Diablation - Irrévérence
Chronique
Diablation Irrévérence
En 2004, il y a donc 20 ans, je passais encore mes commandes par téléphone. Et appeler la France depuis le Japon, ça coûtait encore assez cher... Et pourtant j’appréciais discuter avec le responsable que j’avais au bout du fil. Mes deux plus grands fournisseurs étaient la boutique sur Paris Dysphorie et le fameux label Adipocère. J’appelais donc ce dernier et je discutais avec Christian. Je me souviens surtout d’un jour où il m’a appris qu’il avait 40 ans. Ça m’avait perturbé. Je ne savais pas trop si j’étais admiratif ou si je trouvais puéril de voir un vieux de cet âge-là encore écouter du BM. 20 ans ont passé, et j’ai moi-même dépassé les 40 ans. Je mets même un jean sur ma tête pour me filmer sur YouTube... Mais bon, le temps passe et c’est bien normal, et les acteurs du black metal eux-mêmes prennent de la bouteille tout comme nous. C’est donc évidemment le cas de Vicomte Vampyr Arkames et de V. Orias A. qui sont actifs dans la scène française depuis la deuxième moitié des 90’s ! Le premier a été le chanteur de SETH jusqu’en 2001, puis il a rejoint le second dans AD INFERNA. Ils ne se sont jamais quittés par la suite et ont eu envie des mêmes essais musicaux ensemble. AD INFERNA est donc parti dans un trip electro / industriel pendant une dizaine d’années, puis les compères ont eu l’envie de revenir au black metal plus classique, mais toujours saupoudré de leurs étrangetés communes. C’est là qu’ils ont créé DIABLATION.
Leur premier album sous cette appellation est paru en 2021 sur le label français Antiq, en compagnie de deux nouveaux amis à la basse et à la batterie. Ces deux derniers ne sont plus là, remplacés dès le deuxième album en 2023 par le bassiste de BA’A (et désormais de GRAVENOIRE aussi), et le batteur de ERADIKAL INSANE. DIABLATION en a également profité pour déménager et rejoindre les rangs d’Osmose. Un an plus tard, le troisième album arrive, et il n’y a qu’un seul véritable changement cette fois-ci : encore un nouveau batteur. Sauf que cette fois-ci, il est plutôt renommé vu qu’il s’agit de Rémi Serafino d’HYRGAL, également nouvelle recrue chez IGORRR. Et ce troisième album poursuit musicalement ce que nos camarades ont initié sur les précédents. Il y aura donc peu de surprises, mais le plaisir de retrouver un black metal à la fois martial et symphonique. Le groupe aime toujours marteler et sonner « douloureux », proposant généralement des couplets hachés, saccadés et violents sur lesquels des vocaux sans consession transpercent les tympans. Mais tout cela est toujours contrebalancé à un moment ou un autre par une explosion de jouissance sonore. Du coup, DIABLATION nous donne très souvent l’impression d’être en train de gigoter douloureusement pour se libérer de ses chaînes, et qu’il y parvient. Sauf que très rapidement de nouvelles entraves apparaissent et il doit à nouveau se débattre et montrer toute sa hargne et son acharnement.
Il ne faut donc jamais s’attendre à du black metal symphonique lumineux, clair ou optimiste, mais à des ambiances qui mettent beaucoup de tension et de stress avant de trouver une solution éphémère. Pour ceux qui ont besoin d’une comparaison aussi simple qu’eux, c’est comme chercher la bonne clé à son trousseau alors qu’on a une envie de pisser pressante et de la trouver juste à temps... Et il n'est jamais aussi plaisant de pisser que lorsque l'on a dû se retenir. C'est donc la souffrance qui est la clé du plaisir. Bon, ce n’est pas du tout la thématique de ce troisième album, mais c’est parlant ! Non, cet album raconte en fait un futur fictif dans lequel un nouveau monde est en cours de construction, avec la violence, les efforts, le courage que cela réclame.
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