’un des groupes les plus emblématiques du genre (à raison).

Une situation fâcheuse à laquelle les membres restants auront choisi de répondre non pas en se contentant de baisser les bras mais en allant embaucher un "nouveau" chanteur d’ailleurs pas si nouveau puisque c’est effectivement Ricky Myers qui aura été choisi courant 2019 pour succéder officiellement à l’un des pères fondateurs du Brutal Death. Quatre ans après cette annonce (et six après la parution d'...Of The Dark Light), les Américains sont aujourd’hui de retour avec la sortie en fin d’année dernière d’un nouvel album que nous étions évidemment nombreux à attendre fébrilement. Un disque qui constitue en quelque sorte un nouveau départ pour les New-Yorkais puisqu’il s’agit du premier album de Suffocation sans la présence de Frank Mullen derrière le micro (enfin presque puisque l’on va tout de même pouvoir l’entendre sur la relecture d’"Ignorant Deprivation" (titre issu à l’origine de l’album Breeding The Spawn) proposée en fin de parcours).

Produit par le Canadien Christian Donaldson (Atheretic, Augury, Beyond Creation, Cryptopsy, Neuraxis, Ophidian I...) dont je vous ai d’ailleurs récemment parlé dans le cadre de la chronique du premier album de Neurectomy, Hymns From The Apocrypha bénéficie d’une production particulièrement puissante qui a le bon goût de rester suffisamment lisible et équilibrée pour ne pas faire de cette modernité dans laquelle elle se drape un sérieux handicap. Certes, tout est ultra-triggé et particulièrement bien bordé mais au final rares sont les moments où l’on se dit que la musique des Américains en pâti véritablement (peut-être sur quelques salves de blasts et encore puisque dans l’ensemble cette production sert tout à fait le propos des Américains).

Alors forcément, la première chose à laquelle on va prêter attention à l’écoute de ces neuf « nouvelles » compositions c’est bien évidemment la prestation de monsieur Myers que l’on savait déjà tout à fait compétent pour le poste. Sans aller jusqu’à dire que son growl se confond avec celui de Frank Mullen dans ses plus belles années, on ne peut cependant que confirmer qu’il s’agit effectivement de l’un des meilleurs choix possibles pour coller au mieux au Brutal Death de Suffocation. Son growl puissant, parfaitement cadencé et relativement intelligible constitue assurément une force pour la musique des Américains d’autant qu’il perpétue l’héritage d’un Frank Mullen aujourd’hui passablement fatigué. Eh oui, si offrir à ce dernier la possibilité de transmettre officiellement le flambeau en venant pousser une gueulante sur "Ignorant Deprivation" est une intention tout à fait louable, force est néanmoins de constater que le bougre a sacrément perdu de son coffre d’antan... Un petit clin d’œil sympathique qui vient néanmoins confirmer que celui-ci a donc bien fait de passer la main à plus jeune et plus motivé puisqu’au final Ricky Myers livre une première prestation qui à défaut de bouleverser quoi que ce soit (je suis de ceux qui pensent que de toute façon ce n’est pas ce que l’on attendait de lui) va cependant permettre aux Américains de gagner en force de persuasion et ainsi reprendre un peu de poil de la bête.

D’un point de vu strictement musical, Hymns From The Apocrypha réunit tout ce que l’on connait de Suffocation. De ces accélérations bourre-pifs ("Hymns From The Apocrypha" à 0:07, les entames pour le moins musclées de "Perpetual Deception" et "Seraphim Enslavement"...) à ces courtes cavalcades thrashisantes ("Dim Veil Of Obscurity" à 1:16, "Perpetual Deception" à 2:14, "Dim Veil Of Obscurity" à 1:16...) en passant par ces structures complexes et changeantes, ces riffs techniques et ces solos chaotico-mélodiques ("Immortal Execration" à 1:31, "Embrace The Suffering" à 2:23, "Delusions Of Mortality" à 1:25...), cette basse métallique hyper sexy et dominante ("Hymns From The Apocrypha" à 4:25, "Perpetual Deception" à 0:34, "Descendants" à 1:52...), ces ralentissements bien épais ("Perpetual Deception" à 1:33 et 3:30, "Immortal Execration" à 0:57, "Ignorant Deprivation" à 2:20...) et enfin ce groove particulièrement irrésistible typique de cette scène new-yorkaise à laquelle il a largement contribué ("Hymns From The Apocrypha" à 3:26, "Dim Veil Of Obscurity" à 1:02, "Immortal Execration" à 0:58 et 3:50...), rien ne manque du cahier des charges de la première heure. Une formule consacrée qui n’a pas changé d’un iota depuis plus de trente ans mais pour laquelle Suffocation semble avoir retrouvé l’inspiration qui lui faisait quelque peu défaut sur le sympathique mais néanmoins vite oublié ...Of The Dark Light. En effet, si la recette déroulée reste la même, quelques écoutes (deux, trois, pas beaucoup plus) devraient normalement suffire pour vous convaincre que l’on tient là entre les mains l’un des meilleurs album du groupe depuis au moins une bonne dizaine d’années. Un retour en grâce que l’on doit à des compositions particulièrement bien ficelées, tout en équilibre entre brutalité, groove, mélodie et noirceur et dont la force de frappe immédiate et implacable semble aussi virulente qu’à la grande époque. En effet, si son prédécesseur semblait nous passer entre les oreilles sans réussir à véritablement marquer les esprits, on sent bien que ce neuvième album vient sérieusement relever le niveau afin de permettre à Suffocation de renouer avec les sommets (une place qu’il devra néanmoins partager cette année avec un Dying Fetus toujours très en forme).

