Pourquoi jeter mon dévolu sur
GROTESQUE DESECRATION plutôt que sur n’importe quel autre représentant de la scène
brutal slam death metal ? Je n’en sais rien, c’est juste qu’alors que j’écoutais par pure curiosité le premier album de ce trio russe, «
Dawn of Abomination », j’ai en quelque sorte été subjugué, ou affligé, je ne sais pas, les sentiments s’entre-mêlent sans que je parvienne à trancher.
En effet, cet album est une forme de représentation jusqu’au-boutiste du
slam, de la pochette au logo en passant par les compositions ainsi que la production. Tout est amené si loin que l’on tombe dans la plus terrible des caricatures et, pourtant, j’accroche tellement c’est brutal jusqu’à la stupidité. La calligraphie illisible, le gros monstre barbare, l’ambiance de guerre des mondes, ça me plaît. Mon œil est comme qui dirait séduit par cette vilaine bestiole belliqueuse prête à tout ravager. Une oreille sur l’introduction « Interdimensional Incident », pour goûter, mes tympans chavirent d’extase. Oui, c’est grotesque, pesant, le son grésille, le rythme cardiaque commence à descendre, on frôle la chute de tension et là, bim ! « Resonance Rot » te pète dans les esgourdes, les fondations s’écroulent. Pour un premier album de ce qui semble être d’illustres inconnus, ils ont déjà pigé tous les codes : des accélérations frôlant l’illisible, des ralentissements de
Knickers, ce bœuf australien mesurant 1,94 mètre et pesant 1,4 tonne (vous le saviez ?), à chaque fois que le tempo
breake tu as l’impression que les membranes de tes enceintes vont se fissurer et rendre l’âme.
Pour accompagner une telle bouillie, il fallait un chant qui soit à la démesure. C’est un ronflement permanent, une douloureuse irrumation, un truc à la fois ubuesque et fascinant, évidemment incompréhensible si tant est qu’il y ait de vraies paroles au cours des dix compositions. Ce mec,
Erick Valiyakhmetov, parvient à sortir des sons improbables du fond de sa gorge (« Parasitic Neuropsychosis »), donnant ainsi à ce «
Dawn of Abomination » une dimension encore plus absurde, la musique étant déjà en elle-même un monument de surabondance.
Certes, la vie actuelle en Russie ne doit pas être trop propice à la rigolade mais il est rassurant de voir que le label
Inherited Suffering Records est encore bien actif, capable de nous dénicher des perles pareilles car, avec une telle entrée en matière,
GROTESQUE DESECRATION se pose d’emblée en poids lourd du genre. En soi, il n’y a rien que nous n’ayons pas déjà entendu ailleurs, c’est surtout la concentration des éléments que je trouve d’une rare intensité. Aucune respiration, jamais, le moindre espace est occupé, créant un étrange phénomène de surpopulation sonore dont chaque brique prise individuellement n’a qu’un seul but : briser un os. Et alors que je pensais que cette accumulation finirait par rendre pénible l’écoute de ces trente minutes, il n’en est rien car chaque morceau a son truc à lui, une singularité, un break, un jeu d’harmonique, une nouvelle exubérance vocale qui rend finalement le LP étonnement digeste. J’avoue, j’ai été impressionné.
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