A la fin des années 90, il y eut un petit groupe polonais qui fit particulièrement parler de lui, j’ai nommé
YATTERING. Cela ne vous dit rien ? Vraiment ? Les pochettes affriolantes de «
Human’s Pain » (1998) puis surtout de «
Murder’s Concept » (2000) furent pourtant très souvent présentes dans nos magasines favoris de l’époque, avec ce putain de logo qui me faisait, et me fait toujours, clairement baver d’envie. Aussi lorsque, le 10 mars 2003, mon disquaire a enfin proposé «
Genocide » dans ses rayons, je l’ai acheté sans réfléchir. Il faut dire qu’une fois de plus l’illustration frappait fort et qu’à l’époque (du moins pour moi, sans dents de province), mis à part les samplers, je n’avais pas vraiment d’autres moyens pour découvrir un album que de l’acheter ou d’en obtenir une copie. Et quand tu n’avais quasiment pas de potes qui écoutaient du
metal, bah tu mettais la main au portefeuille en croisant les doigts pour ne pas être déçu. Cela dit, le cerveau est bien foutu, même des trucs foireux, dès lors que tu as dépensé de l’argent, il arrive à te faire croire que c’est une bonne pioche en te forçant à l’écouter en boucle. Oui, je suis l’un des rares à posséder, deux exemples parmi tant d’autres, les cassettes du premier album de
MY LITTLE FUNHOUSE et de
PRIDE AND GLORY, oui je suis encore prêt à en vanter les mérites, ça vous défrise ?
Mais revenons à nos boucs. Ce disque, c’est clairement une anomalie dans le petit monde du
brutal death. Putain, c’est qui Mario pour qu’il doive aller se faire foutre ? Parce qu’en vrai, j’ai mis des années à l’apprivoiser ce génocide, ainsi qu’à le trouver tout bonnement excellent. En effet, lors des premières écoutes, je dois admettre que les structures bizarres, le jeu ultra fin du batteur, les expérimentations sonores (« Inflow »), les solos perchés, même le chant growlé comme il se doit, je n’y comprenais pas grand-chose. Dit différemment, j’étais sans doute une bille qui avait trop bouffé de
néo metal (c’était la mode) ! Alors que, pourtant, les mecs sont probablement à l’acmé de leur carrière en termes de brutalité car l’album suivant «
III », sur lequel je compte bien revenir un jour, prenait un virage
trip-hop metal complètement bizarre mais finalement pas si illogique que cela dès lors que l’on a bien compris «
Genocide ».
Il reste que ces musiciens ont tellement évolué en l’espace de seulement trois disques que l’on ne peut que s’en émerveiller. Les douze compositions ici présentes dévoilent une facette certes plus expérimentale de la formation, on sent bien que le
death metal est en passe de devenir un vêtement trop petit pour elle mais, bordel, qu’est-ce qu’elles nous mettent ! Si c’est sous côté ? Bon sang c’est net ! Parce que des groupes qui aimeraient pondre des albums pareils, à la fois ultra brutal (la voix gutturale parfaite) et cependant d’une finesse de dingue (la section basse – batterie d’enculés, cf. « Murder (You Are) »), tout en étant réellement original dans un registre qui ne l’est que rarement, il y en a plus qu’une chiée et ils vendraient certainement pères et mères (je mets au pluriel à cause des familles recomposées et des partouzards) pour accoucher ne serait-ce que de la moitié des riffs qui façonnent cet album.
C’est vrai qu’avec le recul, j’ai tendance à privilégier «
Murder’s Concept » dans mes enceintes tant sa brutalité fait mouche à chaque écoute mais, en définitive, son successeur s’avère être bien plus intéressant, en termes d’espérance de vie notamment. Déjà parce que l’on pense beaucoup moins à ses influences
tech death telles que les premiers
CRYPTOPSY mais, surtout, parce qu’il apportait un véritable sang neuf à un genre en voie de sclérose, bouffé par la gangrène. C’est sans doute à cela que l’on reconnaît les talents uniques, lorsque tu écoutes un album et que tu ne trouves aucun parallèle, aucun point de comparaison, ce qui est exactement le cas avec «
Genocide », un disque pas comme les autres (comme Corky), même à l’aune de la discographie du groupe.
