Un album de
depressive black metal, juste avant de devoir reprendre sérieusement le boulot, est-ce bien raisonnable ? C’est qu’il ne m’en faudrait pas beaucoup pour justifier que j’aille me terrer au fond de mon plumard, à deux doigts de sortir faire mes courses en pantoufles, c’est dire ! Pourtant, le premier album «
Schöpfung » (2018) a eu l’air d’être si bien accueilli que je ne pouvais résister à la tentation de me frotter à ce «
Transzendenz Schatten Romantik », deuxième LP de ces jeunes Autrichiens. Un coup d’œil sur la pochette, histoire de prendre la température… Au début, j’allais faire du mauvais esprit en écrivant que cela ressemblait à la couverture du journal intime d’une adolescente gothique en surpoids, puis je décidais de me raviser. Ensuite, j’ai pensé à dire que cela ferait une chouette jaquette pour un film érotique un peu
dark avec des scènes animalières, et là aussi j’ai choisi de me raviser. C’est juste que le côté dépressif ne transparaît pas vraiment, rappelant davantage des musiques plus gothiques donc, ce qui en soi n’a rien pour me déplaire.
Mais alors, la musique ? J’y venais, à mon rythme d’été finissant. Ce que l’illustration suggère, les compositions le confirment. Le propos est certes
black metal, cela ne sera probablement pas sujet à débat, en revanche, l’usage de cordes (pas celles pour se pendre), d’un clavier (pas celui de Charlie Oleg), inscrivent plutôt le groupe dans une veine mélodique, émotionnelle, mais plus romantique que dépressive, et encore moins suicidaire. Sans comprendre les textes, je dirais que l’atmosphère globale rappelle l’amour perdu, la perte d’un être cher, les proches du défunt ont besoin de réconfort et cela s’exprime au travers de neuf compositions empreintes de tristesse, des parfums lourds d’une veillée funèbre, alors que l’auditeur dressé surplombe de son regard larmoyant le tombeau sur le point de se refermer à jamais. Et là, vous me direz : « mais qu’est-ce que tu racontes ? ».
La pure et simple vérité cher lecteur. Alors que je n’attendais rien, avec peut-être même un a priori négatif à cause de la pochette (la précédente n’était pas forcément mieux, bien que dans un style foncièrement différent), il s’est passé ce qui devait se passer : les mid-tempos ont su me toucher, les arrangements subtils ont pincé la corde sensible, le chant s’est avéré très émotif en dépit du fait qu’il soit évidemment criard et j’ai globalement trouvé les morceaux pas si tarte. Même, j’ai aimé, beaucoup. Alors, pas au point d’en faire un disque de chevet parce que ce genre de
black metal est loin d’être mon favori… En revanche, par un dimanche pluvieux, avec l’envie de me relire un roman gothique, « Le Moine » par exemple, ou un truc vampirique où se côtoieraient chemise à jabot et vieille vareuse, robe corset et jupon froissé, alors je penserais probablement à glisser dans mes écouteurs «
Transzendenz Schatten Romantik » car il a exactement l’atmosphère qui convient, lente et profonde, d’une laideur raffinée, Aaron Eckhart dans « Frankenstein ».
Nous pourrons également noter que le disque voit le passage de nombreux invités de prestige :
P.G de
GROZA sur « Apotropaion »,
J.J. Frühlingsbringer de
HARAKIRI FOR THE SKY sur « Prana » ou encore
L.G. d’
ELLENDE sur « Tiefste Rast ». Si cela ne change probablement pas grand-chose à la qualité intrinsèque de l’album, cela tend tout de même à confirmer qu’il y a un truc qui se passe avec
WELTENBRANDT, rien qui ne me fera jamais relever la nuit mais l’instant est finalement suffisamment beau pour avoir envie de regoûter à sa saveur de temps à autres.
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02/09/2024 14:28
02/09/2024 11:03