Limbes - Liernes
Chronique
Limbes Liernes
Montrant toujours une productivité à toute épreuve que ce soit avec son ancien projet (BLURR THROWER) comme l’actuel, Guillaume Galaup revient aujourd’hui avec le second volet de ses aventures sous le nom de LIMBES qui continue sur la lancée de son prédécesseur en proposant toujours une musique atmosphérique, sombre et dépressive où la noirceur et la lumière ne cessent de s’entremêler. Toujours aussi torturé et sensible son auteur livre ici quatre nouveaux morceaux à la durée toujours très imposante, où se greffe en prime une sincérité encore plus forte de sa part vu qu’il se livre comme jamais en montrant une musique plus accessible et philosophique qui n’en oublie cependant pas d’être écorchée et noire. Tant ses différents tourments viennent en effet se glisser dans cet océan de clarté qui n’est pas sans rappeler les descriptions faites de l’expérience de mort imminente, histoire de ne pas laisser indemne les courageux qui oseront se pencher sur cette œuvre.
Laissant le temps aux ambiances de s’installer tranquillement afin qu’elles se dévoilent progressivement son créateur ne va pas faire les choses à moitié, tel que « Pied De Pilori » va le démontrer directement en commençant tranquillement par un côté planant agréable d’où émerge un son de synthétiseurs qui semble tout droit inspiré par la discographie du regretté Vangelis, et où s’ajoute un côté tribal parfait pour se laisser emporter dans ce côté occulte et religieux. Si tout cela va commencer sur un tempo lent en cassures où l’ambiance solaire se montre de plus en plus présente, la suite va littéralement exploser de par un tabassage incessant et des cris désespérés et malsains. Jouant autant sur la clarté que l’obscurité la plus opaque cette première plage va ainsi miser sur le grand-écart afin de dévoiler directement ses deux facettes les plus extrêmes, qui prennent instantanément aux tripes de l’auditeur qui va en ressortir éreinté et épuisé devant un tel déluge malaisant qui va être le parfait tremplin de la suite de ce disque qui va être monolithique et s’enchaîner correctement, donnant ainsi l’impression d’avoir affaire à un seul et unique titre qui varie légèrement selon sa temporalité. Car si ça avait fini fort et violemment « Les Côtes à l'Unisson » va au contraire miser sur une rythmique majoritairement rampante et lancinante aux accents cosmiques et où la batterie jazzy répétitive renforce ce sentiment d’apaisement qui ne va pas durer. En effet tout cela sert de façade une montée progressive et planante qui s’éternise avant que l’ensemble ne se termine en explosion brutale et rapide, digne d’une supernova et que l’on peut voir comme un signe de relais entre la vie et le trépas.
Si le tout est d’une froideur absolue et inquiétante au possible on remarque que son créateur n’hésite pas à densifier son propos en l’étirant autant que possible et en levant le pied de façon assidue, et l’arrivée du sublime « Buffet Frigide » va nous transporter encore plus loin dans les tréfonds de l’âme et de l’esprit en surchauffe. Voyant ici l’arrivée de la chanteuse et poétesse russe Kariti cette composition va se faire particulièrement envoûtante et religieuse, tant sa voix douce sied parfaitement à l’ambiance voulue ici vu qu’on part dans un délire contemplatif poussé à son maximum où ça se fait hyper planant. Tout ça avec un rendu cérémonial où les arpèges doux côtoient les diverses accélérations et le travail des deux vocalistes qui se mêlent à merveille faisant ainsi de cette création un moment totalement à-part sur cette galette... mais finalement en totale adéquation avec le reste. Si la brutalité et la douleur se font plus discrètes elles ne disparaissent pas totalement, et finissent par revenir par petits bouts sur « Aulnes & Poussières » qui va clore les hostilités de façon superbe, reprenant un peu tous les éléments entendus jusqu’à présent. Plus froide et synthétique que tout ce qu’on a entendu jusque-là cette plage livre en revanche un panel équilibré où riffs lancinants et tabassage intensif alternent régulièrement, afin d’embarquer l’esprit plus loin encore dans le cosmos et vers le paradis qui n’a jamais semblé aussi serein... comme aussi suffocant. Vu qu’ici la pression exercée et l’orage grondant y menacent l’harmonie et la sérénité qui y règnent, pour offrir encore une dernière rasade de tourments que rien ne semble pouvoir annihiler.
Du coup si tout cela est la suite logique du déjà très bon
« Ecluse », il ne faut pas voir ce « Liernes » comme un copier-coller (malgré des ressemblances évidentes) mais plus comme une continuation plus affirmée de l’état psychique du multi-instrumentiste, qui continue son chemin hors des sentiers battus en proposant à chaque nouvelle sortie quelque chose de différent à la profondeur massivement exacerbée et à la prise de risques maximale. Tout en demandant également une attention de tous les instants tant on découvre à chaque écoute un nouveau sentiment ou nouvelle note qui nous avait échappé les fois d’avant, preuve donc de la densité proposée ici. Comme à chaque fois il va falloir donc décrypter avec patience et précision pour bien maîtriser l’ouvrage malgré sa relative accessibilité de façade, tant elle révèle une profondeur insoupçonnée (les atmosphères y sont encore plus riches) autant glaciale qu’incandescente, qui fera plaisir aux fans d’expériences sonores et psychologiques abrasives, surprenantes et décalées. Si la mort est un chemin sans retour cette aventure en solitaire nous permet de mieux l’appréhender en nous faisant rendre compte qu’elle est plus complexe qu’on ne pourrait le penser, tant l’ultime voyage n’est pas forcément en accès direct mais qu’il parcourt souvent des chemins de traverse afin de mieux trouver le repos infini qui sera ainsi plus mérité. On se pose donc tranquillement sur son lit ou dans son canapé, on ferme les yeux et on se laisse transporter au loin pour être dans les meilleures conditions auditives et sonores, afin d’appréhender du mieux possible cet enregistrement qui est tout le contraire de ceux que l’on peut diffuser en fond sonore en dilettante... vu qu’il faut une écoute attentive en permanence, mais ceux qui se donneront la peine de se pencher dessus l’auront bien compris de toute façon.
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