5 COMMENTAIRE(S)
10/03/2024 16:48
Un groupe un peu atypique qui aura marqué le tournant de l'an 2000. Ca donne envie de ressortir "Murder's Concept" !
10/03/2024 13:30
10/03/2024 19:00
Oui, je pense que je vais me pencher sur la discographie, notamment sur le dernier, qui s'appelle "III" il me semble et qui effectivement n'a plus grand-chose à voir avec du death.
Vous me faites envie avec le DVD, je vais essayer de voir ça !
09/03/2024 16:25
Je me reconnais bien dans ton premier paragraphe, j’avais les mêmes canaux d’information pour découvrir groupes et albums (magazines, samplers, hors-séries, catalogues VPC et listes de remerciements).
Difficile à l’époque pour l’amateur de death UG de passer à côté du groupe, celui-ci ayant bénéficié de la signature chez Season of Mist et de son soutien médiatique dans les magazines.
C’est comme cela que j’ai connu YATTERING en 2000 via les titres "Anal narcotic", qui est gravé à vie dans mon cerveau, et "Pleasure" présentés sur les samplers lors de la sortie de leur deuxième album « Murder’s concept ».
Qu’est ce qu’il a tourné à l’époque, et il continue de passer sur la platine tous les ans.
Quand à débarquer ce nouvel album j’avais été un peu déçu par son côté plus sophistiqué et réfléchi, ainsi que sa prod plus propre (j’adore celle de "Murder’s...").
Il s’est fait sa place petit à petit, naturellement, au fur et à mesure des écoutes, et depuis j’apprécie grandement cet album, notamment les 10 premiers morceaux (les 2 derniers ronronnant un peu trop à mon goût).
Un sacré niveau technique tout en restant accessible et mémorisable.
Comme l'a dit Goodnacht, en live c’était terrible (j’ai le dvd et le live extermination), Zabek était impressionnant, pour moi un des meilleurs batteurs, pas pour rien qu’il avait remplacé Doc en live pour dépanner Vader.
Je me rappelle également qu’il jouait le dos tourné au public lors de la tournée pour "Murder’s concept".
Concernant le "Message to MARIO", celui-ci était destiné à Marius kmiolek, boss de Massive Management et manager du groupe (et de nombreux groupes polonais dont Vader), avec qui le groupe a eu maille à partir à l’époque, ce qui a débouché sur un gros clash.
Ce message était donc une sorte de règlement de compte pour le groupe (notamment pour Zabek avec son "Hate everybody who destroy your dreams").
Le groupe lui se fendra d’un "Yattering fallows it's own way and allways will… Against everything and everyone, believe in music" (le message est clair).
J’avais tiré la gueule quand j’avais appris le split du groupe, pour moi une perte pour le death.
J’avais donc tiré un trait définitif sur le groupe (du moins une reformation), et grâce à ta chronique j’apprends qu’ils avaient ensuite sorti un album de trip-hop-métal (????), je ne savais pas (en tout cas je n’ai pas souvenir de l’avoir lu dans les mags).
J’espère que tu enchaîneras un jour sur la chronique de "Murder’s concep" !
09/03/2024 15:08
Pour appuyer cette excellente chronique, il faut jeter un oeil à leur DVD, Creative Chaos, une pure tuerie...
Ca a PLUS DE 20 ans et ça fume n'importe quel groupe polonais de death actuel.
A coté, un live de Behemoth, c'est Selena Gomez !
(live dispo sur YT, images d'époque mais le son est correct, fonce !)