Si Suffocation en a évidemment connu des changements de line-up durant ses trente-cinq ans de carrière, le départ de Frank Mullen désormais acté marque néanmoins la fin de toute une époque. Cette défection que l’on peut tout à fait comprendre après trente ans de bons et loyaux services aurait pu évidemment être préjudiciable pour le célèbre groupe new-yorkais par qui tout est arrivé ou presque mais une fois l’émotion de son départ digérée, il faut bien se rendre à l’évidence que les Américains n’ont pas nécessairement perdu au change. Certes Mullen a été une figure majeure du Brutal Death et sa contribution restera à jamais marquée dans l’histoire du genre mais Ricky Myers nous offre néanmoins sur Hymns From The Apocrypha une prestation certes sobre et sans surprise mais néanmoins hyper efficace et finalement tout à fait taillée pour un groupe comme Suffocation qui n’entend pas entamer une quelconque mue... Pour le reste, fidèle à lui-même mais en mieux (en tout cas en comparaison des dix précédentes années), le groupe new-yorkais livre ici une masterclass de Brutal Death à l’inspiration retrouvée qui prouve bien que l’on peut conserver toute son aura et sa pertinence malgré le temps et les gens qui passent. Avec ce neuvième album Suffocation signe donc un retour particulièrement costaud qui ne devrait pas manquer de convaincre même les plus suspicieux face à des départs de taille et des prestations moins marquantes (toute proportion gardée).

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

3 COMMENTAIRE(S)

Intraveinous citer
Intraveinous
02/02/2024 06:02
note: 7.5/10
La principale nouveauté, finalement pas si déroutante est le nouveau vocaliste, Ricky Myers, qui livre une performance impeccable, sans pour autant avoir l'aura du maître Frank Mullen. Sinon, c'est un album sans grande surprise, mais voué à l'excellence, de par son écrasante brutalité, ses riffs de guitare époustouflants et ses breaks tonne de brique. Pas de doute, on a bien affaire à Suffocation, les maîtres incontestés du brutal death. Malgré tout, comme plusieurs de leurs grosses productions modernes, le songwriting n'est pas aussi mémorable qu'à la belle époque, et la production, bien que soignée demeure un peu fade. Il ne manque que la magie des années '90.
alexwilson citer
alexwilson
13/01/2024 05:31
note: 7.5/10
Étant un de mes groupes préférés j’attendais avec impatience cet album.

Je trouve les compos excellentes, un peu plus brutales qu’à l’accoutumée pour ma part, avec toujours la même recette toujours aussi efficace.

Mais en revanche je trouve la production non pas froide, mais glaciale. La batterie surtout, sonne ultra droite, aucun relief, c’est du on/off. Ça me gâche une bonne partie de l’écoute. J’admets être assez pointilleux là dessus et pas objectif, car j’aime les productions grasses et organiques.

Je trouve aussi que le chant manque un peu de nuance, je le trouve assez plat, sans être désagréable pour autant.

En tous cas, j’ai vraiment hâte de découvrir les titres en live, car c’est bien là que Suffocation détruit tout sur son passage.

Rappelons que le groupe entame une tournée européenne et qu’ils passeront fin janvier début février en France.

