INGURGITATING OBLIVION… Le meilleur groupe qui soit sur lequel je n’ai jamais rien eu d’un tant soit peu intéressant à dire. Je ne vais pas faire celui qui les suit depuis les débuts, «
Voyage Towards Abhorrence » (2005), ma rencontre remonte plutôt à 2017 avec le merveilleux «
Vision Wallows in Symphonies of Light » mais j’ai depuis rattrapé mon retard et je pense pouvoir dire que je compte parmi les bons amateurs de la paire
Norbert Müller /
Florian Engelke, d’autant qu’elle s’offre les services de
Lille Gruber (
DEFEATED SANITY) pour assurer la batterie. Tu te doutes que quand ce genre de musicien daigne jouer ne serait-ce qu’un coup de cymbale sur ton disque, c’est que tu pèses lourd. Et les Allemands pèsent très lourd en matière de
death metal technique, avant-gardiste, expérimental et progressif, colle tous les adjectifs que tu veux pour affirmer que ce n’est pas bêtement binaire.
Pas bêtement binaire, certes, mais surtout de moins en moins compréhensible pour mon cerveau. Sept ans séparent «
Ontology of Nought » de la précédente fournée mais, à l’écoute, j’ai l’impression que c’est un siècle. Déjà, cinq titres allant de dix à dix-huit minutes, cela met la puce à l’oreille mais l’habitué du duo ne tiquera pas, ce mode de composition était le même en 2017. Cependant, à présent, les choses vont bien plus loin, notamment en termes d’usage de musiques expérimentales foncièrement non métalliques. Ce n’est pas que cela me rebute, loin de là, c’est juste que je n'y comprends parfois absolument plus rien. Rien du tout,
nada,
niente,
nothing ! Certes, les moments
death, voire
black death du fait des timbres vocaux, permettent de se raccrocher rapidement à quelque chose d’à peu près connu mais l’auditeur sera très vite submergé par de la musique concrète, du
jazz, du
progressif, de l’
arty et, là, dans ces instants, je ne pige plus un broc de ce qui se passe. Le vide. Je suis conscient que les structures sont chiadées au possible, que les formations évoluant à de tels niveaux d’écriture outrancière se comptent sur les doigts de la main gauche de Django Reinhardt mais je m’avoue largué, mes oreilles m’envoient des signaux d’incompréhension, mon cerveau pompe à vide, il essaie de raccrocher ce con, de trouver des mousquetons sur la paroi abrupte qu’est «
Ontology of Nought » mais le disque lui dit de bien aller se faire foutre, qu’il dégringole dans les plus viles ordures s’il est trop stupide pour piger le génie de cette écriture absconse.
Pourtant, Dieu sait que je l’ai attendu ce disque. Est-ce de ma faute si j’y entends que dalle ? Oui, probablement. Je me suis bien trop abruti avec des boissons frelatées, du tout-venant à qui je prêtais des vertus dévoyées alors qu’en toute discrétion,
INGURGITATING OBLIVION composait la musique ultime, un truc qui aurait finalement bien plus sa place dans des salles de musiques savantes que les troquets que nous fréquentons habituellement… Par exemple, savourer les Allemands au
Klub (Paris) reviendrait à apercevoir Claudia Schiffer siffler une Suze au zinc du PMU en bas de chez toi, en termes de probabilité c’est plausible, en termes de réalité pure cela n’arrivera jamais. Et je ne parle même pas de te l’embourber sur un coin de table tout en grattant un Maxi Astro… Je n’y pige pas grand-chose à ce disque, ça me rend triste, terriblement triste, ça me donne envie de chialer même de passer autant à côté.
De plus, je lui trouve une production hyper hermétique, le sentiment auditif de rester systématiquement sur le pas de la porte, de ne pas être convié à la fête, le type qui n’a pas la tenue adéquate pour entrer festoyer avec les autres convives. Les mecs m’aguichent de l’extérieur avec des plans
brutal tech death mais dès que j’essaie de m’en approcher je me vois rejeter par un passage incompréhensible, un machin fumé avec du piano, du vibraphone, si bien que dès lors que ça repart en mode brutal, bah je me sens bête, un peu étranger à ce que j’écoute…
Putain mais il est bien oui ou non ce disque ? Je ne sais pas, c’est trop de pression, trop de responsabilité, c’est comme bouffer du caviar pour la première fois : tu ne sais pas si tu aimes mais tu ne peux ouvertement pas dire que ça a le goût du tarama que vend ton épicerie du coin, alors tu es là à faire des mignardises, des sourires en coin, des hochements de tête convenus avec des regards assertifs mais au fond tu n’as strictement pas suivi ce qu’il s’est réellement passé. Pas une once d’explication, pas un soupçon de clairvoyance,
INGURGITATING OBLIVION a été trop loin pour moi, pour mon petit esprit de merde molle, tout est trop dense, trop chiadé, trop dingue (que dire de « The Barren Earth Oozes Blood, and Shakes and Moans, to Drink Her Children's Gore » ?).
En tant que chroniqueur, ce disque est une frustration immense tant je me sens limité pour le décrire, manquant de mots, de connaissances, pour précisément rendre compte de ce qui s’y passe. En revanche, en tant qu’auditeur lambda, je prends une leçon, confronté à une réécriture totale de ce qui faisait le
death metal jusqu’alors : même lorsqu’il était poussé dans ses ultimes retranchements cela ne ressemblait pour autant pas à cette sortie unique, la rareté de la formation la rendant d’autant plus indispensable à la scène extrême. Zéro, dix, quelle importance, «
Ontology of Nought » se présente comme l’expression illimitée de deux musiciens géniaux à qui l’on pourrait reprocher tout et son contraire : faire preuve d’une pédanterie ahurissante tant la musique qu’ils composent s’évertuent à exclure le commun des mortels ou encore s’embarrasser encore du
death que la formation semble traîner comme un fil à la patte alors que ses ambitions sont désormais bien au-delà de ça. Moins un demi-point par mesquinerie vengeresse de ma pensée étriquée, ce sera 10 dans un ou deux ans, post digestion.
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