Laceration - I Erode
Chronique
Laceration I Erode
Si pendant une décennie l’avenir de LACERATION s’écrivait en pointillé et de façon très confidentielle, la sortie en 2019 de la compilation intitulée
« Remnants » a clairement changé la donne en lui permettant d’être découvert par une frange plus large du public qui a rapidement adhéré à son Death/Thrash délicieusement old-school et techniquement sans excès. Car les fans de délires musicaux totalement barrés seront ici franchement déçus, vu que la formation menée par l’indéboulonnable Luke Cazares pratique une musique pêchue et directe qui sent bon les influences de MALEVOLENT CREATION, DEMOLITION HAMMER et même MASTER sur certains points. Bref c’est frontal, sobre et sans concessions et c’est largement suffisant pour ce qu’on attend d’un tel groupe qui revient trois ans après le très sympathique « Demise » afin de confirmer l’essai, auréolé d’une signature sur le toujours qualitatif 20 Buck Spin et complété par l’arrivée de nouveaux membres à la basse ainsi qu’à la batterie (ce dernier poste étant décidément instable et compliqué à garder). Tout cela ne va en tout cas avoir aucun impact sur la qualité de ce deuxième album qui va se révéler être très agréable à écouter durant trente-deux minutes qui filent à toute allure, sans qu’on ait le temps de s’ennuyer ni l’envie de jeter un coup d’œil sur la montre.
Car une fois l’introduction terminée « Excised » va mettre directement les pieds dans les plats, vu qu’on va entendre sans doute le meilleur morceau de cette galette où toute la palette rythmique de ses auteurs va être passée en revue. Portée par un dynamisme impressionnant et une attractivité permanente cette ouverture des débats va proposer aussi bien des plans blastés qui font mal aux cervicales que du mid-tempo redoutablement efficace, ainsi que des passages lents et lourdes écrasants... tout ça aidé par une alternance continue où la fluidité ne baisse jamais. Avec en prime une production granuleuse qui sent bon la Floride des années 90 et se voit complétée par quelques éléments typiques des premiers CANNIBAL CORPSE, et de fait on se retrouve en présence d’un résultat de haut niveau qui va rester comme cela jusqu’à l’ultime seconde de la dernière composition. Car que ce soit équilibré, brutal à fond ou plutôt basé sur le massif et rampant le résultat est toujours le même, à savoir addictif et sans aucune faute de goût... qui font ainsi que cet opus a de bonnes chances de figurer dans les bilans de fin d’année. En effet que ce soit sur l’équilibré « Sadistic Enthrallment » ou le plus écrasant « Vile Incarnate » on s’aperçoit que les mecs ne perdent jamais en puissance, préférant ajouter un peu de noirceur au milieu de solos impeccables et de variations régulières avant le retour à des accélérations frontales, puis le passage par l’interlude (« Dreams Of The Formless ») aux doux arpèges et au lead mélodique au rendu plaintif typique d’une époque où le Hard-Rock et les Guitar Hero passaient en boucle sur Mcm et Mtv.
Nostalgique oui mais cependant jamais trop, même si tout cela n’est que du réchauffé sans pour autant en être indigeste ou pompeux... car la force des californiens réside (à l’instar de leurs voisins de SKELETAL REMAINS – dont on sent également la trace à plusieurs endroits) à cette faculté de ne pas trop se répéter. Preuve en est sur cette deuxième partie tout aussi attractive que la première, et qui débute par le monstrueux « Carcerality » aux nombreux roulements à l’ancienne et à la vitesse plus présente. Le tout avec là-encore certains plans tirés du mythique « Tomb Of The Mutilated » mais qui ne s’étendent pas trop outre-mesure, vu que même si ça explose de partout les légères inspirations thrashy ne sont pas absentes... bien que plus rare sur ce long-format où le Metal de la mort a prit clairement de l’ampleur par rapport à un passé récent. On ne sera donc pas étonnés que « Strangled By Hatred » garde cette même ligne de conduite en passant en revue l’ensemble rythmique, sans jamais en faire trop ni sonner bancal... et ce même quand ça se montre plus primitif et rudimentaire à l’instar du très court « Impaling Sorrow » aux gros accents Punk, mais qui trouve le moyen malgré ces cent-vingt deux secondes au compteur de jouer sur la grosse alternance massive et d’être hyper dense malgré son impact imposant et éphémère. Du coup on ne sera pas étonnés qu’en guise de conclusion l’entité nous balance « I Erode » comme parfait résumé de tout ce qu’on a pu entendre jusque-là, avec encore cette qualité d’écriture où la technicité bien que présente sait rester discrète, permettant ainsi de conserver cette fluidité et envie d’en découdre permanente qui fera très mal aux cervicales.
On aura donc compris que la bande a frappé très fort avec ce nouveau chapitre et qu’elle se place désormais parmi les noms à suivre au sein de la nouvelle garde d’outre-Atlantique, tant sa musique a tout pour faire un carton auprès des fans du style ainsi qu’en concert où elle prendra toute sa dimension en ne laissant que peu de rescapés de par sa brutalité. Comme quoi le label de Pittsburgh a encore eu le nez creux en signant l’entité qui trouvera facilement sa place au sein de son pléthorique et qualitatif catalogue, car il n’y a rien à jeter ici et aucune faiblesse marquante... hormis le fait que tout cela passe beaucoup trop rapidement et qu’on en aurait bien repris encore un peu. Cependant tout cela est de l’ordre du pinaillage tant le rendu général est impeccablement efficace et qu’on en redemande... bref il ne fait aucun doute que le temps d’écoute sera relativement important, vu qu’on se remettra avec plaisir ce disque dans la platine afin de reprendre une bonne dose de violence bien énergique. Car il y a tout ce qu’il faut pour bien secouer la tête comme taper du pied en toutes circonstances... preuve donc qu’il serait regrettable de passer à côté, et de ne pas lui donner sa chance vu qu’il le mérite réellement et immédiatement.
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