C’est probablement parce que j’ai rédigé la chronique de
Purifying Blade il y a un tout petit peu plus d’un an et qu’entre temps j’ai également eu l’occasion de les voir sur scène à deux reprises que j’ai aujourd’hui le sentiment qu’Antichrist Siege Machine est absolument sur tous les fronts et qu’il ne semble pas prêt de vouloir s’arrêter... Pourtant, deux ans et demi séparent ce deuxième album de
Vengeance Of Eternal Fire, un nouvel album paru en avril dernier sur le label canadien Profound Lore Records. Alors effectivement, on ne peut pas dire que ce soit très long mais dans la mesure où les Américains n’avaient plus rien sorti depuis novembre 2021, on ne peut pas dire non plus que nous n’attendions pas cette suite avec un soupçon d’impatience et d’excitation (et cela en dépit d’un évident retard à l’allumage en ce qui me concerne).
Après une illustration sympathique mais tout de même un poil naïve (
Schism Perpetration) suivie par une autre beaucoup plus réaliste que j’aime encore beaucoup aujourd’hui (
Purifying Blade), le duo originaire de Richmond, Virginie, a choisi cette fois-ci de faire appel aux talents de Burney, un artiste américain également connu sous le pseudonyme de Batdog et à qui l’ont doit quelques travaux pour des groupes comme Augur, Cemetery Lights, Dödsrit, Eternal Champion et Necrofier. Dans un style et des couleurs qui m’évoquent pas mal les travaux d’Eliran Kantor, l’artiste livre une vision des plus réjouissantes d’un Christ particulièrement malmené. Côté production, pas de grands bouleversements à signaler (Bob Quirk et Arthur Rizk à nouveau de la partie) si ce n’est l’embauche de monsieur Matt Michel (avec qui Scott Edward Bartley avait déjà collaboré l’année dernière sur le deuxième album de Left Cross) afin d’assurer l’enregistrement de tous les instruments ainsi que le mixage de l’ensemble.
Sans surprise, celle-ci reste l’un des points forts d’Antichrist Siege Machine qui a toujours eu à coeur de rendre ses interventions le plus lisible possible sans pour autant diminuer la portée de son propos. Certains pourraient juger la démarche trop proprette pour ce genre de Black / Death bestial puisant l’essentiel de son inspiration chez des groupes comme Revenge, Blasphemy et Conqueror pour qui ce souci du détail n’a jamais vraiment compté mais le fait est qu’il est tout de même beaucoup plus facile de succomber aux charmes d’Antichrist Siege Machine qu’à ceux de ces pionniers réputés pour leur approche nettement plus bruyante et hermétique.
Sans surprise non plus, les Américains (toujours sous la forme d’un duo et toujours sans bassiste) poursuivent avec
Vengeance Of Eternal Fire leur campagne de destruction massive entamée en 2016 après la sortie de leur première démo. Ces dix nouvelles compositions sont ainsi l’occasion d’une nouvelle guerre éclair de vingt-cinq minutes menées bien évidemment le couteau entre les dents et la rage au ventre. Une Blitzkrieg qui, vous vous en doutez, s’inscrit dans la continuité de tout ce qu’a pu sortir Antichrist Siege Machine jusque-là. Le groupe n’ayant jamais eu l’intention de changer son fusil d’épaule se contente donc d’être à nouveau le plus efficace possible. Une posture qui peu sembler aisée mais qui implique tout de même d’avoir dans son bardas ce qu’il faut de riffs et autres gimmicks capables de mettre une fois de plus tout le monde d’accord.
Et croyez-moi, ce n’est pas ce qui manque à Antichrist Siege Machine qui avec ce troisième album vient assoir sa supériorité en matière de Black / Death bestial. La recette a beau être toujours la même, force est pourtant de constater que celle-ci fonctionne encore à plein tube grâce à des riffs peut-être jamais bien compliqués mais toujours aussi nerveux et efficaces, une batterie qui n’a de cesse de nous matraquer la couenne et une capacité à briser des nuques par le biais de breaks toujours aussi extrêmement bien sentis. Une absence totale de finesse caractérisée par une cadence particulièrement soutenue menée à travers une succession de blasts punitifs auxquels viennent tout de même s’ajouter quelques séquences de toupa-toupa histoire d’arrondir un peu les angles, des riffs aliénants exécutés eux-aussi à toute berzingue (ainsi que quelques solos un brin foutraques dispensés par-ci par-là) et d’autres plus chaloupés comme pour mieux renforcer l’atmosphère martiale et belliqueuse qui domine évidemment tout au long de ces vingt-cinq minutes (les premières secondes de "Only Evil", "Vanquishing Spirit" et "Lysergic War Psychosis", "Cowering Lamb" à 1:21), un chant âpre et écorché qui crache son fiel sans retenu et des changements de rythmes à rendre complètement zinzin même les plus stoïques d’entre vous ("Son Of Man" à 2:13, "Piled Swine" à 2:02, "Sisera" à 1:14, "Cowering Lamb" à 1:08, "Prey Upon Them" à 1:48, "Vanquishing Spirit" à 2:13...). Bref, rien de nouveau sous le soleil de Virginie (jusqu’à ces descentes / remontées de manches typiques d’un groupe comme Revenge) mais on s’en contentera de toute façon bien volontiers et qui plus est avec un grand sourire aux lèvres puisque c’est exactement ce que l’on vient chercher (et rien d’autre) chez ce genre de groupe bas de plafond.
Avec ce troisième album, Antichrist Siege Machine nous offre vingt-cinq minutes de bastonnade afin de se mettre la tête au carré bien comme il faut. Effectivement, c’est encore et toujours la même rengaine qui nous est servie avec notamment ces salves de blasts façon AK47, ces riffs grattés à toute allure et ces changements de rythmes taillés pour mettre les meubles du salon à l’envers mais c’est bien là tout ce que l’on attend des deux Américains (ainsi qu’une production capable de faire honneur à ces échanges particulièrement musclés). Un concentré de haine et de violence servant de véritable exutoire, autant pour les deux musiciens à l’origine de ces compositions implacables que pour nous autres auditeurs bien contents de pouvoir libérer un petit peu de nos frustrations et autres tracas à l’écoute de ce Black / Death sauvage et bestial.
3 COMMENTAIRE(S)
20/09/2024 09:26
19/09/2024 22:59
19/09/2024 18:53
Dans ce registre "léché", Axis of Advance savait également bien y faire !