L’originalité et la nouveauté dans l’art sont des concepts séduisants et cependant ambivalents puisque la plupart du temps, en tout cas dans les sphères qui nous réunissent ici, nous les fuyons autant que faire se peut. Synonyme de changements et de trahisons, on les craint par peur qu’elles viennent travestir les codes immuables de ces musiques qui nous font vibrer. Paradoxalement, même si dans la grande majorité des cas nous nous satisfaisons au quotidien d’albums qui en sont totalement dénués, on sait se montrer enthousiastes lorsque celles-ci pointent le bout de leur nez et qu’elles sont amenées de manière intelligente sans fondamentalement altérer ce qui, par exemple, dans le Death Metal fait le Death Metal. Alors bien entendu, il y a bien quelques irréductibles bas du front pour qui la moindre petite touche personnelle et autre pointe d’originalité seront toujours considéré comme un affront aux Grands Anciens mais pour ceux-là il n’y a de toute façon rien à faire...
Si je vous raconte tout cela ce n’est pas histoire de griffonner une introduction et passer ensuite à autre chose comme si de rien n’était mais bien parce que ce point est dans le cas présent tout à fait pertinent. En effet, si jusque-là Vacuous n’a jamais particulièrement brillé par ses prises de risques et son envie d’émancipation face à des standards ayant façonné le genre il y a plus de trente ans, ce nouvel album va pourtant proposer une approche un petit peu différente témoignant du désir des Anglais de s’affirmer dans un genre que l’on sait pourtant extrêmement balisé. Certes, ce type de pari est toujours un petit peu risqué mais Vacuous en tant que groupe en sort aujourd’hui probablement grandit et plus mature.
Intitulé
In His Blood, ce deuxième album marque l’arrivée du groupe londonien dans les rangs du label américain Relapse Records. Un sacré pas en avant pour Vacuous qu’à titre personnel je n’ai absolument pas vu venir et que j’aurais probablement encore moins pu prédire. Une surprise de taille qui s’accompagne d’autres petites choses elles aussi inattendues à commencer par cette illustration qui, au choix, aurait très bien pu orner un album d’Unsane (cette scène macabre (sans être pourtant particulièrement graphique) baignant dans ce rouge sang) ou de Type O Negative (la disposition du titre et du nom du groupe à des côté opposés ainsi que ce lettrage pour le moins classique et très loin des standards du genre). Bref, que l’on soit capable de les voir ou non, les signes d’un certain renouveau sont bel et bien présents avant même de se lancer dans l’écoute de ce nouveau longue-durée.
Mais c’est évidement et surtout en musique que cette quête d’identité va réellement se manifester. Bien entendu, les Anglais ont fait les choses intelligemment en prenant le parti de ne pas complètement chambouler leur formule aussi je vous rassure, ces trente-et-une minutes sont bel et bien toujours placées sous le signe de ce Death Metal profond et caverneux qui jusque-là a fait le succès d’estime de la jeune formation. C’est donc par petites touches plus ou moins discrètes que Vacuous va travailler à son émancipation et notamment à travers deux titres (sur les huit que compte
In His Blood) assez révélateurs de cette envie d’autre chose. Il y a d’abord "Hunger", une composition partagée entre saillies Death Metal tout ce qu’il y a de plus classiques et passages beaucoup plus atmosphériques menés au son d’une guitare mélodique timide et lointaine sur laquelle le groupe va venir poser deux/trois monologues féminins assez diffus puis, un petit peu plus loin, quelques nappes synthétiques pour une atmosphère un brin futuriste. Mais c’est surtout avec "Contraband" que Vacuous va sortir de sa zone de confort (et nous y embarquer avec lui). Ce titre hypnotique de trois minutes tout en basse saturée et aux guitares plutôt en retrait renvoie en effet à des sonorités Post-Punk / Grunge / Noise surprenantes et pour le moins inattendues qui font glisser l’album durant ce laps de temps dans un registre finalement bien différent.
Cependant, comme je l’évoquais déjà plus haut, Vacuous a su rester fidèle à ce Death Metal sombre et épais grâce auquel celui-ci s’est rapidement fait un nom. Une formule sans surprise aucune mais d’une efficacité qui aujourd’hui et depuis déjà belle lurette n’est plus à démontrer. De "In His Blood" à "Stress Positions" en passant par "Flesh Parade", "Public Humiliation", "Immersion" et "No Longer Human", les Anglais vont dérouler tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une sortie de ce genre. En effet, vont ainsi se succéder tout un tas de riffs sombres et fuligineux pas nécessairement bien compliqués mais chargés d’une atmosphère suffocante, coups de boutoirs musclés sans être pour autant abrutissants et à l’inverse passages évidemment plus pesants afin d’apporter ce qu’il faut de contrastes et de nuances tout en chargeant le tout d’une atmosphère épaisse et viciée. Une formule effectivement convenue mais toujours aussi redoutable, surtout lorsque celle-ci est servie par une production aussi impeccable (du grain des guitares au naturel de cette batterie en passant par cette basse saturée et cette lisibilité globale, c’est en effet un sans faute). Enfin, saluons également la chouette prestation de monsieur Joseph Chen derrière le microphone dont on appréciera la versatilité de ce growl tantôt extrêmement profond, tantôt beaucoup plus arraché, tantôt douloureux et presque possédé. Un exercice difficile mais que le bonhomme maitrise particulièrement et qui, un petit peu à la manière d’Eli Wendler chez Black Curse apporte beaucoup à la musique de Vacuous.
Après un
Dreams Of Dysphoria convaincant mais somme toute assez classique, Vacuous a choisi d’amener son Death Metal sur d’autres terrains quitte, peut-être, à ne pas faire l’unanimité. À titre personnel, la seule chose que je pourrais reprocher à ce nouvel album est un certain manque d’envergure lié à une durée tout à fait acceptable (un petit peu moins de trente-deux minutes au compteur) mais qui tend à nous laisser un petit peu sur notre faim. On aurait effectivement aimé que le groupe londonien fasse preuve d’un petit peu plus de générosité et qu’il s’affirme ainsi encore davantage dans cette quête d’émancipation. Cependant,
In His Blood est un très bon début en ce sens car celui-ci laisse entrevoir des choses très intéressantes sans pour autant nier ce qui a fait jusque-là le charme de Vacuous. Il y a fort à parier que certains amateurs de la première heure choisiront de ne plus adhérer au propos des Anglais avec ce deuxième album mais pour ma part je suis curieux de voir où cela va mener les Londoniens par la suite.
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