Il y a ceux qui se la coulent douce, ceux qui charbonnent sans demander leur reste et puis il y a Molder qui en l’espace de quatre ans aura sorti pas moins de trois albums (et cela sans compter les quelques à-côtés). Le dernier en date qui vient justement de paraître chez Prosthetic Records s’intitule
Catastrophic Reconfiguration et marque le retour des Américains après un petit peu plus de deux ans d’absence. Vingt-quatre mois d’un silence radio total auquel nous n’étions pas habitués mais qui leur aura permis de se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire la composition de dix nouveaux morceaux afin d’étoffer une discographie déjà bien fournie et au passage assoir sa position au sein d’une scène US particulièrement prolifique et concurrentielle.
Enregistré sous la houlette de Matthew Aguilar (bassiste de Cryptum) puis mixé et masterisé par Greg Wilkinson (bassiste d’Autopsy depuis 2021 et co-propriétaire des célèbres Earhammer Studios),
Catastrophic Reconfiguration a pour lui une production aux petits oignons qui ne souffre d’aucun défaut de conception. Parfaitement balancée avec ce qu’il faut de modernité, de naturel et de caractère, celle-ci est un atout de poids pour chacune de ces dix nouvelles compositions. Afin d’illustrer comme il se doit ce troisième album, les quatre garçons de Molder ont cette fois-ci fait appel au Colombien Julián Felipe Mora Ibañez. Un nom qui ne vous dit peut-être pas grand chose mais à qui l’on doit pourtant quelques réalisations récentes de qualité comme par exemple ces illustrations qui ornent les derniers albums de Critical Defiance, Funeral Vomit, House By The Cemetery, Miasmic Serum, Mortify, Tenebro et quelques autres encore… Si je garde une petite préférence pour celle d’
Engrossed In Decay, cette dernière n’en reste pas moins particulièrement engageante.
On le sait depuis
An Act Of Revenge mais ce n’est pas sur Molder qu’il faudra compter pour bouleverser la scène Death Metal. Ancrée dans une vision passéiste, la formation a toujours eu à coeur de respecter les fondamentaux quitte à jouer la carte du mimétisme avec un peu trop de largesse (par exemple les premières secondes de "Bursted Innards" qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à l’introduction de "Pull The Plug"). En ce qui me concerne je ne m’en suis jamais offusqué mais une fois de plus cela pourrait être un frein pour les plus tatillons d’entre vous qui n’auraient encore jamais posé leurs oreilles sur la musique des Américains.
Mélange de Death Metal et de Thrash à l’ancienne, quelque part entre Autopsy, Death, Pestilence et Obituary, la musique de Molder brille clairement par son manque flagrant d’originalité. Un point de détail qu’il compense cependant haut la main grâce à cette passion toujours aussi sincère et intacte qu’il va mettre au profit d’une musique effectivement sans surprise mais à l’efficacité aussi incontestable que sacrément jouissive. De ces accélérations haletantes taillées pour se décrocher les cervicales à ces riffs simples mais délicieusement faisandés en passant par ces breaks et autres changements de rythmes particulièrement irrésistibles ou bien encore ce growl écorché qui selon les intonations prises par le chanteur / guitariste Aaren Pantke va tour à tour faire penser à quelques figures de la scène telles que Chuck Schuldiner, Martin Van Drunen et John Tardy, on ne peut pas dire que
Catastrophic Reconfiguration peine à convaincre tout au long de cette petite demi-heure.
En effet, au-delà de cette notion de personnalité qui quoi que l’on en dise et quoi que l’on fasse reviendra peu ou prou à chaque nouvelle chronique, il convient d’aborder ce genre d’album sans prise de tête avec l’idée simple qu’il n’y a rien d’autre à en attendre qu’une relecture certainement pas aussi emblématique que ces albums qui ont fait le Death Metal mais certainement tout aussi efficace et réjouissante (au moins sur l’instant). Ainsi, ce troisième album de Molder ne fera toujours pas date dans l’histoire des musiques extrêmes même s’il faudrait être un sacré rabat-joie pour ne pas succomber à tous ces riffs à trois notes qui tout de suite donnent envie de secouer la tête, à tous ces leads et autres solos mélodiques particulièrement bien troussés qui viennent apporter un peu de profondeur ainsi qu’une aura sinistre à l’ensemble ("Catastrophic Reconfiguration" à 2:26, "Pulped" à 3:16, "Overdue Burial" à 0:13 et 1:52, "Frothing" à 1:42, "Masked In Mold" à 2:52, "Rapidly Exsanguinated" à 1:53...) ou à toutes ces accélérations menées au son de secousses Punk / Thrash particulièrement entrainantes ("Catastrophic Reconfiguration" à 0:16, "Overdue Burial" à 0:25, "Masked In Mold" à 2:00, les premières secondes de "Rapidly Exsanguinated", "Corpse Copulation" à 0:39...) et autres coups de boutoir bien plus virulents dispensés sous forme de blasts plus ou moins marqués ("Catastrophic Reconfiguration" à 0:40, "Overdue Burial" à 0:35, "Frothing" à 0:07, "Brain Boil" à 0:45, "Nothing Left To Ooze" à 0:52...). Une formule forcément un brin limitée et redondante qui offre évidemment bien peu de surprise mais à laquelle le groupe de Shorewood va apporter systématiquement son lot de variations grâce à de nombreux changements de rythmes (en plus de ces accélérations plus ou moins marquées, l’album est également caractérisé par plusieurs séquences au groove chaloupé).
Vous l’aurez donc aisément compris mais ce n’est pas encore aujourd’hui que l’on ira crier au génie pour qualifier la musique de Molder qui, à défaut de nous surprendre, continuera cependant de nous réjouir tout au long de ce troisième album une fois encore particulièrement bien ficelé. D’ailleurs à dire vrai,
Catastrophic Reconfiguration est peut-être même le plus abouti de sa discographie, celui qui mêle le mieux ses influences, sa passion et son envie de bien faire. Certains d’entre vous pourront toujours prétexter que d’autres ont fait mieux plusieurs années avant lui et même si vous avez effectivement raison, ce n’est à mon avis pas suffisant pour cracher sur ces trente-quatre minutes rondement menées. Car une chose est sûre, les Américains ont beau se contenter de reprendre à leur compte ce que d’autres ont pu imaginer avant eux, le fait est qu’ils le font particulièrement bien et qui plus avec tous les bons outils.
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