Bewitcher - Spell Shock
Chronique
Bewitcher Spell Shock
Désormais bien installé dans son créneau Black/Speed Metal le trio de l’Oregon a cependant pris plus de temps que d’habitude pour sortir ce nouvel (et quatrième) album, car ce ne sont pas moins de trois ans et demi qui se sont écoulés depuis la sortie de
« Cursed Be Thy Kingdom » qui l’avait vu passer dans une autre catégorie, suite notamment à sa signature chez Century Media. Cependant après deux premiers opus particulièrement affûtés et réjouissants celui-ci voyait clairement une certaine routine s’installer et avec elle un sentiment mitigé, car si ce disque contenait de bonnes choses il souffrait néanmoins de quelques maladresses pour un rendu final un peu inégal. Autant dire qu’on avait hâte de voir si les gars allaient se reprendre ou si l’effet de mode les concernant était en train de s’estomper (et ce même si quelques compositions inédites publiées l’année dernière laissaient à penser à un retour en forme), et pour le coup on ne peut être que rassuré vu que cette longue attente a finalement été bénéfique pour eux.
Car oubliés les légers errements de sa précédente livraison le combo ici revient aux fondamentaux qui faisaient le charme de son disque éponyme, à savoir du riff et surtout de la vitesse sans jamais abuser de la pédale de frein… une vision plus radicale que ces dernières années mais qui va s’écouter sans problème, tant l’ensemble va être homogène et taillé pour faire mal sur scène. En effet que ce soit via l’ouverture intitulée « Starfire Maelstrom » ou « Lavish Desecration » qui embraye directement derrière, le rendu y est à la fois excellent et débridé... le tout mené à un train d’enfer avec juste ce qu’il faut de passages pour secouer la tête et complétés par des moments épiques dignes des grandes épopées à moto sur les routes désertiques du Nevada et de l’Arizona (tant ça se montre remuant et efficace sans se poser de questions). Si cette tendance bas du front va conserver la même attractivité tout du long de cet enregistrement (comme sur le Punk et groovesque « Out Against The Law » ou le plus agressif « Seasons Of Foul Harvest » délicieusement primitif), les mecs vont néanmoins proposer un soupçon de variété sans jamais trop en faire, idéal donc pour éviter le sentiment de répétition si facilement arrivé. Preuve en est sur « Spell Shock » qui propose du riffing Heavy bien troussé ou encore « Dystopic Demonolatry » où les passages mid-tempo font franchement mal aux cervicales, tant on se complait à les bouger vertement… et comme si tout cela ne suffisait pas « We Die In Dust » va accentuer ces influences lourdes en mettant l’accent plus fermement du côté d’un rythme plus massif et obsédant, qui permet ainsi de créer une musique plus sombre et opaque sans pour autant y perdre en force ni virulence. Ce détail pertinent atteindra d’ailleurs son paroxysme juste après via « The Harem Conspiracy », qui bien que retrouvant un certain entrain rythmique va s’obscurcir quand les musiciens vont lever le pied pour densifier cette composition qui est le dernier moment de grâce d’un long-format impeccable de bout en bout. Tout cela avant l’arrivée de l’interlude inutile intitulé « Pagan Shadows », où ici le banjo et la Country sont à l’honneur tant ça respire les grands espaces et les ambiances à la « Walker Texas Ranger ».
Et même si « Ride On The Ironfox » va clore les débats en pilotage-automatique (tout en étant cependant toujours impeccablement exécuté) on n’aura rien à reprocher aux trois compères qui livrent une galette absolument délicieuse, et qui montre clairement qu’ils n’ont pas encore dit leur dernier mot malgré une recette éculée mais toujours aussi plaisante. Si on pourra tiquer sur le relatif manque de ralentissements et que ça reprend les mêmes idées du début à la fin, pour le reste on appréciera facilement ce nouveau chapitre qui s’il se montre un chouia en dessous du monstrueux
« Under The Witching Cross » se place clairement en embuscade juste derrière, et l’on ne va pas s’en plaindre. Puant toujours l’essence comme la bière bas de gamme, et sentant la poussière comme la chaleur l’entité n’est toujours pas là pour rigoler et n’a nullement l’intention de changer son fusil d’épaule ce qui est le principal, car pour le reste elle ne va pas faire de quartier et à l’instar d’Attila et les Huns ne laisser que désolation derrière elle. En effet on y ressent expressément une certaine urgence dans l’écriture comme l’enregistrement, et l’on se surprend avec délice à vouloir être un fuyard en cavale à l’instar du rebelle Lorenzo Lamas ou les hippies de « Easy Rider ». Porté par du gros son toujours aussi noir que rapide on ne trouvera donc rien à redire de devenir un hors-la-loi durant quarante-quatre minutes, et ainsi oublier un moment notre relatif confort existentiel comme personnel pour s’offrir de fait un sentiment de liberté totale aidé en cela par des paysages majestueux, qui combleront largement cette solitude immuable mais indispensable.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Sosthène a écrit : Bon sang ! Walker Texas Ranger, Le Rebelle, je vois qu'on a passé les mêmes dimanches après-midi dans notre jeunesse :-D
Absolument ! C'était ça ou le tandem Jacques Martin/Michel Drucker ! |
citer | Bon sang ! Walker Texas Ranger, Le Rebelle, je vois qu'on a passé les mêmes dimanches après-midi dans notre jeunesse :-D |
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2 COMMENTAIRE(S)
23/12/2024 13:49
Absolument ! C'était ça ou le tandem Jacques Martin/Michel Drucker !
23/12/2024 13:37