Firtan - Ethos
Chronique
Firtan Ethos
Sans faire véritablement de bruit FIRTAN a néanmoins réussi à s’imposer progressivement comme étant un des fers de lance du Pagan/Black Metal venu de chez nos voisins d’outre-Rhin, porté notamment par la qualité de
« Okeanos » et surtout de
« Marter » publié il y a seulement deux ans et dont le successeur arrive déjà pour envahir nos esgourdes de bon son viril riche en ambiances sympathiques. Toujours aussi stable en interne l’ancien quatuor (qui a vu l’intégration de la violoniste Klara Bachmair) signe avec ce « Ethos » un quatrième album toujours aussi réussi (qui se voit renforcé par l’apport vocal des leaders de HARAKIRI FOR THE SKY et ELLENDE qui interviennent comme invités), et qui va clairement se placer comme étant le meilleur de sa carrière. Car si l’on n’avait rien à véritablement reprocher aux précédentes réalisations des Allemands ceux-ci avaient néanmoins parfois un peu de mal à garder leur attrait en permanence, vu que chacun de leurs anciens disques contenait quelques passages un peu creux où l’attention avait tendance à s’éclipser doucement (pour cependant mieux repartir ensuite). Rien de tout cela ici tant la cohésion et l’homogénéité vont être de mise de la première à la dernière seconde, et de fait le potentiel que l’on ressentait chez l’entité explose ici enfin au grand jour... surtout qu’il ne va pas falloir longtemps pour s’en apercevoir.
En effet dès les premiers instants de « Hrenga » on va être embarqué dans un voyage où la météo va être instable pour notre plus grand plaisir, tout en gardant une certaine maîtrise rythmique vu que le tempo ne va jamais véritablement s’emballer. Jouant autant sur l’aérien que la pression étouffante on va avoir droit ici à des doux arpèges éthérés en guise d’introduction, avant que l’orage ne gronde dans les parages et crée ainsi un mur du son massif à la noirceur d’encre et impénétrable, où l’humidité et les influences Doom sont omniprésentes. Montrant ainsi les deux facettes opposées de sa musique le combo livre une ouverture impeccable et équilibrée idéale pour faire monter la pression, chose qui arrive directement via l’enchaînement avec « Zores » où ici la vitesse va être mise à l’honneur, offrant ainsi des accents épiques et guerriers implacables sans pour autant rester en permanence sur ce mode explosif. Proposant un condensé partiel de ce que savent faire ses auteurs cette plage lorgne ici dans un univers violent à forte intensité et sans espoir de paix, même si sur ce point les choses vont progressivement évoluer à partir du classique et très bon « Contra Vermes » qui va miser un grand-écart plus intense et froid. En effet si le débridage et le tabassage vont être mis en valeur (et faire particulièrement mal aux cervicales), ça va aussi lever le pied pour amener un relâchement de l’étreinte bienvenu afin de pouvoir reprendre son souffle...tout ça avant l’arrivée du magnétique et excellent « Arkanum » où l’on s’aperçoit que le groupe a ajouté de la profondeur à son écriture. Sentant l’influence des films fantastiques (avec un fort côté bande originale) ce titre va nous embarquer dans des contrées méconnues où l’apaisement va être de rigueur, vu qu’une grosse mélancolie va ressortir de par l’apport d’une rythmique posée et surtout des guitares plaintives et tristes... accentuées par une partie de violon aux accents désertiques et légèrement arabisants, qui donnent ainsi la sensation d’être en plein sur la planète Tatooine. Sans tomber dans l’excessif (ça reste quand même électrique et puissant) la bande réussit néanmoins à offrir une vision ambitieuse et cohérente sans risquer la sortie de route, confirmant ainsi qu’un palier a été franchi dans sa carrière commencée il y a bientôt quinze années.
D’ailleurs celle-ci ne souhaitant pas aller trop loin pour ne pas prendre le risque de déraper va revenir à plus de sobriété sur la seconde moitié de cette livraison, et en premier lieu sur l’orageux et équilibré « Wermut Hoch Am Firmament » (où brutalité et apaisement se côtoient intelligemment), comme ensuite avec « Moloch » particulièrement dynamique et guerrier qui mise sur tous les tableaux tout en n’hésitant jamais à lâcher furieusement les chevaux. Et que ce soit avec les redoutables « Ruakh » comme « Komm Herbei, Schwarze Nacht » le constat est toujours le même, celui de compositions de très bonne tenue qui varient juste ce qu’il faut tout en gardant un équilibre permanent dans la brume comme la lumière, et où les combattants s’affrontent vigoureusement. Cela est effectué de très bonne manière avant que le constat des pertes n’amène au recueillement du fait de légers accents Pagan et atmosphériques, qui succèdent aisément au Black typique et vigoureux. Du coup quand on arrive au bout de la conclusion au piano (« Wenn Sich Mir Einst Alle Ringe Schließen ») on se rend compte que le champ des possibilités s’est ouvert pour le combo, qui désormais pioche aussi bien dans la philosophie que la nature pour trouver de nouvelles thématiques musicales et ainsi enrichir ses prochaines livraisons qui s’annoncent pour le mieux.
Sans renier ses origines mais en les enrichissant d’éléments extérieurs le désormais quintet soigne ainsi son retour avec cette œuvre absolument irréprochable et d’une fluidité imposante, qui a de quoi occuper un bon moment tant elle se montre d’une profondeur riche en découvertes et propice à la rêverie. En effet chacune des écoutes sera l’occasion de (re)découvrir cet enregistrement sous un nouvel angle harmonieux et rutilant, mais jamais démonstratif vu que le leitmotiv ici est de garder la cohésion sans trop en faire... une vision approuvée et validée à 100 %. Autant dire que dorénavant chacune des apparitions de ses géniteurs sera scrutée et décryptée... vu que la bonne formule est sur les rails, à eux désormais de la faire perdurer dans le bon sens tant elle se complète à merveille à celle de leurs débuts, faisant ainsi résonner un professionnalisme reconnu qui prendra son ampleur sur scène comme lors de nouvelles livraisons futures... on l’espère sincèrement !
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