7,5/10 pour moi.
MoM citer
MoM
12/01/2024 18:37
Je n'en attendais rien, et c'est une grande surprise !
Cet album aurait pu sortir période Breeding the Spawn, sauf que le son est excellent Clin d'oeil
Il renoue avec des compositions en accord avec la production : contrairement à Cryptopsy qui sonne tout mou avec peu de dynamiques dans le son, ce Hymns from the Apocrypha dégage une ambiance saisissante tout en gardant le savoir-faire divertissant dans les breaks et reprises : si les singles sortis avant semblaient "moyens +", l'ensemble de l'album est solide et met à l'amende beaucoup de formations Brutal Death.
Les darons sont revenus réclamer leur héritage : n'oublions pas que le premier morceau de leur premier album était un manifeste, avec des plans qui ont servi de référence à 30 années de Brutal Death :'D
Une élégante manière de répondre à un "PRESENTEZ-VOUS !" (si vous avez la référence, vous comprendrez Clin d'oeil ).

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Suffocation
Brutal Death Metal
2023 - Nuclear Blast Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (7)  7.64/10
Webzines : (5)  6.49/10

plus d'infos sur
Suffocation
Suffocation
Brutal Death Metal - 1988 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Hymns From The Apocrypha  (05:44)
02.   Perpetual Deception  (04:15)
03.   Dim Veil Of Obscurity  (04:23)
04.   Immortal Execration  (04:25)
05.   Seraphim Enslavement  (04:26)
06.   Descendants  (04:20)
07.   Embrace The Suffering  (04:33)
08.   Delusions Of Mortality  (03:49)
09.   Ignorant Deprivation  (05:27)

Durée : 41:22

line up
parution
3 Novembre 2023

voir aussi
Suffocation
Suffocation
Pinnacle Of Bedlam

2013 - Nuclear Blast Records
  
Suffocation
Suffocation
... Of The Dark Light

2017 - Nuclear Blast Records
  
Suffocation
Suffocation
Despise The Sun (EP)

1998 - Vulture Records
  
Suffocation
Suffocation
The Close Of A Chapter (Live)
(Live 2005)

2005 - Autoproduction
  
Suffocation
Suffocation
Blood Oath

2009 - Nuclear Blast Records
  

Essayez aussi
Terminally Your Aborted Ghost
Terminally Your Aborted Ghost
Slowly Peeling The Flesh From The Inside Of A Folded Hand

2005 - Macabre Mementos Records
  
Wormhole
Wormhole
The Weakest Among Us

2020 - Lacerated Enemy Records
  
Gorezone
Gorezone
Implexaeon

2019 - Rising Nemesis Records
  
Sijjeel
Sijjeel
Affiliation Of Horrid Containment

2024 - Comatose Music
  
Mastabah
Mastabah
Quintessence Of Evil

2010 - Wyrm Records
  

Prophecy
Our Domain
Lire la chronique
Carbon Seed
Silent Collapse
Lire la chronique
SexMag
Sexorcyzm
Lire la chronique
Anoxia
Revel In Sin
Lire la chronique
Einsatzgruppen
Shattering the Throne of Re...
Lire la chronique
Mordred
Fool's Game
Lire la chronique
Fange
Purulences
Lire la chronique
Owls
Une toile de plus à brûler ...
Lire la chronique
Abscess
Tormented
Lire la chronique
Gatinaicticut Metal Fest 2025
Bleedskin + Corrosive Eleme...
Lire le live report
Anthropic / Consuming Misery / Morgue Terror
Sickening Slabs of Brutalit...
Lire la chronique
Warfield
With The Old Breed
Lire la chronique
Sylvanshine
The Offering
Lire la chronique
Bludgeoned By Deformity
Epoch Of Immorality (EP)
Lire la chronique
Lik
Necro
Lire la chronique
Morpain
Mastery Of Chaos (EP)
Lire la chronique
Gridiron
Poetry From Pain
Lire la chronique
Darkenhöld
Le Fléau Du Rocher
Lire la chronique
Velvet Cross
Blood Consumer (EP)
Lire la chronique
We Hold the Truth
Attente Éternelle (EP)
Lire la chronique
Phrenelith
Ashen Womb
Lire la chronique
Stress Test
Stress Test
Lire la chronique
Canonisation of the Foul Spirit / Desekration Campaign 2025
Hell Militia + Hexekration ...
Lire le live report
Embrional
Tendencies For Self-Destruc...
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Juin 2025
Jouer à la Photo mystère
Nachtfalke
Winterwitch
Lire la chronique
Unreal Overflows
Slaves of the Inhuman Futur...
Lire la chronique
Mindkiller
Technocratic War Machine (EP)
Lire la chronique
Sombretour
To Any World Beyond the Tomb
Lire la chronique
Execution
Camisole
Lire la chronique