Une histoire de regard : si je devais trouver une formule pour synthétiser le retour de Godflesh, ce serait sans doute celle-ci. Il y a pour moi de ça, dès ce retour aux affaires qu’a été
A World Lit Only By Fire et ses airs de
Streetcleaner joué en assumant son âge, l’horreur évacuée avec les moyens actuels,
Post Self et son après
Selfless,
Purge et son envol de toute la discographie précédente du duo… Comme si Justin Broadrick et Ben Green regardaient leur discographie en la traitant comme une matière première avec laquelle travailler.
Une impression qui se retrouve également dans les à-côtés, à commencer par les différents remixes et traitements accordés aux nouveaux essais du projet et compilés dans la box
Long Live The New Flesh, indispensable pour qui aime plus que de raison Godflesh (c’est mon cas). Evidemment, cela se retrouve sur
A World Lit Only By Dub, sorti sans grands effets d’annonce en cette fin d’année. Reprenant cinq titres de
A World Lit Only By Fire, il est le résultat de plus de dix ans de travail commencé puis laissé de côté par Justin.
Et, honnêtement, j’avais tout à craindre de ces versions dub. Peu fan de
A World Lit Only By Fire – malgré les tentatives répétées –, j’aurais pu éviter cette sortie si la rencontre avec de précédentes versions dub (« New Dark Ages » et « Imperator » présentes sur la compilation
Long Live The New Flesh) ne m’avaient pas mis la puce à l’oreille : loin de coller simplement à l’atmosphère de destruction boostée par une production maouss, Justin prend ici une tout autre direction, nettement plus spirituelle. Au-delà de quelques motifs, ce sont presque des nouvelles compositions qui donnent à s’entendre, où seules des écoutes de l’original et la version dub permettent de constater les ponts.
Ainsi, Justin – puisqu’il est bien le maître d’œuvre ici – manipule, transforme, rend « autre » la glaise de
A World Lit Only By Fire, accentue ici les ponts avec Killing Joke (« Life Given Life Taken » et son traitement vocal faisant furieusement penser à Jaz Coleman), libère les ambiances post-apocalyptiques dans les hauteurs de
Post Self (« Towers », final renvoyant aussi bien à Jesu qu’à
Messiah), donne toujours à montrer l’impitoyable au détour de rythmiques moites et entêtantes (le final de « Dead Ending ») mais prend de la distance, cherche le mystique dans le terrible.
Comme contempler un Wasteland de nuit, les raids au loin, la violence partout, avec la peur qui pourtant quitte le ventre pour se laisser porter par l’instant. Il y a un sentiment de sublimation dans ces versions,
A World Lit Only By Dub faisant étrangement du bien, que ce soit par ses boucles hypnotiques trouvant toujours une accroche rythmique, ses envolées entêtantes frôlant le post-metal (« Our Fathers In Heaven ») ou son délitement final montrant que l’ensemble a été pensé de bout en bout.
Il y a bien quelques longueurs, notamment au sein d’un démarrage moins prenant que ce qui le suit. Mais qu’on ne s’y trompe pas :
A World Lit Only By Dub est sans doute le meilleur exercice de style que nous a offert Godflesh depuis
Messiah.
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